Le chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi a décrété l’état siège au Nord Kivu et en Ituri, deux provinces instables sur le plan sécuritaire et victime de plusieurs atrocités. Cette mesure entre en application dès la 06 mai 2021 tel qu’a annoncé le président de la République dans son discours à la nation ce 03 mai 2021.
Erick Banyanga, chercheur en sécurité humanitaire a dans une interview à jambordc.info, salue cette décision qui vise le retour de la paix dans la partie Est de la RDC. Selon lui, cet état de siège devrait être prolongé dans la province du Sud-Kivu car c’est une région en proie aux groupes armes et à une insécurité récurrente.

“Je tiens de prime d’abord à vous préciser qu’il n’y a aucune violation de la constitution lorsque le Président décrète un état de siège sur une partie de la République. Cela lui est reconnu par la constitution de la république en ses Articles 85, 144 et 145. Il est normal que certaines libertés soient restreintes mais la même constitution fixe des limites qu’on ne peut pas franchir’’, a dit Erick Banyanga.
Ce dernier pense qu’il ne fallait pas seulement proclamer l’état de siège pour mettre fin aux violences à l’Est de la RDC, mais il faut des opérations militaires sérieuses, simultanées et de grandes envergures qui n’épargneront aucun groupe armé présent au pays.
‘’Ma première inquiétude réside au niveau où le Président de la République a ciblé seulement deux Provinces de l’Est dont l’Ituri et le Nord-Kivu comme si le Sud-Kivu a déjà une paix acquise et pourtant c’est la seule province de l’Est qui a plus de 66 groupes armées actifs dont plus de soixante groupes armés nationaux et plus de trois groupes armés étrangers actifs . Je crains que cet état de siège n’ouvre un couloir aux groupes armés vers les provinces voisines qui ne seront pas concernées par les opérations militaires’’ Poursuit Erick Banyanga.
Il ajoute,
‘’ Le feu Président Mobutu n’avait jamais proclamé un état d’urgence ni de siège pour mettre fin aux rebellions au Congo. Il faut lire avec l’œil critique le livre de Benoit Verhaegen sur les Rebellions au Congo pour comprendre comment on a maté les rebellions au Congo-zaïre. Il est évident que les faits peuvent se ressembler mais ils ne sont pas répétitifs certes. Mais il faut savoir copier les méthodes qui ont réussi. La rébellion Simba a existé à l’Est mais comment a-t-elle pris fin ? Ce n’est pas avec l’état de siège à mon avis ni une caresse des rebelles ! C’était grâce aux opérations militaires. Enfin, il faut qu’on soit conséquents. C’est ne pas pour rien que le Chef de l’Etat est le Chef suprême des FARDC. Je doute que cela puisse produire un résultat qui mettra fin définitivement aux groupes armées dans le trigone de la violence dans les provinces du Sud-Kivu, Nord-kivu et Ituri ainsi qu’au mouvement terroriste des ADF à Beni’’, a-t-il martelé.
Il sied de noter que le chef de l’Etat Felix Tshisekedi a signé deux ordonnances portant sur l’état de siège dans les deux provinces de l’Est concernées, parmi les mesures y afférentes figurent la gestion de ces deux provinces par les généraux de l’armée et de la Police pour une durée de 30 jours et la suspension provisoirement des activités parlementaires.
La Rédaction
