Transition sans Kabila : « Il faudrait que le peuple comprenne mon raisonnement », dixit Dr Dénis Mukwege

Dressant un bilan sombre de la situation actuelle en RDCongo, Dr Dénis Mukwege a évoqué l’éventualité d’une transition sans Kabila, lors d’une interview qu’il a accordée au journal belge Le Soir et décryptée dans les journaux kinois ce lundi 9 octobre 2017.

Se méfiant du pouvoir actuel qu’il appelle à se retirer pour qu’il y ait des élections transparentes et apaisées, le gynécologue croit en la mise en place d’une équipe neutre pouvant conduire le pays et « mettre en œuvre les principes qui permettront que désormais tous les partis politiques, après transition, puissent concourir à égalité des chances, défendre leur programme ».

Bien qu’il se déclare n’être candidat à rien, le médecin Directeur de Panzi précise, néanmoins, qu’il a une vision et  ne serait pas indifférent de l’appel de la « base » qui a le monopole de décider pour un changement du système.

« Ah…cette question…Je ne suis candidat à rien. Il faudrait que le peuple comprenne mon raisonnement : plus encore que la transition, que les élections elles-mêmes, ce qu’il faut réaliser, c’est le changement de mentalité, pour mettre l’homme au centre des préoccupations…Deux ans, ce sera juste le temps de jeter les bases pour aller vers un changement du système…C’est un rôle qu’on ne peut jouer que si le peuple le décide. Ce n’est pas moi qui dois solliciter, mais si la base me le demande, c’est qu’elle va me soutenir dans la vision qui est la mienne. Et alors je peux être sûr que cette construction va se mettre en place », a-t-il ajouté.

A en croire nos sources, depuis le 18 août à Paris, capitale de l’Hexagone, plusieurs organisations de la société civile et personnalités avaient signé un manifeste dénommé « Esili » exigeant une transition sans le président Kabila. Elles souhaitent une transition « citoyenne » dont les animateurs devraient être désignés à la suite d’une concertation nationale pour une mission principale d’organiser des élections crédibles, transparentes, ouvertes et libres. Elles disent s’appuyer notamment sur l’appel de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), du 23 juin 2017. Ces organisations ont reçu notamment le soutien de Sindika Dokolo qui aurait lancé récemment son mouvement citoyen.

Quoi qu’il en soit, l’initiative est saluée par le Rassemblement. Martin Fayulu Madidi, député national et cadre du Rassemblement, a loué les qualités de Denis Mukwege qu’il propose comme dirigeant d’une probable transition.

« La notoriété de Mukwege peut nous aider. Il a l’aura. Quand vous avez Messi dans votre équipe, vous ne le mettez pas sur le banc. Il peut nous aider notamment à avoir de l’argent pour les élections à l’international. J’ai été le premier à le proposer à la présidence pour une éventuelle transition », avait confié Martin Fayulu à Actualité.cd

Plusieurs sources rassurent qu’au pays comme à l’étranger, Mukwege sensibilise, mobilise et se positionne. Même à Kinshasa, où se recrutent ses plus fervents opposants, l’homme s’avance en participant aux activités de sensibilisation. Sa sortie médiatique fin août à la conférence sur l’engagement des intellectuels congolais dans la résolution de la crise congolaise était particulièrement remarquée.

Jean-Marie Mulume

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