Deux mois et quelques jours après sa prise par la coalition rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC-M23), la ville de Bukavu (Sud-Kivu) s’enfonce dans un chaos profond. Depuis le 14 février dernier, la ville vit au rythme de la peur, de la pénurie et de l’insécurité grandissante.
La situation a conduit à la paralysie du système financier : banques et institutions de micro finances sont toujours fermées, rendant l’accès à l’argent quasi impossible. Cette rareté des liquidités alimente une inflation galopante qui asphyxie le pouvoir d’achat des ménages. En parallèle, la population fait face à une pénurie dramatique de produits de première nécessité.
Pour tenter d’absorber la situation, le pouvoir en place a décidé au courant de la semaine, la réouverture de la Caisse générale d’épargne du Congo ( CDECO) pour relancer le circuit bancaire.
Croissance du bandisme urbaine
La nuit des groupes armés non identifiés sèment la terreur. Des cas de pillages, vols, exécutions sommaires, et représailles populaires sont devenus le quotidien des habitants. Ces actes alimentent une spirale de violence extrajudiciaire, ceci malgré les efforts des autorités locales et acteurs sociaux appelant à tous les détenteurs des effets militaires ( armes, tenues militaires) à les remettre aux services compétents.
Outre, dans les environs de la ville, les combats entre les troupes de l’AFC-M23 et les éléments Wazalendo isolent les villages. L’accès aux soins de santé est quasi nul, les structures sanitaires étant dépourvues de médicaments depuis le retrait des ONG. Le secteur éducatif, lui aussi, est sinistré. Les classes désertées et les frais de scolarité inaccessibles, témoignant l’effondrement du système.
Escalade de la violence
Tout ceci se justifie par l’escalade de la violence dans la zone, conduisant à l’occupation initiale de la ville par la rébellion sous l’appui présumé du Rwanda et ayant provoqué un exode massif de plusieurs familles ayant fui vers le Burundi et à l’intérieur de la province.
Malgré les appels au retrait des troupes rebelles, les affrontements se poursuivent sur plusieurs fronts dans les territoires de Walungu, Kalehe et Kabare, laissant présager une crise prolongée.
Bref, Bukavu autrefois bastion de résilience, se retrouve aujourd’hui à genoux, abandonnée à son sort dans un silence absurde.
Rédaction