Marcelin Chishambo, le puissant gouverneur du Sud-Kivu (éditorial)

Le gouverneur du Sud Kivu est sous le coup d’une motion de censure depuis une semaine. Samedi 17 juin, Marcelin Cishambo qui devait répondre à l’interpellation de l’assemblée provinciale pour soit le faire sauter de son fauteuil doré de gouverneur, soit lui laisser continuer son travail. Mais certains députés ne se sont pas présentés. Ils auraient été corrompus (du moins, c’est ce qui se dit dans la ville), le quorum n’a pas été atteint et la plénière a été renvoyée à ce mardi.

Mais pendant que les habitants s’attendaient à voir si l’assemblée provinciale avait le pouvoir d’aller jusqu’au bout de son initiative et sanctionner le gouverneur accusé de mauvaise gestion, le ministre national de l’intérieur s’est invité dans la fête. Il ne manquait plus que lui. Il va d’abord convoquer Cishambo, toutes affaires cessantes, pour se rendre à Kinshasa. “C’est pour le protéger de nouveau”, chicote-t-on à Bukavu lorsqu’on apprend la nouvelle.

Mais Ramazani Shadari ne se limitera pas à ce niveau. Il va aussi convoquer de toute urgence le président de l’assemblée provinciale et son vice-président.

Conséquence, la plénière prévue ce mardi 21 juin n’aura plus lieu. Elle a été renvoyée à une date ultérieure.

Dans la classe sociale au sein de société civile et pour certains députés initiateurs de la pétition, Venant Rugusha en tête de fil, c’est désormais l’inquiétude. Partira ou ne partira pas ? C’est la question sur les lèvres de tous.

Le puissant Cishambo

Marcellin Cishambo n’est pas à sa première motion de censure. Si les députés provinciaux ont facilement éjecté ses prédécesseurs Louis Léonce Muderwa ou Célestin Cibalonza, Cishambo lui semble avoir plus de biceps qu’on le croyait.

En 2015, une invitation des membres du bureau du parlement provincial par le ministre de l’intérieur a suffi pour étouffer une motion qui était sur le point de faire partir l’ « homme à la barbe blanche ». A la place du gouverneur, ce sont ses ministres qui ont été remaniés. L’assemblée, elle, a reçu un mot d’ordre de Kinshasa: collaborer avec le gouvernement provincial.

D’où vient la force de Cishambo? Il se pourrait que Marcelin soit l’un des bras droits du président Kabila “Voici mon homme” affichait-il même sur sa banderole de campagne électorale de 2011 montrant le raïs le montrant du doigt. Marcelin Cishambo a longtemps été son conseiller et passe d’ailleurs plus de temps à Kinshasa que parfois en province. Mais cela suffit-il?

Aujourd’hui encore, l’histoire va se répéter ?

En dix ans depuis à la tête de la province, Cishambo connait depuis une année l’un des pires moments de sa gouvernance. Des routes en délabrement total, le développement complètement freiné,  les écoles et hôpitaux en difficultés, les salaires des agents non payés. Au point que son propre cabinet est actuellement affecté avec des agents et ministères qui encaissent des arriérés de plusieurs mois.

Ce qui est évident, le retour en victorieux de Cishambo risque cette fois ci de remettre en doute le pouvoir de contrôle des députés sur les gouverneurs.

Une forte frustration pourra aussi se créée au niveau de la société civile du Sud Kivu qui s’est déjà prononcé en faveur de l’éjection du gouverneur.

Mais en politique, au Congo, ce que pense la société civile importe peu. Il faut sauver le régime non ? Alors c’est qui le boss ? L’assemblée ou le gouverneur? Ça on le verra bientôt.

Prince Murhula

 

 

2 commentaires sur « Marcelin Chishambo, le puissant gouverneur du Sud-Kivu (éditorial) »

  1. Les députés doivent montrer leur pouvoir, si non, seront tous considerés comme s’ils n’existent pas, ou soit sont tous corruptibles

  2. Marcelin CHISHAMBO N’est pas fort comme Nous Pouvons le croire mais, il a un soutien Fort, caus pour la quelle Nos Pauvres Députés N’en peuvent rien!

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