Depuis près de deux ans, une instabilité est observée dans la fixation du prix du transport en commun entre Bagira et la place de l’indépendance. Ce qui ne passe pas sans conséquence sur la vie des habitants du milieu.
Il est 9 heures ce lundi 27 février 2017. Nous sommes à l’arrêt à Bagira où une foule impatiente attend l’arrivée d’un bus pour se rendre en ville.
Quelques minutes plus tard, c’est un mini bus de marque vannette qui surgit. « Bagira- Place ⌠de l’indépendance NDLR⌡ : 400 francs par personne», crie Rodrigue Watuta, convoyeur du mini bus.
Ici c’est le derby qui commence. Chacun veut être le premier à trouver une place à bord. Les moins combatifs restent et le bus démarre.
« Je suis ici depuis 7h. Ça fait deux heures que j’attends pour me rendre à l’université en ville et il est maintenant 9h. Je suis déjà en retard aux cours », se plaint, toute en colère, Noëlla Mbusa, étudiante, qui vient encore de rater le bus.
Le prix fixé pour la course ce matin n’arrange pas cette jeune femme qui s’attendait à payer moins.
« Je n’ai que 600FC pour payer le transport. 300 francs pour l’aller et 300 francs pour le retour. J’ai du mal à payer les 400FC qu’on exige pour la course. Avec ça, je risque de ne pas être en mesure de payer ma course de retour », ajoute-t-elle
Situé à 7 kilomètre du centre de la ville, Bagira est, en effet, l’une des trois communes que compte la ville de Bukavu.
Ici le prix de transport en commun n’est pas stable depuis plusieurs mois. Celui-ci varie d’un moment à un autre de la journée en fonction de la demande des passagers.
« Souvent c’est la loi de l’offre et de la demande qui s’impose. Quand les passagers sont très nombreux le prix est à 400FC mais quand ce sont les bus qui sont nombreux le prix baisse à 300FC voire 200FC. Et c’est la même situation qui se passe à la place de l’indépendance dans les après-midi», renseigne Bashige Birhashwira Kaka, vice-président ACCO axe urbain Bagira.
Fixer la course à 400 fc ou moins est légal
L’instabilité du prix de transport en commun entre Bagira et le centre-ville de Bukavu affecte des habitants du milieu. Surtout les moins nantis obligés de se rendre chaque jour en ville pour leurs activités de survie.
« Je touche 92.000 francs congolais. Avec mes 9 enfants, si je paye chaque jour 400 francs ou 500 francs, je pourrai rester avec combien sur ce maigre salaire ? Et le sort de ma famille sera lequel ? Ces perturbations du prix de transport m’énervent souvent», s’indigne David Seruti fonctionnaire de l’Etat.
Contactés, les chauffeurs des bus sur l’axe Bagira reconnaissent ces perturbations des prix de course. Ils estiment toutefois que plusieurs fois, le prix exigé par les chauffeurs est inférieur au prix normal fixé par les autorités.
« Si nous fixons le prix de transport à 400 francs, il n’y a aucun péché car c’est le prix qu’a fixé la mairie de Bukavu. Et si nous baissons le prix jusqu’à aller à 200FC ce sont nos arrangements. Et ceci se passe quand il y a carence des clients même si ça nous crée un manque à gagner sur le versement. Avant on versait au patron 33.000FC qui équivalait à 35$ mais aujourd’hui nous donnons 45.500FC pour la même valeur. Comment totaliser cette somme ?», s’interroge Emedi Chindahuka Samuel, chauffeur sur l’axe Bagira.
Selon l’article 3 de l’arrêté du maire de la ville de Bukavu, en vigueur depuis 2011, et qui fixe le prix du transport urbain, « le prix d’une course entre Bagira et la place de l’indépendance est fixé à 400 francs congolais ».
De son côté, l’Association des chauffeurs du Congo, ACCO, reconnait qu’il y a des chauffeurs qui violent arrêté en fixant le prix à 500 francs. « Mais ici, il suffit qu’un passager courageux prenne la numérotation du véhicule et la soumette à l’ACCO pour que ces chauffeurs soient sanctionnés », conclu Bashige Birhashwira Kaka.
Chiko Kavanga