A Kabare au Sud-Kivu, un programme d’alphabétisation des adultes mis en place pour encourager l’élection des femmes aux prochaines élections

Lors des élections passées en RDC, bon nombre des personnes analphabètes et des personnes âgées ont été désorienté dans leur choix. Cela, par des guides choisis pour leur permettre de retrouver soit le numéro des leurs candidat-es sur les bulletins de vote, soit lors de la manipulation de la machine à voter. Cette situation a affecté le vote des femmes dans le territoire de Kabare au Sud-Kivu.

Emmanuel Cirhuza, habitant de Kalehe a participé à toutes les élections précédentes en RDC. Il dit avoir observé des situations de désorientation des choix des électeurs analphabètes ou malvoyants par des guides commis à cet effet dans les centres de vote. Parmi ces guides il y a entre autres des témoins et observateurs électoraux.

ETJ, Ecole Technique des Journalistes pour la formation des journalistes

Selon lui, certains observateurs mal intentionnés changeaient le vote de l’électeur qu’ils accompagnaient juste après sa sortie du bureau de vote. « Ils appuyaient sur l’icône du candidat dans la machine à voter mais sans valider le choix. Ensuite, ils changeaient les informations une fois que l’électeur quittait le bureau et validaient un autre candidat que celui pour lequel la personne voulait voté ».

«J’ai observé à des situations des désorientations de haut niveau avec la machine à voter, alors que je sais lire et écrire. Je m’imagine quel est le sort d’un-e analphabète devant une telle situation? Le contrôle doit être stricte pour essayer de décourager certains observateurs qui profitent de l’analphabétisme des électeurs/électrices pour donner leurs voix aux faux candidat-es autres que le choix de la personne », suggère Emmanuel Cirhuza.

Les désorientations des électeurs/électrices ont été parmi les raisons des contestations des candidat-es après affichage des résultats par centre de vote. Dans des bureaux des votes, certaines candidat-es se plaignaient de n’avoir reçu aucun vote dans un centre où il y avait ses supposés électeurs/électrices voire même des familiers.

ETJ, Ecole Technique des Journalistes pour la formation des journalistes

Madame Zawadi Basilienne, ancienne candidate provinciale aux élections de 2018, affirme que la formation des femmes analphabètes est capitale pour maximiser l’élection des femmes aux prochaines élections. Des femmes analphabètes ont voté pour des personnes qu’elles ne soutenaient pas car désorientées pour seulement ne pas savoir lire ni écrire. Elle dit être pour une formation particulière aux femmes qui n’ont pas eu la chance d’étudier.

«Lors des élections de 2018, les femmes se contentaient d’avoir voté pour les candidatures féminines mais à la publication des résultats par centre de vote, certaines étaient déçues des résultats obtenus par les candidates qu’elles soutenaient. Cette déception était aussi notre comme candidate. La CENI doit accréditer aussi des témoins indépendants dignes pour aider les hommes et femmes analphabètes car malgré les efforts de ces associations qui organisent les formations en alphabétisation, tout le monde n’est pas bénéficiaire renseigne cette ancienne candidate”.

Le défi à relever.

Espérance Murhandikire, femme leader et responsable de la Plateforme des associations des femmes pour l’environnement à Kabare et kalehe, dénommée « écolo femme », pense que l’analphabétisme a plusieurs conséquences sur les prochaines élections en RDC. Selon elle, c’est parce que beaucoup des citoyens, surtout les femmes rurales, sont analphabètes.

« Parmi les défis à corriger avant les élections prochaines, l’alphabétisation reste l’un des défis majeurs sur toute l’étendue de la RDC. Avec l’incorporation de la nouvelle technologie (machine à voter) aux élections de 2018, certains témoins des politiciens qui étaient présents dans des salles de vote, désorientaient les électeurs qui ne savaient pas lire en leur dictant d’autres candidat-es », révèle Murhandikire.

Le contexte électoral prochain est caractérisé par un grand challenge. C’est celui d’accroître le taux des femmes dans les institutions issues des élections en RDC. La loi électorale l’encourage à son article 13. La formation des adultes et particulièrement des femmes à capacité alphabétique réduite est indispensable.

Une fois le cas, les votes pour les femmes ne seront pas désorientés.

Pour les élections prochaines sur 43.955.181 électeurs, le fichier électoral de la CENI audité et validé atteste que le nombre des femmes est supérieur à celui des hommes soit, 22.026.918 électrices contre 21.928.263 électeurs.

Avec ces données de la CENI, si les femmes votent pour les femmes, il y a lieu d’accroître la participation des femmes dans les instances des décisions issues des élections. Mais l’un des problèmes est qu’il y a des femmes et filles qui ne savent ni lire ni écrire. Dans les milieux ruraux, des femmes et filles ont été victimes de la coutume rétrograde surtout à Kabare et kalehe, les résultats après élections tournent en faveur des hommes car les analphabètes sont désorientés dans les urnes par ceux censés les orienter à élire les candidats-es.

Avec nos petits moyens, depuis le mois de septembre 2022, nous avons déjà formés 235 femmes, 17 hommes et 62 filles, ce qui prouvent que les femmes sont nombreuses et veulent apprendre malgré nos moyens limités», nous dit Zirimwabagabo Ruti Coordonnateur du cadre de concertation des chrétiens engagés pour le bien être communautaire CCEBC.

Nous organisons ces genres de formations pour préparer des personnes qui n’avaient étudié, à avoir au moins une notion de lecture et écriture. Cela, pour connaître au moins les noms et numéros des candidat-es de leur choix à différents niveaux lors des élections de décembre 2023.

« L’expérience vécu aux dernières élections dans notre pays, nous a amené à réfléchir autrement. Nous avons observé une désorientation des électeurs/électrices pendant les élections. Surtout pour les analphabètes juste parce qu’ils ne savaient ni lire, ni écrire. Ils ne se référaient qu’aux photos de leurs candidat-es. Les nouvelles élections qui pointent à l’horizon méritent notre attention particulière et c’est pourquoi cette fois-ci, nous avons organisé des formations en alphabétisation pour les adultes dont les femmes pour la majeure partie dans le but d’essayer de pallier au problème de désorientation de choix des électeurs », explique-t-il.

L’alphabétisation pour l’élection des femmes?

Sifa ciroha, 18 ans, l’une de participante à la formation en alphabétisation à la CCEBC, vote pour la première fois aux échéances de décembre prochain. « Je ne savais pas lire même un nom. Mais je suis déjà capable de lire un peu. Aux prochaines élections, je saurai identifier le numéro et le nom de la personne de mon choix sans être désorienté », fait-elle savoir.

Beaucoup de candidat-es et particulièrement des femmes ont échoué aux élections passées. Parmi les causes, certains des leurs électeurs/électrices ont été désorientés par des guides véreux pour les faciliter devant les bulletins de vote ou la machine à voter.

C’est pourquoi, Catherine M’chongo, potentielle candidate aux prochaines élections en RDC, pense que l’alphabétisation des adultes surtout des femmes est un avantage pour l’élection massive des femmes candidates en décembre 2023. Elle pense aussi que la grande majorité de femme n’a pas été au banc de l’école et cela pousse certaines personnes à en profiter pour désorienter les choix des analphabètes.

« Les femmes analphabètes se réfèrent surtout aux photos de leurs candidat-es pour voter. Mais, dans les bureaux de vote, quand une personne mal intentionnée constate que cette dernière ne sait pas lire, elle en profite pour désorienter son choix initial en faveur d’un autre candidat-e. Je suggère aux partenaires à différents niveaux d’appuyer les associations qui s’activent dans l’alphabétisation des adultes, surtout les femmes car la coutume rétrograde avait causé du mal en faisant que plusieurs femmes sont restées sans être scolarisées », signale-t-elle.

Malgré la détermination de former cette couche de la population, les associations qui se lancent dans des formations sont heurtées à plusieurs défis dont ceux logistiques. Cette situation les empêchent de former un grand nombre de personnes analphabètes, comme le souhaite plusieurs adultes du milieu.

Zirimwabagabo Ruti l’atteste ; « Nos efforts sont limités car nous n’avons pas de financement et aucun appui du gouvernement congolais, si d’autres associations s’impliquent dans l’alphabétisation des adultes, nous pouvons espérer que les prochaines élections seront crédibles et apaisées», renchérit notre source.

Un programme gouvernemental est indispensable.

Espérance Murhandikire pense que ; «Le gouvernement congolais devrait préparer tous les citoyens aux élections, surtout ces milliers des congolais qui n’ont pas étudié devraient bénéficier d’un programme d’alphabétisation avant la fin de chaque mandat accordés aux élus du pays. Un programme d’alphabétisation de 6 mois peut donner un avantage à tout le monde de voter sans cette fois, être désorienté », renchérit Espérance Murhandikire.

Nanzige Ihanja Xaverine femme leader et responsable de l’association des femmes Maman Tonde Tonde, à part le gouvernement elle interpelle aussi la conscience de tout citoyen. « Tous on doit avoir l’amour de notre pays surtout lorsqu’on est appelé à réaliser certaines responsabilités d’intérêt national. Quelqu’un qui aime son pays ne doit pas profiter de la faiblesse de ses compatriotes. Que ceux qui ont la tâche d’observateurs indépendants puissent chaque fois aider ceux qui ne savent pas lire ni écrire sans les désorienter dans leurs choix. Le gouvernement doit prendre des mesures sévères contre ceux qui s’adonnent à cette pratique dans les bureaux de vote », recommande-t-elle.

Pour sa part, le secrétaire exécutif de la CENI au Sud-Kivu, Gaudens Maheshe encourage le gouvernement congolais à appuyer les initiatives des associations qui se lancent dans l’alphabétisation des adultes pour un bon processus électoral.

Mais aussi, il pense que le gouvernement central peut adopter un programme, les années prochaines, avant les élections de 2028, cela pourra faciliter le bon déroulement du processus électoral sans fraude ou désorientation.

Pour Maître Crispin Bisusa, Avocat au tribunal de grande instance de Kavumu, il affirme que, même si pas de façon spécifique la loi du 09 mars 2006 telle que modifiée à ce jour portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines et municipales à son article 89 stipule que : est puni d’une servitude pénale de six mois à cinq ans et d’une amende de 100 000 à 500 000 francs congolais constants ; « Toute personne qui soustrait des bulletins ou pose des actes susceptibles de fausser les résultats du vote ».

La même loi renchérit en ces termes; est punie d’une servitude pénale principale de six mois à cinq ans et d’une amende de 100.000 à 500.000 francs congolais constants, toute personne qui: « Use à l’endroit d’un électeur des menaces, des violences, des injures ou des voies de fait en vue de le déterminer à s’abstenir de prendre part au vote ou d’influencer son choix ».

Munguashuza Kalimbiro Barack, JDH.

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