Sud-Kivu: Face à la pauvreté, des enfants sont comptés en grand nombre dans des sites en casseurs des pierres(Témoignages)

Dans la province du Sud-Kivu les enfants continuent à faire l’objet d’une main d’oeuvre dans les sites et carrières des matériaux de construction (carrières des pierres, maillons et graviers).

Ces pratiques s’observent de manière significative en cette période des vacances où plusieurs enfants sont sensés aller travailler dans ces sites afin de mobiliser des moyens pouvant leur permettre à acheter les fournitures scolaires pour la rentrée scolaire en septembre prochain.

Dans les sites des pierres se trouvant à l’AMSAR sur le long de la route nationale numéro 2, plusieurs enfants venant des villages voisins sont soumis à ces travaux.

Certains d’entre eux rencontrés par un reporter de jambordc.info le 13 Août 2022 font savoir que les conditions de vie difficiles qu’ils traversent sont à la base de leur présence dans ces sites.

Rufin Kulimushi âgé de 13 ans renseigne qu’il a commencé à travailler entant que casseur des pierres depuis l’âge de 7 ans.

“Depuis mes 7 ans je suis ici et aujourd’hui j’ai 13 ans. Ma mère est vendeuse des bananes et mon père ne travaille pas. Ce qui m’avait poussé beaucoup plus à venir travailler ici c’est à cause de la vie que nous menions dans notre famille. Pour que mes parents payent mes études c’était tout un problème. Aujourd’hui, je travaille et je suis capable de me payer les études, acheter mes habits et des souliers. Ça c’est un métier qui m’aide à subvenir à mes besoins. Je suis payé à travers la quantité des graviers produits par jour mais pour chaque tunk rempli on me paye 3500 Francs Congolais (FC)”, Explique-t-il.

Quant à Roger Bishikwabo âgé de 12 ans indique que c’est la pauvreté de sa famille qui l’a poussé à commencer à casser des pierres.

“Moi j’ai 12 ans et j’avais commencé ce métier à l’âge de 7 ans pour nourrir ma famille par ce que mes parents sont pauvres ils n’arrivent pas à répondre à nos besoins familiaux. Dans ce travail nous traversons beaucoup de difficultés. Parfois on se blesse avec les marteaux jusqu’à être interné dans le centre de santé et les coûts de nos factures reviennent toujours à notre charge. J’aimerais avoir un autre travail pouvant m’aider à nourrir ma famille mais où le trouver donc? ” S’interroge ce natif de Kashuguru.

Espoir Mwaza 15 ans laisse de son côté entendre qu’il travaille dans cette carrière même pendant la période scolaire.

“Je suis âgé de 15 ans et je suis dans ce métier depuis mes 10 ans et depuis toujours j’y travaille en étudiant. Même pendant la période des études je suis obligé de quitter l’école à 13h et venir dans cette carrière pour chercher l’argent. J’aide mes parents à travers l’argent que je gagne. Dans cette période des vacances je suis entré de chercher comment acheter les fournitures scolaires. De 3500 FC que je perçois en fin de journée, je garde un peu de moyens pour assurer la rentrée scolaire “, renseigne ce jeune.

Malgré l’existence des instruments juridiques au Pays qui défendent les droits et la protection des enfants, certains responsables des ces sites continuent à autoriser ces tout-jeunes à travailler.

Me Patrick Bigomba au barreau du Sud-Kivu fait savoir que partant de la loi nº 0109/001 du 10 janvier 2022 portant protection sociale de l’enfant à son article 50 indique que l’enfant ne doit pas être employé avant l’âge de 16 ans révolus. Celui âgé de 15 ans ne peut être employé aux services même comme apprenti sauf moyennant la dérogation expresse du Juge pour enfant après avis psycho- médical d’un expert et de l’inspecteur du travail.

Plusieurs organisations œuvrant pour les droits des enfants demeurent préoccupées par cette question d’exploitation des enfants dans des carrières des pierres.

Fernando Nkana directeur exécutif de la Fondation Solidarité des Hommes (FSH) regrette de voir que les autorités provinciales ne s’impliquent pas activement pour mettre fin à l’exploitation des enfants dans les sites miniers au Sud-Kivu.

“Il se dégage que le secteur des pierres relève du ministère des mines et quand nous parlons des conventions relatives aux droits des enfants, nous considérons que c’est tout travail qui prive l’enfant de l’éducation, qui expose sa santé et peut même l’amener à la mort. Sur la route partant de la CNCC jusqu’à Kavumu nous avions dans le temps enregistré 34 carrières où on extrait des pierres et faire le concassé manuellement. Ces sites exposent les enfants qui y travaillent et il faut que les autorités s’impliquent pour une solution ” Explique-il.

De son côté le ministre provincial en charge des mines Koko Chirimwami, indique que son ministère n’autorise aucun cas d’exploitation des enfants dans les carrés miniers ou des pierres.

“Nous on autorise pas la présence des enfants et des femmes enceintes dans les carrés miniers moins encore dans les sites des matériaux de construction parce que la loi sur la protection des enfants interdit leur présence dans se secteur. Nous allons dépêcher une équipe sur terrain pour identifier ces sites où les enfants sont utilisés et nous allons fermer tous ces sites qui utilisent les enfants dans le concassé manuel.

Le patron des mines appelle les parents à ne pas laisser leurs enfants aller travailler dans les sites miniers et promet que toute personne qui sera attrapée entrain d’utiliser les enfants dans des carrières des pierres va répondre ces actes devant la justice.

Natasha Balegamire

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