Le Parquet dit ignorer l’invitation qui a circulé sur les réseaux sociaux. C’est, en principe, ce mercredi 9 septembre que Martin Fayulu Madidi et Théodore Ngoy, deux candidats à la présidentielle de décembre 2018, sont attendus au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe pour répondre à une convocation de la Justice. Emise le lundi dans la soirée et largement relayée par les réseaux sociaux, cette convocation, qui a suscité une avalanche de réactions à Kinshasa comme en province, a été tardivement remise en cause par des sources judiciaires. D’où, la controverse sur l’authenticité même de ce document.
Opposants au régime en place, Martin Fayulu et Théodore Ngoy sont indexés dans cette convocation attribuée au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe. De l’avis des observateurs, cette correspondance aux allures régulières est perçue comme une interpellation pour ces deux personnalités pour avoir évoqué, fin août, la possibilité d’accuser en justice le président Félix Tshisekedi pour des ordonnances présidentielles jugées inconstitutionnelles.
L’affaire remonte à la désignation, par le Président Félix Tshisekedi, de nouveaux juges à la Cour de cassation. Deux d’entre eux, Jean Ubundu et Noël Kilmba Ngozi avaient boudé ces nominations et la cérémonie de prestation de serment en juillet dernier. Défendue par quelques partisans du Front commun pour le Congo (FCC), leur cause a été soutenue par leur avocat, Théodore Ngoy qui va trouver, en août dernier, un allié de taille : Martin Fayulu.
FEED-BACK
Lorsqu’ensemble, ils haussent le ton en évoquant la possibilité pour les deux chambres du Parlement de mettre en accusation le chef de l’Etat pour haute trahison, ils provoquent le courroux de l’UDPS, le parti du Président Tshisekedi. En témoigne une plainte déposée contre ces opposants par une petite ONG locale, le Centre de réflexion juridique de la lutte contre l’impunité (CRJLI), qui accuse les deux personnalités d’incitation à la révolte envers l’autorité publique et d’offense au chef de l’État.
C’est sur ces entrefaites que la convocation de Martin Fayulu et de Théodore Ngoyi va se signaler. Mais, au regard du feed-back que cette nouvelle suscite, des voix s’élèvent pour décrier l’authenticité de cette convocation.
FAKE-NEWS
Abordées par nos confrères de 7sur7.cd, « des sources proches du Parquet de la Gombe nient, en effet, avoir délivré un tel document contre les deux précités. Une version confirmée par des sources sécuritaires qui ont, par ailleurs, déjà contacté Martin Fayulu pour lui dire qu’il ne fait l’objet d’aucune convocation ».
Les mêmes sources judiciaires soutiendraient même que les canaux de convocation des justiciables ne passent nullement par les réseaux sociaux. Que ce serait visiblement une fakenews, sortie des officines, qui tenterait d’attirer l’attention de l’opinion publique sur ces deux acteurs politiques. D’autant qu’à ce stade, seul le pasteur Théodore Ngoy affirme avoir réceptionné ces convocations, alors que Martin Fayulu confirme n’avoir rien reçu, souligne 7sur7.cd.
La mise au point du parquer relance le débat sur la fiabilité des réseaux sociaux, tout ce qui défile n’étant pas parole d’évangile. Mais dans le cadre du printemps judiciaire en cours, il y a une jurisprudence de nature à redonner quelques crédits à ces autoroutes d’information. C’est par ces réseaux sociaux que l’opinion a appris l’interpellation de Vital Kamerhe. C’est par la même voie que les Congolais ont appris l’interpellation de nombre de mandataires. Et donc fort de cette jurisprudence, la tentation était forte de créditer ces réseaux sociaux.
QUESTIONNEMENT
Au regard de ce document dont l’authenticité est aujourd’hui sujette à controverse, une pétarade de questions taraude aujourd’hui les esprits. On s’interroge, en effet : Est-ce un document authentique ? S’agit-il d’un faux que Fayulu et ses alliés brandiraient pour manipuler l’opinion ? Ou est-ce un coup monté, ou encore un ballon d’essai, destiné à démobiliser les gens ?
Au cas où cette convocation serait vraie, qu’est-ce qui expliquerait cette brusque volte-face à la veille du Jour-J ? Pourquoi ce rétropédalage au lendemain de violents soulèvements des partisans de Fayulu qui, hier encore, ont brûlé des pneus dans la capitale pour manifester leur colère et promis d’accompagner leur leader ce mercredi au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe ?
« PROVOCATION INACCEPTABLE »
Dans une note d’information diffusée dans la presse, Théodore Ngoy avait promis plutôt de se rendre au parquet demain jeudi. A cet effet, notent nos consœurs de RFI, il sollicitait déjà auprès des autorités « une escorte pour son déplacement et pour assurer la sécurité de sa propriété contre des militants pro-Tshisekedi, qui, n’acceptent en aucun cas la contradiction ».
Quant à l’entourage de Martin Fayulu, cette invitation est encore perçue comme « une provocation inacceptable ». « Seul le peuple décidera si le Président élu devrait se rendre au parquet ou non », a lâché le Secrétaire général de l’ECiDe, Devos Kitoko.
Les partisans de Fayulu s’étaient même rendus hier à l’hôtel Faden House pour témoigner leur soutien à celui qu’il considère comme »le soldat du peuple ». Obligé de sortir de son véhicule, Martin Fayulu a communié avec la foule des militants de l’ECIDé qui ont tenté de brûler des pneus aux alentours de l’hôtel, avant d’être dispersés par la police.
Au regard de la tension qui régnait hier dans la ville et dans certaines provinces à la veille de la date de »cette prétendue convocation », cette mise au point semble désamorcer la bombe, estiment nombre d’analystes. Un message qui concorde bien avec celle de la Police nationale qui tient à la pacification des esprits.
Avec Forum des as