En République démocratique du Congo, le ministère de l’Intérieur, dirigé par Jacquemin Shabani, a officiellement saisi la Cour constitutionnelle afin de demander la dissolution de quatre formations politiques d’envergure nationale. Il s’agit notamment du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), la Convention des Républicains Progressistes (CRP), l’Action pour la Dignité du Congo et de son Peuple (ADCP), et le Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP).
Les partis concernés par cette procédure ne sont pas marginaux. Le PPRD, formation historique de l’ancien président Joseph Kabila, a longtemps dominé la scène politique congolaise et conserve une influence significative à travers le pays.
La CRP est dirigée par Thomas Lubanga, ancien chef de guerre devenu homme politique après sa condamnation et sa libération par la Cour pénale internationale (CPI). Il avait récemment tenté de repositionner son parti dans le débat public.
L’ADCP, quant à elle, est dirigée par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui s’est maintenant engagée dans l’opposition active en créant un mouvement politico militaire, Alliance Fleuve Congo (AFC) après avoir critiqué les institutions en place.
Enfin, le MLP de Franck Diongo, connu pour ses prises de position radicales contre le régime actuel, figure également sur la liste.
Jusqu’à présent, les raisons précises de cette démarche n’ont pas été rendues publiques. Cependant, certains observateurs estiment que cette initiative pourrait être liée à la montée des tensions entre le pouvoir en place et plusieurs figures de l’opposition, y compris certains leaders de ces partis.
Le ministère de l’Intérieur n’a fourni aucun détail officiel sur les infractions ou manquements qui justifieraient la dissolution de ces formations.
La balle est désormais dans le camp de la Cour constitutionnelle, qui devra statuer sur la recevabilité et le fondement juridique de cette requête.
Pour rappel, le PPRD a été suspendu le 19 avril dernier par le même ministère, pour notamment «l’implication» présumée de son président national Joseph Kabila dans la rébellion de l’AFC-M23.
Le 6 mai dernier, le bureau politique du PPRD a affirmé que cette décision de suspension est «levée» conformément à l’article 29 de la loi sur les partis politiques. Le délai de 15 jours ayant expiré le 6 mai, le bureau politique de ce parti constate que rien n’a été fait pour prouver auprès d’un tribunal les accusations portées contre son président et le parti.
Juvénal MUTAKATO