A quatre mois des élections, certains esprits au sein de la société civile et de la classe politique appellent à une transition au motif, selon eux, d’organiser de bonnes élections. Dans la province du Sud-Kivu, des défenseurs des droits humains dont Jean Moreau Tubibu, animateur au groupe Jérémie ne partagent pas cette idée. Pour eux, nous sommes dans une transition depuis 2016 et le peuple a hâte de se choisir de nouveaux dirigeants le 23 décembre prochain, conformément au chronogramme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
« Penser déjà de la transition sans Kabila, c’est, ni plus ni moins, penser à ne pas respecter la constitution, à violer certaines dispositions de la constitution que Kabila avait juré de respecter et il a respectées. Je crois que ça serait également dans les esprits de certaines gens que nous appelons de Congolo-pessimistes qui ne pensent que du négatif et cela serait vraiment prêter de mauvaises intentions à celui que nous pensions l’obstacle », estime l’activiste Jean-Moreau Tubibu.
Alors que l’on s’approche peu à peu des élections, les défis dont la machine à voter restent à combattre pour offrir au peuple des élections crédibles.
« Il y a ce que la CENI apporte comme obstacle : la machine à voter. Cette machine n’est pas contenue dans la constitution, elle n’est pas consensuelle. Les acteurs politiques qui sont des partis prenantes aux élections devraient se mettre d’accord sur l’existence ou non de cette machine. (…) malheureusement, nous observions aujourd’hui l’imposition de cette machine aux électeurs par le président de la CENI. Ça fait grincer des dents et ce n’est pas un bon signe avant les élections », déplore-t-il.
Le défenseur des droits de l’homme évoque, par ailleurs, le cas des exilés et des prisonniers politiques qui nourrit les tensions dans les salons politiques de l’opposition.
« Il y a d’autres obstacles qui restent à combattre et c’est sous la lumière de l’accord de la Saint Sylvestre. Il y a des pièges puis qu’il y a une figure emblématique, ceux- là qui sont encore des prisonniers comme Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo mais aussi quelqu’un à l’extérieur du pays en la personne de Moise KATUMBI. Ce sont encore de choses à améliorer pour que l’on puisse arriver à ce que nous appelons aujourd’hui à atteindre des élections apaisées », insiste-t-il.
Toutefois, l’activiste n’est pas d’accord avec l’idée selon laquelle, la non-libération de ces figures constituerait un motif d’une transition.
« …mais, dire que si jamais ceux-là ne viennent pas ça signifie que l’on doit passer par une transition, non. Les congolais en ont marre, la population est lassée d’entendre ces genres d’atermoiements de la part de l’opposition alors que nous sommes dans la ligne droite vers les élections », rétorque-t-il.
TUBIBU estime qu’une transition sans Kabila ne viendrait pas résoudre le problème qui gangrène aujourd’hui le peuple congolais et soutient la seule voie électorale.
« Vous voyez qu’une transition sans Kabila veut dire encore prolonger sans Kabila. Ça veut dire qu’on irait jusqu’à se trouver un président de la transition qu’on doit encore élire et un gouvernement d’union nationale. Ce sont des dépenses inutiles. (…) la période que nous sommes entrain de traverser aujourd’hui, c’est une transition pourquoi les gens cherchent encore une double transition ? Qu’est-ce que cela changerait ?», s’interroge-t-il.
L’animateur du groupe Jérémie ne jure que par les élections du 23 décembre pour soulager le peuple « fatigué d’attendre ».
« … Nous ne partageons pas cette même idée. Le peuple est fatigué d’attendre. Je dis à la population que trop c’est trop, allons aux élections. La démocratie, c’est aussi passer par des élections, se choisir les dirigeants » Jean-Morreau Tubibu.
Ishara Masirika.