Dénis MUKWEGE est sorti de son silence face aux cas d’insécurité et massacres enregistrés au pays et plus particulièrement dans les provinces sous état de siège à savoir Ituri et Nord-Kivu.
A en croire sa déclaration rendue publique le 10 mai 2022, le prix Nobel de la paix 2018 de la République démocratique du Congo (RDC) s’indigne de la détérioration de la situation sécuritaire et ses conséquences humanitaires dramatiques dans les Provinces en conflit sous le régime de l’état de siège. Pour lui, ces dernières sont extrêmement préoccupantes et ne peuvent plus durer.
Les derniers massacres de masse ayant fauché la vie à plusieurs dizaines de personnes respectivement à Mongwalu le dimanche 8 mai et au camp des déplacés de Lodda près de Fataki le lundi 9 mai 2022 dans le territoire de Djugu en Ituri sont la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de ce défenseur des droits humains.
MUKWEGE affirme que ces violations des droits de l’homme sont insoutenables et démontrent une fois de plus que la stratégie militaire soutenue par le gouvernement congolais depuis un an est incapable de protéger les civils et de prévenir la répétition des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
“En effet, c’est avec intérêt que nous avions suivi en septembre 2021 le rapport critique de la Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée Nationale sur l’état de siège et c’est avec effroi que nous avons pris connaissance des récentes données collectées par le Baromètre sécuritaire du Kivu qui a établi que plus de 2500 civils ont été tués dans les Provinces de l’Ituri et du Nord Kivu entre avril 2021 et avril 2022, ce qui équivaut à près du double des tueries documentées l’année précédente, avant la décision prise le 6 mai 2021 de décréter l’état de siège.”lit-on dans cette déclaration.
Le patron de la fondation Panzi à Bukavu ajoute que l’augmentation des violations des droits humains, le nombre croissant de victimes parmi la population civile, l’extension des zones d’instabilité et la recrudescence du dynamisme de certains groupes armés tels que le M23 depuis l’entrée en vigueur de l’état de siège censé renforcer la protection des civils, neutraliser les groupes armés et pacifier les provinces meurtries doivent impérativement amener les autorités congolaises à revoir en urgence la gouvernance sécuritaire et la diplomatie régionale.
Il exige donc que cet échec soit acté sans plus tarder vu que cette mesure exceptionnelle qui restreint les droits et les libertés fondamentales, déjà prorogée à maintes reprises par le Parlement, n’a pas vocation à durer dans le temps et à être encore prolongée alors que l’insécurité est grandissante dans les deux provinces concernées et que son impact sur la protection des civils est négatif.
Dénis MUKWEGE a également exprimé sa préoccupation sur le processus politique de consultations initié à Nairobi entre les autorités congolaises.
Pour ce l’un des spécialistes mondiaux du traitement des fistules, il s’agit de retenir les leçons apprises des erreurs du passé et de ne pas les répéter. Les autorités congolaises et la communauté internationale ne peuvent plus soutenir des stratégies de pompiers-pyromanes visant à entretenir un chaos organisé, des violations répétées de notre souveraineté ainsi que des atteintes quasi permanentes à l’intégrité territoriale de notre pays par les forces armées étrangères ou par des groupes armés soutenus par les Etats voisins, violations graves du droit international qu’aucune Nation indépendante ne peut tolérer.
Joyce KALUMUNA