Les évêques catholiques de la République démocratique du Congo se disent « horrifiés » par la condamnation à mort de l’ex-président Joseph Kabila, par la Haute cour militaire de Kinshasa. Dans une déclaration parvenue à notre rédaction ce mardi 7 octobre, les prélats rappellent que la Constitution congolaise consacre la sacralité de la vie humaine et que la peine capitale constitue une violation du droit à la vie, valeur fondamentale défendue par l’église catholique.
Dans cette déclaration lue par Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), les évêques rappellent leur mission prophétique, soulignant que la peine de mort ne saurait être une réponse aux crises que traverse le pays. Ils appellent au contraire à la défense de la vie, à la cohésion nationale et à la recherche d’une paix durable.
« Nous sommes horrifiés par le verdict de la Haute cour militaire de Kinshasa, à l’issue d’un procès expéditif engagé contre le président honoraire Joseph Kabila, le condamnant à la peine de mort,» a déclaré Mgr Nshole.
La déclaration de la CENCO rappelle que la République démocratique du Congo avait instauré depuis plusieurs années un moratoire sur l’application de la peine de mort. Ce moratoire devait, selon les évêques, conduire naturellement à l’abolition totale de cette mesure et non à sa reprise.
« La peine de mort blesse la dignité de la personne humaine créée à l’image de Dieu,» « Tu ne tueras point, » pour dénoncer toute forme de justice qui ôte la vie, même au nom de la loi.
Appel à l’organisation d’un dialogue inclusif
La CENCO plaide pour des solutions politiques et inclusives afin de préserver la paix et la cohésion nationale. Pour ce faire, les prélats catholiques appellent à l’organisation d’un dialogue inclusif pour affronter les causes profondes des crises sécuritaires et politiques que traverse le pays. Ils jugent ce processus indispensable pour restaurer l’unité nationale, la paix et l’intégrité territoriale de la RDC.
Tout en saluant les efforts des institutions et partenaires internationaux, la CENCO estime que ces initiatives resteront vaines sans un engagement sincère des acteurs politiques congolais dans une démarche de concertation et de respect des accords existants.
« Il est illusoire de croire qu’une paix juste peut être obtenue par la force des armes. Nous exhortons les dirigeants, l’opposition armée et non armée, la société civile et tout le peuple congolais à lutter contre les causes profondes des conflits et de la culture de la mort,» poursuit le document.
Il faut souligner que la condamnation à la peine de mort du président honoraire de la RDC intervient dans un contexte marqué par l’avancée de la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par l’armée rwandaise selon Kinshasa, à l’Est du pays. Les juges ont affirmé que Joseph Kabila aurait entretenu des liens directs avec ce mouvement rebelle qui contrôle depuis plus de 6 mois, deux grandes villes- Goma et Bukavu ainsi que plusieurs localités du Nord et Sud-Kivu.
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