Les opposants congolais ont vivement critiqué, la main tendue du président Félix Tshisekedi à son homologue rwandais, Paul Kagame, ce jeudi 9 octobre à Bruxelles, lors de la deuxième édition du Global Gateway Forum organisée par l’Union européenne.
Vingt-quatre heures après de son discours appelant Paul Kagame à faire la paix, certains opposants estiment que cette démarche de Félix Tshisekedi reflète une « absence de vision claire et une incohérence politique».
Sur X, Olivier Kamitatu, proche de Moïse Katumbi, a qualifié les paroles du président Tshisekedi de « mots vides» et de « prières sans foi», soulignant que la paix véritable doit venir d’un dialogue inclusif entre congolais, comme proposé par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), plutôt que de paroles adressées à des puissances étrangères.
La coalition politique Lamuka quant à elle s’interroge sur la cohérence du président de la République, l’accusant de proposer la « paix des braves» à Paul Kagame, qualifié de « pyromane d’hier », tout en favorisant la confrontation avec les congolais.
Lamuka demande le retour urgent de Félix Tshisekedi au pays pour instaurer la « paix des braves» avec ses compatriotes.
Un autre opposant, qui critique ce discours, c’est Claudel André Lubaya. Dans son tweet, il dénonce la « véracité du président, la qualifiant d’« ambiguïtés diplomatiques» et de « retournements ridicules », en rappellant les déclarations antérieures belliqueuses de Tshisekedi à l’égard du Rwanda. De « la moindre escarmouche » à la main tendue la plus « inattendue », s’exclame Lubaya.
En réaction, la porte-parole du chef de l’État congolais, Tina Salama qualifie cette démarche de « recherche de paix»
Elle a souligné que cette initiative reflète l’attachement constant de la RDC à la diplomatie pacifique et au bon voisinage. Tina Salama a rappelé que depuis le début de son mandat, Félix Tshisekedi a toujours prôné une politique de paix avec tous ses voisins, notamment en invitant dès sa prise de fonction Paul Kagame à collaborer pour la stabilité régionale.
« Et donc aujourd’hui, devant les européens, devant des dirigeants mondiaux, on va dire que nous, en tant que pays, la RDC, nous avons toujours été engagés dans tous les efforts de paix, dans tous les processus, que ce soit Nairobi, Luanda, Doha, ou Washington,» a-t-elle déclaré.
Tina Salama a résumé la situation comme un choix « moral et politique clair » pour le Rwanda : poursuivre l’agression ou accepter la main tendue pour la paix.
Cette invitation a été faite en présence de dirigeants mondiaux et devant la communauté internationale, réunis à Bruxelles pour la deuxième édition de ce forum, un sommet organisé par l’Union européenne pour discuter de la coopération mondiale sur les infrastructures, le développement durable et la connectivité.
Main tendue rejetée par le Rwanda
Pour le gouvernement rwandais, à travers son ministre des affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, ce n’était ni le lieu, ni le moment de faire cette « charge contre le Rwanda ».
« Il ne s’agit pas d’une véritable main tendue, il s’agit plutôt d’un cinéma politique grotesque,» a déclaré ce ministre rwandais.
Juvénal MUTAKATO