Pluralisme des partis politiques en RDC : L’analyse d’un politologue touche Nyamugabo, Nzangi et Kabund

La République Démocratique du Congo (RDC) préparent ses élections pour la quatrième législature en 2023.

Selon les statistiques de 2018 de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le pays compte plus de 600 partis politiques dont la majorité appartiennent dans 77 regroupements politiques.

A quelques mois de préparation des législatives, certains leaders congolais commencent à se libérer de leurs formations politiques en créant leurs propres partis. Des partis qui viennent s’ajouter au nombre important recensé par la CENI.

C’est le cas du député national Claude Nyamugabo Bazibuhe qui, après plusieurs années cloué au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) avec plus de 7 ordonnances en son actif, s’est afin décidé d’évoluer sous le label du Front Pour un Congo Nouveau (FPCN) entant qu’autorité morale.

Le deuxième est Jean-Marc Kabund à Kabund, l’ex-premier vice-président à double reprise à l’assemblée nationale (sous Mabund et Mbosso) et l’un des piliers du parti présidentiel Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Après avoir été humilié par ses camarades du parti et déchu à son poste précieux à la chambre basse du parlement congolais, s’est décidé de voler de ses propres ailes en créant l’alliance pour le changement (A.Ch).

Le dernier cas de figure est celui de l’homme actif du Nord-Kivu, Muhindo Nzangi qui, par des jumelles politiques a vu l’avenir radieux dans la création de son propre parti et a décidé de le baptiser Action des volontaires pour la relève patriotique(AVRP).

Dans la recherche de la recette bien cuite sur cette situation, la rédaction de Jambordc.info s’est entretenue avec Élie Habibu politologue de formation et de carrière en province du Sud-Kivu.

Celui-ci analyse l’avènement des partis politiques en RDC depuis l’époque coloniale jusqu’à ces jours où leur pluralisme se fait ressentir.

De la création des premiers partis:

« Les premiers partis sont nés pendant l’époque coloniale, mais ces derniers étaient tribalo-ethniques, et révolutionnaires comme partout en Afrique pour réclamer l’indépendance. Après l’indépendance, des élections ont laissé un champ politique où nous avons connu les premières élections, et avec des promesses politiques alléchantes. Dans cet apprentissage politique, c’était le moment des partis multiples, certains de Lumumba , de Kasavubu et d’autres » Explique Élie Habibu.

Qu’en est-il de l’époque post- coloniale:

« Face à la crise politique de 1960-1965, avec les différentes cécessions, Katanga, Moïse Tshombé, et Kasaï, et la multitude des conflits armés sur l’ensemble de la République, des gouvernements successifs pour tenter de trouver une solution à la crise Congolaise, un renversement des institutions s’est produit en 1965 : le coup-d’Etat de Mobutu.
Mobutu passe de la première République à la deuxième, après la loi fondamentale, le projet de la constitution de louluabourg n’étant pas exécuté, il défini un nouveau modèle de gestion de l’État, il crée un parti unique, le MPR. Mais avant il a voulu que le Zaïre puisse avoir deux partis politiques seulement : le bipartisme » poursuit-il.

Du parti unique au pluralisme politique :

« Avec la chute du mur de Berlin et le discours de La Bolle, les Etats occidentaux et les institutions financières internationales, partent des conditionnalités économiques (PAS) aux conditionalités politiques (la démocratisation et le respect des droits de l’homme). C’est là que commence une transitologie, qui va aboutir à l’ouverture politique, mais anarchique et sans suite. Lors de la transition de 1990 au Zaïre, le pluralisme a été institué et cela avait créé des désordres sur le plan politique. C’est seulement lors de l’arrivée de Laurent Désiré Kabila que ce phénomène de pluralisme avait cessé bien que c’était pour une courte durée. Après sa mort, des guerres et conflits intermittents s’en sont suivis ,des dialogues aussi. Après le dialogue de Sun city et les accords de Pretoria, la logique du pluralisme des partis est revenu, tous les mouvements militaires, les entités et composantes sont devenus des partis politiques » a-t-il renchérit.

De la première législature à nos jours :

« En 2006 lors des premières élections on a vécu maintenant la naissance d’autres partis politiques pour compétir avec des anciens. La typologie des partis politiques en RDC est bien compliquée. Pour mettre fin à cette anarchie politique et partisane, il a fallu créer un système électoral capable de jouer ce rôle : le seuil. Malheureusement, il y a eu contournement du problème, avec la création des regroupements politiques et la multiplication des partis satellites. Maintenant, on est à plus de 600 Partis.
Au Sud-Kivu par exemple, les partis politiques sont défaillants , si on peut avoir plus de dix présidents des partis, donc ils ne remplissent pas leurs missions. Nous vivons une crise politique. La division politique idéologique n’existe plus.

La part de la population dans la bataille des géants :

« la population se trouve dans une difficulté, où elle ne sait pas se situer. L’adhésion à des partis n’est plus dictée par conviction mais plutôt par convenance. Des partis naissent pour des raisons électorales. Un membre peut être de l’UNC, il est également de l’UDPS, PPRD ou d’un autre, c’est de l’imbroglio politique. À un moment les gens vont se fatiguer des partis politiques je vous assure. Je peux vous dire aujourd’hui que les partis politiques ne remplissent pas leurs missions. En ce qui est de la création des partis politiques, sachez que c’est seulement de la transhumance politique, il quitte le PPRD aujourd’hui demain il crée son parti en gardant même le mandat du PPRD, il a un mandat de l’Udps mais il quitte pour un nouveau parti tout en gardant ce même mandat. Pourtant la logique serait que lorsque vous avez créé votre parti, vous devez renoncer directement de votre ancien mandat. C’est le cas de Jean-Marc Kabund, Claude Nyamugabo et Muhindo Nzangi, ils enlèvent les chapeaux mais gardent les mêmes têtes » a conclu Élie Habibu.

Patrick MAKIRO

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