La profanation des tombes et la spoliation des cimetières restent une réalité dans la ville de Bukavu. C’est le cas du cimetière de la Ruzizi où on observe des maisons construites sur des tombes ou à côté de ceux-ci. On assiste ainsi à une cohabitation parfaite entre morts et vivants.
Des occupants profanent les tombes en y érigeant leurs demeures, disant être en possession des titres légaux et des autorisations de bâtir. Cette situation est une triste réalité qui se vit actuellement dans les cimetières de la Ruzizi dans la commune d’Ibanda.
« Nous n’avons pris par force aucune des parcelles sur lesquelles nous avons construit. Toutes les maisons que vous voyez n’ont pas poussé comme des champignons, elles ont été construites en plein jour en plus au vu et su de tout le monde, les autorités y compris. Nous avons tous chacun un acte de vente que nous avons obtenu à l’issue de l’achat de la parcelle », explique Bisimwa Mufaume, un des occupant des cimetières.
Depuis plusieurs mois, des organisations de la société civile plaident pour que les maisons construites sur les sites des cimetières soient démolies et les occupants délocalisés.
Plusieurs de ces occupants s’indignent de cette demande de la société civile.
Des nouveaux habitants des cimetières de la Ruzizi accusent aussi certains agents de différents services de l’État entre autre du cadastre et des titres fonciers qui leur auraient vendu cette même terre dont on est en train de vouloir les ravir.
« Nous avons fui la guerre au village, nous avons laissé nos champs, nos bétails et voici nous sommes venus à Bukavu. Pour avoir cette parcelle j’ai beaucoup souffert, les maisons sont trop chères dans le centre-ville. Maintenant là où Dieu ouvre une porte pour pouvoir trouver enfin un toit où mettre nos femmes et nos enfants, nous apprenons qu’on va démolir. Mais ce n’est pas à dire que nous avons envahi frauduleusement cet espace. Nous avons par contre payé avec notre propre argent ici », s’indigne Mbilizi John, un des occupants des cimetières de Ruzizi.
Il est à noter que le Ministre provincial des travaux publics, patrimoines et affaires foncières Emmanuel Ndigaya Ngezi Lafantaisie a effectué une descente aux cimetières de la Ruzizi le mardi dernier. Il a, au cours dune interview accordée à la presse locale, insisté sur le respect et la sécurité des tombes en rappelant aux spoliateurs l’existence active de l’État tout en promettant l’implication du gouvernement provincial pour dénouer cette crise.
«Nous y avions trouvé beaucoup de maisons, on apprendra même que certaines tombes construites en matériaux servent de tables dans certains ménages. Ce que nous avons vu ici est inacceptable, il faut que l’État s’implique. Ça c’est la première descente, la deuxième nous allons l’effectuer avec le Maire de la ville, le Bourgmestre et le Chef de quartier pour en s’avoir plus. Que tous ceux qui ont construit dans les cimetières ne pensent pas que l’État n’existe pas et que ce que nous avons comme concours et mot d’ordre de l’Autorité provinciale, nous pensons que tout ira en avant », rassure le Ministre provincial des travaux publics, patrimoines affaires foncières du Sud Kivu.
Dénoncée à maintes reprises par les acteurs de la Société civile ainsi que des mouvements citoyens, cette situation semble prendre de l’ampleur et les tombes continuent à être profanées sur ce site. D’aucun pense qu’il serait impérieux que les autorités provinciales prennent des décisions importantes en vue d’apporter une solution durable à cette question et favoriser ainsi le respect aux morts.
Alpher Kalala