Edito: Bukavu renoue avec ses inondations !

La grande saison des pluies a démarré en trombe cette année.

S’il ne fallait que l’eau pour que les jeunes plants de “sombe” ou manioc croissent et soient utiles à la communauté, les maraîchères peuvent dormir tranquille. Le ciel n’a pas été avare ces derniers jours.

Mais, en même temps que la végétation est servie, ce sont les hommes qui paient le prix fort de ce déluge récurrent.

Bukavu renoue ainsi avec sa triste réalité, les inondations, à quelques jours de la rentrée de classe et à 12 semaines des élections générales au pays.

La phobie des bukaviens et bukaviennes qui se retrouvent à chaque saison de pluie les pieds dans l’eau à l’image des batraciens, est légitime.

Mais la solution ne dépend pas des discours de campagne électorale invitant la population à se prendre en charge contre les inondations.

Ce genre de discours a montré ses limites face à la furie des eaux qui, faut-il le rappeler, sont sur leur terroir.

En effet, le tiers de la ville de Bukavu est fait de marécages.

Le cas par exemple des avenues Irambo et pesage 2 à Luziba dans le quartier Nyalukemba en commune d’Ibanda.

Et la population qui souffre le martyre de manière cyclique n’est pas donc étrangère au mal qui la frappe. Au contraire, elle est complice et ne peut s’en plaindre.

À force de s’installer un peu partout, notamment dans les zones impropres à l’habitation, la population fait barrage à l’eau qui, au lieu de s’écouler vers son lit, stagne et leur empoisonne l’existence.

Bukavu, la vitrine du Sud-Kivu, accueille en journée des milliers de personnes à la quête de leur gagne-pain.

La quasi-totalité des institutions publiques et leurs directions centrales s’y trouvent de même que les sièges des quelques rares grosses entreprises.

Quid du port et de l’aéroport qui drainent un monde fou ? Alors que dans le même temps, les huits territoires de la province du Sud-Kivu peuvent accueillir des populations urbaines si une bonne politique de désengorgement de Bukavu était amorcée.

Si Bukavu est décongestionnée, les populations n’auraient plus grand intérêt à s’y installer malgré les risques d’inondations qu’elles courent.

Les trois communes de Bukavu gagneraient en termes d’urbanisation et les eaux de ruissellement n’auraient aucune difficulté à rejoindre leur lit naturel après les pluies.

C’est la solution idéale pour tirer Bukavu hors de l’eau. Encore faudrait-il que les décideurs le veuillent.

Eugide Abalawi Ndabelnze

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