Accord de paix RDC-Rwanda : Amnisty international déplore l’oubli de mécanismes judiciaires pour les victimes de l’Est

Au lendemain de la signature de l’accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda à Washington le 27 juin 2025, Amnisty international dénonce l’oubli de mécanismes judiciaires pour les victimes des violences dans l’Est du pays.

Dans un communiqué publié mardi 1er juillet et consulté par notre rédaction ce mercredi, cette ONG de défense des droits humains déplore qu’aucune disposition ne prévoit de justice pour les victimes des violences dans la partie orientale du pays.

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« En ne s’attaquant pas à l’impunité pour les crimes horribles commis dans l’Est de la RDC, cet accord a manqué l’occasion de s’attaquer de manière décisive à un moteur ancien du conflit, » a déploré Agnès Callamard, secrétaire générale de l’organisation.

Pour Amnesty, cette absence fragilise toute chance de paix durable.

« Lorsqu’aucune enquête ni sanction n’est menée contre les auteurs de violations des droits humains, cela alimente un cycle sans fin d’exactions, dont les civils font les frais. Cela doit cesser si l’on veut assurer une sécurité durable, » insiste l’organisation.

Depuis le 27 juin, Amnesty affirme avoir reçu des rapports crédibles faisant état de nouveaux combats entre les rebelles du M23 et les miliciens Wazalendo, appuyés par des factions de l’armée congolaise. Ces affrontements, survenus principalement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ont causé la mort de civils et de nombreuses violations des droits humains, note Amnisty international.

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Selon l’ONG, le M23 continue d’enlever de jeunes hommes, souvent emmenés vers des destinations inconnues. Ces pratiques renforcent un climat de peur et de terreur parmi les populations locales, déjà fortement éprouvées par plus de deux décennies de conflit.

Fait inquiétant

Le M23 n’est pas partie prenante de l’accord signé à Washington. Le mouvement rebelle, actuellement en négociation séparé avec le gouvernement congolais sous médiation du Qatar, a simplement déclaré avoir « pris note » du texte, tout en affirmant qu’il ne se sentait pas concerné.

Amnesty International appelle donc les autorités de Kinshasa et de Kigali à agir vite et avec responsabilité.

« La RDC et le Rwanda doivent aux populations de l’Est qui continuent de subir d’immenses souffrances aux mains du M23 et des Wazalendo d’user de leur influence sur ces groupes armés qu’ils soutiennent ou avec lesquels ils collaborent, » insiste l’ONG.

L’organisation exige également que la protection des civils et le respect du droit international humanitaire soient placés au cœur de toute démarche de paix.

Depuis plus de deux décennies, les habitants de l’Est du Congo vivent au rythme de la guerre et des accords de paix avortés.

La résurgence du M23 sur le territoire congolais en novembre 2021 a marqué une nouvelle escalade. Le groupe rebelle, soutenu par le Rwanda selon l’ONU et Human Rights Watch, a pris le contrôle de vastes zones, jusqu’à Goma (prise le 27 janvier 2025), puis Bukavu (le 16 février 2025).

Des cas d’exécutions sommaires, d’enlèvements et de détentions arbitraires ont été confirmés par les Nations Unies, et rejetés par les responsables de ce mouvement.

Rédaction

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