Guerre à l’Est de la RDC : MSF alerte sur des niveaux alarmants de violences sexuelles

Près de 40.000 victimes et survivantes des violences sexuelles ont été prises en charge par les équipes de Médecins sans frontières (MSF) en 2024, dans la province du Nord-Kivu, rapporte cette organisation dans un communiqué de presse rendu public ce 11 juin 2025.

Dans ce communiqué consulté ce samedi 14 juin par notre rédaction, MSF indique que depuis des années, ses équipes alertent de manière répétée sur les niveaux alarmants de violences sexuelles dans l’Est de la République démocratique du Congo. Le nombre de victimes prises en charge par cette organisation a explosé ces trois dernières années, suite aux combats entre l’armée congolaise, le groupe armé rebelle M23/AFC et leurs alliés respectifs ont repris.

ETJ, Ecole Technique des Journalistes pour la formation des journalistes

« C’est particulièrement le cas au Nord-Kivu, où un nombre sans précédent de victimes et survivantes-près de 40.000- ont été prises en charge par MSF en 2024,» peut-on lire dans ce communiqué de presse.

A en croire François Calas, responsable des programmes MSF au Nord-Kivu, « le contexte dans cette région a changé, mais pas la problématique des violences sexuelles, dont les femmes sont majoritairement les premières victimes. Les violences sexuelles demeurent une urgence médicale qui exige une action immédiate ».

Le communiqué note que depuis janvier 2025, les équipes continuent d’enregistrer un nombre de consultations alarmant dans les structures soutenues par MSF au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

ETJ, Ecole Technique des Journalistes pour la formation des journalistes

« Alors que les camps de personnes déplacées qui accueillaient plus de 650.000 personnes à Goma ont été démantelés en février 2025 après la prise de la ville par le M23/AFC, les équipes MSF continuent de prendre en charge chaque jour des dizaines de victimes de violences sexuelles dans les structures sanitaires dans et autour de la ville. Entre janvier et avril 2025, près de 7.400 victimes et survivantes y ont été prises en charge par MSF. A une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la ville, dans la petite localité de Saké, plus de 2.400 victimes et survivantes ont été prises en charge sur cette même période, » poursuit MSF dans son communiqué.

Situation inquiétante également au Sud-Kivu

Dans les territoires de Kalehe et Uvira, les équipes MSF ont pris en charge près de 700 victimes et survivantes de violences sexuelles depuis le début de l’année 2025. La majorité des récits recueillis décrivent des actes commis sous la menace d’une arme.

« Nous avons souffert dans les champs où nous avons trouvé refuge, partage une habitante d’un village situé dans les collines autour de Kamanyola, au Sud-Kivu. Les hommes armés ne nous autorisaient pas à travers les villages. Certaines femmes ont même été violées lorsqu’elles tentaient d’accéder à une structure de santé,».

Luders Leriche explique que « les chiffres sont sous-estimés par rapport à la réalité, car nombreux sont les obstacles pour accéder aux soins : peur de représailles, stigmatisation, éloignement géographique et manque de capacité de prise en charge dans les structures,».

MSF indique que la majorité des agressions rapportées par les victimes en 2025 ont été commises sous la menace d’une arme, par des individus difficilement identifiables en raison de la multiplicité des porteurs d’armes, civils ou militaires, de la prolifération des armes et de l’insécurité persistante.

Face à cette situation d’autant plus préoccupante, MSF précise que l’accès à une prise en charge devient de plus en plus difficile. «Plusieurs structures de santé des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu n’ont déjà plus les médicaments et kits nécessaires pour soigner les survivantes de violences sexuelles,».

A cet effet, MSF appelle les parties prenantes à tout mettre en œuvre pour garantir davantage de protection pour les civils et leur permettre d’accéder aux soins.

Juvénal MUTAKATO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.