Est de la RDC: les ruptures de stock de médicaments mettent en péril la prise en charge des blessés de guerre

Les blessés de guerre continuent à affluer vers les structures sanitaires dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. Pendant ce temps, plusieurs structures sanitaires connaissent des ruptures de stocks de médicaments et la fuite du personnel de santé, rapporte le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans communiqué de presse rendu public ce mardi 7 octobre 2025 à Kinshasa.

Selon l’esprit du communiqué consulté par notre rédaction ce mercredi,
une évaluation menée en septembre 2025 par le CICR révèle que 85% des structures sanitaires dans ces deux provinces connaissent des ruptures de stocks de médicaments et près de 40% ont subi une fuite du personnel de santé. Ces détériorations sont là conséquence de la violence armée et du fait que beaucoup d’organisations humanitaires ont cessé leurs activités faute de financement, fait remarquer le CICR dans son communiqué.

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Il résulte que de nombreuses personnes blessées par armes, dont des enfants et des femmes, peinent à se faire soigner.

« Souvent lorsqu’un malade ou blessé parvient à se présenter dans un centre de santé malgré les difficultés d’accès, il ne trouve pas un personnel soignant qualifié à qui s’adresser. Et même s’il en trouve, dans la majorité des cas, il n’y aura pas de médicaments essentiels pour sa prise en charge,» regrette le docteur Hippolyte Ten, coordinateur santé adjoint du CICR.

L’organisation indique que le transfert des blessés aux structures de santé appropriés est rendu difficile par les combats et les difficultés à passer les lignes de front. Certains patients doivent parcourir de longues distances à pied, au péril de leur vie, avant de trouver des soins adaptés à leurs besoins. D’autres n’arrivent jamais à temps à l’hôpital à la suite de blessures complexes et graves, poursuit le document.

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Depuis le début de l’année, plus de 70% des structures de santé sur les 240 évaluées ont reçu des blessés par armes, soulignant que le droit international humanitaire (DIH): « les blessés et malades doivent pouvoir accéder aux soins dont ils ont besoin et le personnel et les infrastructures médicales doivent être respectés et protégés.

Rupture de stocks persistantes

Le CICR rappelle que beaucoup d’organisations humanitaires impliquées dans le soutien aux structures de santé ont dû réduire ou même arrêter leurs activités faute de financement. Parallèlement, à cause de l’insécurité et des difficultés à travers les lignes de front, les centres médicaux peinent à se faire acheminer des médicaments lorsqu’ils sont disponibles.

Les ruptures concernent très souvent les médicaments essentiels et ceux censés être gratuits comme les vaccins, les antipaludiques mais aussi des anti retroviraux(ARV, pour le VIH), antituberculeux, kits post-viol, aliments thérapeutiques et les tests rapide pour le VIH.

« Nous avons des difficultés à accéder à Bukavu où nous achetons des médicaments. Et lorsqu’on réussit à les acheter, nous devons payer pour les transporter mais aussi pour les multiples frais au niveau des points de contrôle mis en place par différents porteurs d’armes sur la route,» se plaint un médecin directeur d’un centre hospitalier du Sud-Kivu, cité dans ce communiqué.

Par ailleurs poursuit le document, la persistance des déplacés internes de populations et le surplus de patients qu’elle génère augmente la pression sur les structures médicales qui demeurent fonctionnelles.

Selon l’étude menée par le CICR, 91% des aires de santé au Nord-Kivu et Sud-Kivu ont accueilli chacune plus de 5 000 déplacés internes depuis janvier 2025. La plupart de ces déplacés arrivent dépourvus de tout et peinent à se faire soigner.

Cette organisation humanitaire souligne qu’en matière d’accès aux biens essentiels à la survie de population civile, comme les médicaments, les parties au conflit ont un « rôle essentiel à jouer ». Chaque partie à un conflit a l’obligation première de satisfaire les besoins de la population, notamment celle se trouvant sous son contrôle. Les organisations humanitaires peuvent également jouer un rôle important, surtout lorsque les besoins de la population civile ne sont pas satisfaits.

Soutien indispensable

Par ailleurs, sur les 45 structures ayant été identifiées comme ayant subi une fuite du personnel lors de la dernière étude faite entre avril et mai 2025, seules quatre ont pu enregistrer un retour de personnel et cela, grâce à l’appui financier et en médicaments de deux acteurs humanitaires dont le CICR.

« Actuellement, plus de 80% des structures de santé dans les Kivu ne bénéficient d’aucun soutien de la part de partenaires humanitaires et ne fonctionnent que grâce à l’engagement remarquable de leur personnel et ceci de part et d’autre des lignes de front,» déclare François Moreillon, chef de délégation du CICR en RDC.

Face à cette situation alarmante, le CICR appelle à la recherche de solutions visant à garantir le fonctionnement des structures de santé, l’approvisionnement en intrants médicaux, le transfert sécurisé des patients et la protection du personnel ainsi que des infrastructures de santé. « Il y va de la suivie de milliers de personnes,» insiste le chef du CICR.

Juvénal MUTAKATO

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