Sud-Kivu : Les femmes candidates potentielles se préparent pour affronter les élections qui pointent à l’horizon en RDC

Le processus électoral en République démocratique du Congo suit son cours normal. Après l’audition et la validation du fichier électoral par un groupe d’experts internationaux et nationaux, 43 955 181 électeurs et électrices sont attendus pour le vote lors des élections de décembre 2023. Selon un communiqué de la CENI du 24 mai de l’année en cours, le nombre des femmes est élevé à celui des hommes soit, 22 026 918 contre 21 928 263.

Cette révélation tombe dans un contexte où la loi électorale à son article 13 encourage l’alignement paritaire homme-femme sur des listes électorales pour être exempté du paiement de la caution électorale.

Durant le mois de juin selon le calendrier de la CENI, il y aura la convocation de l’électorat pour la députation nationale et en août pour la députation provinciale. Déjà à Bukavu au Sud-Kivu, des potentiels candidats (Hommes et Femmes) se préparent pour affronter ces élections et tenter d’obtenir des sièges tant au niveau national que provincial.

Les femmes comptent accroître une participation massive aux élections pour une meilleure représentativité aux instances décisionnelles à tous les niveaux. Cela, pour les femmes des toutes tendances politiques.

Avec son expérience des élections passées, Adeline Munyerenkana, femme leader dans un parti politique de la place proche du pouvoir, malgré son échec aux élections passées dans la ville de Bukavu elle ne désarme pas. Elle se dit prête à corriger quelques erreurs du passé et améliorer ses stratégies pour afin gagner un siège au niveau provincial profitant du contexte actuel qui encourage la participation des femmes et filles aux élections.

« Les élections passées de 2018 ont été pour moi une interpellation. J’avais fait face aux hommes qui ont eu à utiliser des stéréotypes pour étouffer et tromper les électeurs. Après mon échec comme candidate à la députation provinciale, j’ai eu le temps de réfléchir en examinant ma stratégie passée en premier et ensuite, j’ai changé de famille politique. Aujourd’hui je suis dans l’Alliance des Nationalistes pour un Congo émergent ANCE et j’espère que c’est l’une des solutions. Mes collègues de service (Hommes et Femmes) avec qui je travaille depuis près de 4 ans déjà, sont convaincus que je peux faire des exploits une fois dans la classe politique dans notre province du Sud Kivu ».

De son côté, Agnès Sadiki Nyabisoki, potentielle candidate dans la famille politique Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), les sensibilisations sur l’appropriation du processus électoral par les électeurs est parmi les activités qu’elle mène dans sa circonscription en cette période pré-électorale.

« Il est vrai que les hommes et les femmes se préparent aux élections de décembre 2023 et nous espérons que ça aura lieu malgré les contraintes évoquées par la CENI. Nous venons de terminer la première phase, celle de l’enrôlement des électeurs et les femmes se sont mobilisés pour rendre effectif ce processus. Moi-même j’ai été dans ma circonscription électorale où j’ai échangé avec des électeurs et électrices. En tant que femme candidate nous participons régulièrement à des émissions radiophoniques pour parler de notre vision et débattre sur les moyens de relever les défis liés à la participation effective des femmes au processus électoral en cours au pays et principalement, les femmes rurales comme celles de ma circonscription électorale. Je suis sûre et certaine que moi et d’autres députés qui seront élus, nous pourrions changer l’image de cette contrée », se confie Agnès Sadiki Nyabisoki.

Cette femme politique et ex ministre provincial du transport et voies des communications laissent entendre que les moyens financiers limités et l’inaccessibilité dans certains endroits figurent parmi les grands défis qui les attendent en tant que potentielles candidates.

« Aujourd’hui dans notre circonscription on est en train de nous dire que les hommes ont échoué il faut maintenant qu’on vous donne la chance de diriger, là on nous met à l’épreuve. Nous avons un grand défi qui nous attend, c’est celui lié à l’inaccessibilité à toutes les circonscriptions et les moyens limités. De toutes les façons, on va faire avec, » a-t-elle ajouté.

Malgré cette volonté manifestée et l’opportunité qu’offre la loi électorale, les femmes candidates potentielles doivent faire preuve de leurs capacités intellectuelles, morales et faire face aux stéréotypes que certaines sociétés et cultures imposent aux femmes qui veulent embrasser la carrière politique.

C’est ce qu’a laissé entendre la cheffe de Division provinciale du genre, famille et enfants Jacqueline Ngengele Ishilungu. Elle encourage les femmes à postuler massivement pour espérer à la représentativité féminine dans toutes les instances.

« Les candidatures féminines sont vivement encouragées, nous voulons voir la mobilisation des femmes à tous les niveaux. Nous félicitons d’ailleurs les femmes du Sud-Kivu potentielles candidates aux prochaines élections surtout pour leur détermination. Les femmes sont encore moins représentées aux instances de prise des décisions au pays et il faut poursuivre la lutte jusqu’à ce que les femmes aient une place conforme aux lois du pays », explique Ngengele.

Solange Lwashiga Furaha, Secrétaire exécutive du Caucus des Femmes et membre de l’organisation « Rien Sans Les Femmes », estime que pour arriver à une représentation massive des femmes et filles dans les prochaines élections, les potentielles candidates doivent bien préparer à tous les niveaux.

« Les expériences attestent que comme stratégies il y a d’abord le bon choix du parti politique. Les femmes potentielles candidates doivent d’abord choisir un parti politique qu’elles trouvent digne de la soutenir et l’accompagner pendant les processus afin d’avoir plusieurs voies lors du scrutin électoral. Tout ceci commence dès l’enrôlement, période pendant laquelle les électeurs partent se faire identifier pour avoir le droit de voter et d’être voté. C’est ainsi qu’elles doivent sensibiliser son entourage (ses familiers, ses connaissances et tous les membres de son parti politique) qui sont sa base électorale. Pour le moment, elles doivent affûter leurs armes en prélude des élections prochaines, » renchérit Lwashiga.

Les textes légaux de la République démocratique du Congo et principalement, la loi électorale encouragent les initiatives des femmes qui veulent se présenter comme candidates aux élections prochaines, a éclairci Me Emmanuel Magayane Munguakonkwa.

Pour lui, « La nouvelle loi électorale de juin 2022 favorise la femme pour postuler précisément à son article 13 qui dispose à son 3ème paragraphe que : la liste qui aligne 50% au minimum de femmes dans une circonscription est exemptée du paiement du cautionnement. Ceci prouve que le législateur congolais encourage les femmes à postuler pour renouveler la classe politique en RDC ».

Il est à rappeler que sur un total de 44 députés élus à l’assemblée provinciale du Sud-Kivu, seules 3 femmes occupent les sièges. Il s’agit notamment de Kindja Mwendanga Béatrice, Shenila Mwanza et la questeur Blandine Kalafula élue du territoire de Mwenga dans le Sud-Kivu profond.

Angèle Kalulu, JDH

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