Vacances Scolaires : Je parcours des kilomètres pour vendre ces cannes à sucre à Bukavu (Espoir Bulangalire âgé de 10 ans)

Les élèves de l’école primaire et secondaire sont depuis presqu’une semaine en vacances scolaires.

Ayant clôturé officiellement l’année scolaire 2021-2022, ces derniers ont une période de repos estimée à près de 2 mois avant de reprendre les cours le 5 Septembre prochain pour le compte de l’année suivante.

Pendant ces temps, des enfants se livrent sans tarder à des activités génératrices des revenus à Bukavu et pour la plus part incompatibles à leurs âges. Le quiétude souhaitée des vacances est en réalité pour eux ainsi une inquiétude.

La rédaction de jambordc.info s’est entretenue ce mardi 12 juillet 2022 avec Espoir Bulangalire âgé de 10 ans rencontré à Nyawera en commune d’Ibanda pour comprendre le contour de l’activité qu’il mène.

Habitant de Kabare cet orphelin de père quitte son quartier généralement trop tôt le matin pour la zone de Bagira afin d’atteindre Bukavu autour de 7 heures locales. Une fois à la zone, il a l’option soit de prendre le taxi-bus et payer 500 Francs Congolais(FC) soit 0.25 dollars (USD) jusqu’à la place de l’indépendance et ainsi poursuivre la trajectoire. S’il ne détient pas ce montant, il lui reste ainsi le seul choix de faire le pied pour le trajet kabare-Nguba (son point de chute) à près de 6 km en écoulant progressivement sa marchandise en cours de chemin.

Pourquoi Espoir se livre à cette peine et qu’en gagne-il ?

Ce 6 ème enfant de sa famille sur 9 que compte cette dernière achète la canne à sucre entière à 500FC vers chez lui à Kabare. Il la coupe en des morceaux et trouve sa part.

“J’achète une longue canne à sucre à 500 FC chez moi. Je la coupe en près de 10 morceaux et je vend l’unité à 200 FC à Bukavu. Comprenez que le profit est de 1500FC. Si j’ai payé le bus donc je serai obligé d’acheter une mesure de farine de manioc à ma mère veuve et cultivatrice de son état pour les 1000FC restant. Sous-entendez donc que si j’ai acheté 3 cannes à sucre c’est ce bénéfice fois 3 étant donné que je me fais aider par mon grand frère plus souvent. Oui, c’est fatiguant de sillonner sous le soleil et parfois sans avoir mangé mais ce petit profit nous soulage tant soit-peu la soirée quand on regagne Kabare après la vente” Explique cet élève de 4 ème Primaire.

Au-delà d’épauler sa mère, Espoir Bulangalire ajoute que des bénéfices tirés de son activité en cette période des vacances, il achètera les uniformes et autres objets classiques pour la prochaine rentrée scolaire.
Ainsi, Il a intérêt à maximiser ses mouvements vers la ville qu’il effectue avec son frère de 12 ans chaque Mardi, Jeudi et samedi de la semaine.

De l’implication des adultes !

Plusieurs organisations de défense des droits des enfants condamnent avec fermeté cette exploitation économique des enfants pendant la période des vacances conçues pourtant pour le repos.

Le coordinateur de la Fondation Solidarité des Hommes (FSH) l’une de ces organisations contacté renseigne qu’il serait souhaitable que les âgés priorisent des activités de capacitation ou encore de divertissement des moins âgés.

Fernando Nkana ajoute que cela est très opportun en ce temps où les enfants risquent des déviations dues à l’osiveté au lieu des activités des ventes qui les exposent davantage.

Les exploiter explicitement ou implicitement dans des telles activités qui ne concordent pas à leurs postures est donc tout aussi une forme de crime.

Oui, un crime mais pour lequel nombreux semblent avoir encaissé la responsabilité.

Joyce KALUMUNA

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