Sud-Kivu : Les femmes vivant avec handicaps ne sont pas promues dans les instances des prises des décisions au sein des services publics

La représentation des femmes aux postes de prise de décisions en République démocratique du Congo reste un défi, pire encore pour les femmes vivant avec handicap. Dans la fonction publique tout comme dans le gouvernement, des femmes vivant avec handicap ne sont pas visibles à des postes de prise de décisions.

Au Sud-Kivu, aucune femme en situation de handicap n’est hissé au poste décisionnels dans l’administration publique ou dans le gouvernement malgré le plaidoyer des organisations féminines et des personnes avec handicap. Pourtant, la loi donne les mêmes chances aux hommes et aux femmes sans distinction physique.

Préjugés, un des freins à la représentation des femmes handicapées

Modestine Sifa Ocha, la vingtaine, est une femme ambitieuse qui avec handicap. Licenciée en Droit à l’Université officielle de Bukavu, elle travaille dans l’entreprenariat mais se bat aussi pour la défense des droits des personnes avec handicap.

«La plupart des femmes en mobilité réduite ne sont pas scolarisées, nous sommes moins nombreux, ceux qui ont eu la chance de passer au banc de la faculté. Cette situation pousse à ce que l’on soit à l’écart de la gestion”, reconnait Modestine.

Il y a aussi les préjugés de nos communautés qui pensent que la personne vivant avec handicap est une malédiction et que l’on ne doit pas être utile”, ajoute-t-elle.

Si elle fait partie des rares femmes à avoir brisé le frein de l’handicap en avançant dans leur scolarité, Modestine pense qu’il y a aussi lieu d’affronter le problème par une forte participation politique, «Si on avait aussi des députés qui nous représentent dans les assemblées, nos droits ne seraient pas bafoués », explique-t-elle, promettant d’être candidate aux prochaines élections législatives prévues en 2023 en République démocratique du Congo

Le combat de Modestine est aussi partagé par plusieurs activistes qui militent pour les droits des personnes vivant handicapées. C’est le cas de Théophile Shukuru Kyalondawa, président du Noyau des organisations des personnes handicapées (NOPH/Sud-Kivu).

«Nous pensons qu’il est temps que notre gouvernement pense aux personnes handicapées et spécialement les femmes. Parce qu’elles ont les mêmes droits que d’autres citoyens. Nous connaissons des dames sans handicap qui sont des DG dans différents services de l’Etat, mais combien de femmes avec handicap y sont? Aucune peut-être. Elles sont compétentes et méritent plus de considérations de nos dirigeants», déclare Théophile Shukuru.

 Appliquer la loi

Pour, Jacqueline Ngengele Ishilungu, cheffe de la division du genre, famille et enfants dans la province du Sud Kivu, aucune discrimination ne doit être tolérée vis à vis des personnes vivant avec handicap.

“La lutte doit continuer jusqu’à ce que les femmes en général soient représentées dans la fonction publique au même titre que les hommes. Il faut aussi la volonté du gouvernement de faire participer les femmes vivant avec handicap aux postes de prise des décisions comme d’autres femmes au pays”, indique-t-elle.

«La seule solution c’est de respecter les lois du pays, l’article 49 de la constitution est clair là-dessus », insiste pour sa part Modestine Ocha.

Selon cet article; «la personne du troisième âge et la personne avec handicap ont droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, intellectuels et moraux. L’État a le devoir de promouvoir la présence de la personne avec handicap au sein des institutions nationales, provinciales et locales ».*

Maître Deodatte Bisomerine, avocate au Barreau de Bukavu, pense qu’il est temps pour le gouvernement d’appliquer la loi pour plus de protection des personnes handicapées. Elle souhaite aussi que le gouvernement adopte des mesures pour renforcer les droits des personnes en situation de handicap.

« En 2015, la RD Congo a ratifié la Convention des Nations-unies relative aux droits des personnes handicapées. Il y aura bientôt une loi sur la protection et la sécurité des personnes vivant avec handicap et d’ailleurs cette loi propose un quota pour les personnes handicapées dans la gestion de la chose publique sans distinction aucune de sexe ».

Théophile Ombeni, JDH

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.