En République démocratique du Congo, les femmes et les jeunes filles vivant en milieux ruraux ne s’impliquent pas dans le processus électoral. Cela, par ignorance de leurs droits et au manque de sensibilisation électorale.
Certaines femmes et filles rurales rencontrées se sont exprimées en disant que la situation politique du pays ne les concerne en rien de même que la question électorale. Selon elles, elles n’ont pas un niveau élevé d’étude et sont seulement là pour prendre soin des leurs enfants et cultiver la terre pour la survie de leurs familles. Elles pensent que la politique est une affaire d’ hommes.
Zawadi Byamungu, vendeuse des légumes et habitant à Kamisimbi, limite son enrôlement qu’à avoir une carte d’identité mais pas pour penser à la politique.
« De ma part, suis partie me faire enrôlée seulement parce que tout le monde y est allé et pour avoir la carte d’électeur qui va me servir pour des déplacements. Pour nous qui vivons dans les villages, pour venir vendre nos légumes en ville de fois on nous exige de montrer la carte d’identité pour avoir le droit d’avoir une place où étaler nos marchandises.»
De même pour Wilondja Sifa qui nous a dit que ; « Dans ma famille restreinte, seuls les garçons ont le droit de faire des longues études et pas les filles c’est pourquoi, je trouve que le processus électoral ne me concerne en rien et moins encore la politique de notre pays », pense-t-elle.
Elle poursuit en disant qu’elle préfère rester à la maison et cultiver les champs que d’aller perdre son temps devant les bureaux électoraux pour voter des personnes qui ne savent pas qu’elle existe ou postuler lorsqu’elle n’a pas un niveau qui le permet.
Lorsque la sensibilisation porte des fruits
Par contre Madame Nsimire Buroko croit que la participation de la femme et la jeune fille rurale dans le processus électoral est possible. Pour elle, dans différentes rencontres des femmes organisées par des structures de la société civile pour sensibiliser les femmes ; on nous demande de ne pas baisser les bras parce que nous femmes nous avons le droit de voter et d’être voté.
« J’ai compris qu’il faut aller se faire enrôler pour avoir sa carte d’électeur pour avoir une identité comme citoyenne congolaise. Moi, insiste-t-elle ; je suis déterminée à m’impliquer dans le processus électoral malgré que suis une femme vivant en milieu rural ».
Madame Grace Maroyi coordonnatrice de l’organisation Mwanamke Kesho affirme pour sa part que son organisation a déjà commencé les séances de sensibilisation électorale des femmes et filles des milieux ruraux.
« Nous avons déjà commencé à sensibiliser les femmes et les jeunes filles rurales sur le processus électoral. On organise des séances hebdomadaires pendant lesquelles, on conscientise la femme et la fille rurale sur leurs droits et devoirs comme citoyennes. Durant ces séances, on leur montre le pouvoir qu’elles incarnent comme masse électorale une fois qu’elles prennent connaissance de ses capacités dans le programme « Binti simama » que nous exécutons. Nous espérons que, les autorités au niveau local et d’autres leaders communautaires vont aussi soutenir la femme et la jeune fille rurale parce que cette dernière a besoin de se sentir en confiance et d’avoir la confiance de sa communauté », explique-t-elle.
Femme rurale ou urbaine, aucune discrimination matérielle.
De son coté, Gaudens Maheshe Secrétaire exécutif provincial de la Commission électorale nationale indépendante CENI affirme que, la plus grande contribution pour l’implication de la femme et la jeune fille rurale est contenue dans la constitution et dans la loi électorale.
« Nous comme commission électorale nationale, nous faisons un effort pour mettre à niveau toutes les femmes et jeunes filles vivant en milieu rural. Nous avons organisé beaucoup de cadres des concertations où nous avons conscientisé les femmes et filles rurales sur l’application de l’article 13 de loi électorale », a-t-il déclaré.
Juridiquement parlant ; « La femme et la jeune fille rurale doivent s’implique dans le processus électoral parce que la constitution de la République Démocratique du Congo consacre la parité homme-femme spécialement à son article 14 et d’autres textes légaux internationaux et nationaux encouragent la participation de la femme dans le processus électoral », explique Maitre Roland Bigirinama.
« Parlant de la femme et la fille rurales nous pouvons dire que ces dernières ont été pendant longtemps discriminés ; mise à l’écart dans les processus électoraux passés et aussi ; dans la vie politique du pays seulement parce qu’elles ignorent leurs droit et devoirs », poursuit-il.
Défenseur des Droits de l’homme, Bigirinama rappelle les femmes et filles rurales à leur utilité dans la participation électorale.
« La femme et la fille rurales doivent aussi se sentir capable de diriger et exercer leurs capacités au même titre que celle vivant dans les milieux urbains. Elles ont un grand rôle dans la participation électorale pour se choisir des dirigeants de leur choix ».
Dans le même angle d’idée, Mme Madame Grâce Maroyi garde espoir que les plaidoyers menés et dont son organisation est aussi impliquée, aboutiront à un changement positif.
« Nous espérons qu’avec les plaidoyers que nous sommes en train de mener pour la participation de la femme et la jeune fille rurale dans le processus électoral, ne resterons pas une utopie mais, une réalité et cela aura un impact positif lors des prochaines élections », Rassure-t-elle.
Nous espérons qu’à travers cet article ; avoir contribué pour permettre une implication massive de femmes et filles rurales vivant dans diffèrent territoires de la province du sud Kivu au processus électoral en cours en République Démocratique du Congo.
Angèle Kalulu, JDH