«L’eau c’est la vie», dit-on. Un dicton qui a perdu son sens dans la ville de Bukavu en province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo. Il se pose un sérieux problème d’approvisionnement en eau potable dans différents milieux de la ville. Constat fait par JamboRDC ce mercredi 14 octobre 2020. Une situation qui ne passe pas sans conséquences sanitaires et sécuritaires sur les habitants obligés de se lever très tôt pour aller chercher de l’eau au lac ou à des kilomètres.
Dans la commune de Kadutu, par manque d’eau potable, les enfants et jeunes filles qui sont les plus utilisés sont obligés de parcourir des longs trajets à la quête de l’eau. Ils s’approvisionnent aux sources d’eau avec beaucoup de difficultés. C’est notamment les sources d’eau de Funu dans le quartier Cimpunda, de Nyakaliba sur avenue kahuzi et celle de Kadurhu au quartier Kasali.
Une jeune fille qui s’est confiée à JamboRDC, se plaint de la qualité de l’eau qu’elle puise. Elle indique que cette eau serait à la base de plusieurs maladies dans sa famille parmi lesquelles la diarrhée.
« Je suis ici depuis 5 heures du matin mais je n’ai pas encore puisé. (…) Parfois cette eau nous cause de la diarrhée, maux de ventre et d’autres maladies, mais nous n’avons pas d’autre choix », a expliqué Mademoiselle Sifa, rencontrée à la source d’eau de Funu ce vendredi 16 octobre 2020.
Même cas dans la commune d’Ibanda où l’on enregistre plusieurs maladies de suite du manque de l’eau. A Nguba dans le quartier Nyalukemba, la desserte en eau constitue un problème. Les habitants utilisent de l’eau du Lac Kivu.
Situation similaire au quartier Panzi et à Irambo toujours dans la commune d’Ibanda, où des habitants creusent des puits dans leurs parcelles et utilisent de l’eau de ces puits communément appelée «Bizola». Une pratique qui impacte négativement sur la santé des habitants de ces quartiers.
Une habitante contactée à ce sujet, souligne que l’eau tirée de ces puits constitue une source des maladies hydriques, surtout chez les femmes et enfants.
« L’eau que nous puisons au borne ne nous rassure pas. Des fois nous avons des infections urinaires et vaginales. Ce n’est pas bon pour notre santé. l’État Congolais doit voir comment nous trouver une solution », se lamente une femme rencontrée à Irambo.
Certains experts en eau, hygiène et assainissement font savoir qu’une source d’eau potable doit remplir certains critères. C’est entre autres une distanciation avec les maisons d’habitation. Ce qui n’est pas le cas des sources d’eau à Bukavu.
Face à ces difficultés, certaines organisations qui œuvrent dans le secteur de la santé essayent de trouver des solutions à cette situation. Elles mettent en place des purifiants d’eau pour cette fin. Par ailleurs, l’accès à l’eau potable demeure un défi dans la ville de Bukavu.
Approché le Médecin Directeur du centre hospitalier Saint Vincent de Kadutu, Docteur De-Joseph Kakisingi confirme que l’eau insalubre cause plusieurs maladies. Opportunité pour lui d’appeler la population à être vigilante avant chaque consommation d’eau.
« La mauvaise qualité de l’eau que nous consommons est à la base de plusieurs maladies. C’est comme les infections chez les femmes, les maladies diarrhéiques, la fièvre typhoïde et les amibes, ect. Les habitants doivent bouillir l’eau avant la consommation pour éviter de consommer les microbes », indique-t-il.
Pour sa part, la régie de distribution d’eau (REGIDESO) indique que l’ancienneté de son usine et la surpopulation de la ville de Bukavu, sont les principales causes du manque d’eau potable. Elle affirme faire de son mieux pour améliorer l’approvisionnement en eau dans la ville de Bukavu.
« Aujourd’hui, la capacité de la REGIDESO n’arrive plus à desservir toute la population de Bukavu. De fois la rivière Murundu diminue son débit et les habitants de Kabare dévient de l’eau pour irrigation de leurs champs. Nous avons beaucoup de problèmes pour desservir l’eau potable mais nous faisons de notre mieux », a indiqué une source de la Direction provinciale de la REGIDESO Sud-Kivu qui a requis l’anonymat.
Pour rappel, dans l’objectif d’améliorer la qualité et la quantité d’eau dans la ville de Bukavu, l’ONG Mercy Corps à travers son programme IMAGINE avait lancé des travaux de réhabilitation de la station Murundu en juin 2020.
Elie Bigaba, JRI