Excédée par l’insécurité dont elle est victime, la population de Bukavu et ses environs, n’hésite plus à recourir à la vindicte populaire en lynchant ou en brûlant vifs les présumés bandits appréhendés pendant les opérations de vol. Cette pratique a des conséquences sociologiques directes sur les membres des familles de victimes ainsi que sur toute la communauté, a fait savoir David Bwira, enseignant de sociologie à l’Université officiel de Bukavu (UOB), interrogé ce mardi 8 avril par notre rédaction.
Les bandits armés et autres voleurs arrêtés sont souvent sans la moindre justice lynchés ou brûlés vifs en public.
Le phénomène a pris de l’ampleur dans la ville de Bukavu et ses périphéries. Une telle justice populaire est le reflet de l’état actuel des entités concernées dépourvues d’une administration légalement établie, depuis l’occupation d’une majeure partie du Sud-Kivu par la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23).
Dans ces entités, aucun présumé voleur en majorité des jeunes, appréhendé n’échappe plus à la verdicte populaire.
Les conséquences sociologiques sont énormes dans la communauté explique l’assistante David Bwira, soulignant que malgré le manquement (faute), le respect à la vie humaine nécessite une éducation civique mais aussi une bonne moralité.
Le fait de tuer un voleur paraît alors comme quelque chose d’acceptable à Bukavu. Pourtant, ce sont des actes condamnables par la loi.
« La justice populaire a plus de conséquences que d’avantages. Elle crée un climat de méfiance entre ceux qui soutiennent la violence populaire et un camp qui prône l’application de la loi ou qui prône l’imanisme, (purement chrétien), c’est le respect de la dignité et le respect de la vie humaine. La deuxième conséquence est qu’il y a des tensions qui se créent et contribuent à une instabilité sociale, certaines étant victimes d’autres étant auteurs, il y a ce qu’on appelle violation des droits humains. Avec le principe du droit selon lequel il y a présomption d’innocence quelque soit le crime commis par quelqu’un, tout malfrat ou voleur, est présumé innocent avant que la justice n’etablisse sa culpabilité. La justice populaire est perçue comme une violation des droits de l’homme, » a indiqué le sociologue David Bwira.
Pour cet enseignant, l’absence des institutions qui rendent la justice contribue à grande échelle à cette pratique, d’où son appel aux autorités compétentes de prendre des mesures y relatives afin d’arrêter ce fait social.
Christine Mwinja (stagiaire)