Bukavu : des maisons de tolérance exploitent sexuellement les filles mineures à Bukavu

Des filles mineures continuent d’être exploitées dans des maisons des tolérances dans certains coins de la ville de Bukavu. Cette situation date d’il y a plusieurs années ou on ne cesse remarquer dans la province du Sud-Kivu en général et spécialement dans la ville de Bukavu, une présence afflue des filles mineures dans les bars, boîtes de nuit et d’autres surexploitées sexuellement dans les maisons dites de tolérance. Certaines de ces filles justifient leurs présences dans ces endroits suite à l’abandon des parents d’exécuter leurs obligations. Malgré cela, en RDC une personne âgée de moins de 18 ans n’a pas de consentement à faire selon la constitution et le code de la famille.

«Je suis Mapé (nom d’emprunt), né dans une famille de sept enfants dont je suis la troisième », explique-t-elle.

« Jai 14 ans et je suis esclave du sexe il y a au moins deux ans. Mes deux parents vivent ici même à Bukavu. Ce qui ma tellement poussé de venir ici à lendroit où tu me trouves, ce sont mes parents parce qu’ils ne prennent pas en compte les études et nous laissent vadrouiller dans les quartiers alors que dautres partent à lécole », révèle-t-elle.

« Ça me faisait très mal et à un moment donné, il y avait un bistrot qui était ouvert sur notre avenue et j’y suis partie pour demander un travail pour laver les assiettes. Pendant ce temps, j’ai vu des filles de mon âge qui étaient tellement luxueuses et jai commencé à les fréquenter jusquà ce quelles aient commencé à mamener dans différents rendez-vous avec les hommes. Je me rappelle pour la première fois avoir rencontré un jeune garçon qui mavait proposé un rapport sexuel. J’avais accepté et c’est à ce moment-là que j’avais perdue ma virginité à lâge de douze ans. Jusquà ce jour, je n’ai même pas continué mes études. Malgré ce que je fais, je n’ai même pas encore mis au monde car après chaque rapport sexuel, je prends des pilules que le gérant nous donne pour n’est pas tombé enceinte », explique-t-elle.

Le cas de Mapé n’est pas isolé, Anny (nom d’emprunt) affirme aussi se retrouver dans une maison de tolérance suite au rejet par par sa Tante où elle vivait.

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« Je suis Anny et jai 16 ans. Si aujourdhui je me retrouve dans ce travail ce n’est pas par ma volonté mais suite à la méchanceté humaine. Jai été violée par le mari de ma tante maternelle à l’age de 15 ans. Je vivais chez ma tante depuis l’âge des 6 ans après le décès de ma mère. Ma tante m’avait amenée chez elle pour rester avec ces enfants. Chaque samedi son mari ne sortait pas lorsque ma tante était au marché pour vendre. Un bon samedi, son mari mavait envoyé dans sa chambre pour prendre largent du savon. En y entrant, il mavait enfermé et mavait violé », explique-t-elle avec angoisse.

« Il mavait menacé de ne rien dire à personne sinon, il va me chasser. Je suis restée ainsi pendant 6 mois. Dans cette ambiance, j’étais tombé enceinte. En le découvrant, ma tante m’avait chassée de chez elle et toute la famille élargie mavait imputé de pute », regrette-t-elle.

« Ne sachant pas partir, j’avais trouvé un ami Disc Joker dune boîte de nuit qui mavait introduit dans ce métier quelque temps après », révèle-t-elle.

«Javais fait de mon mieux possible pour dénoncer le mari de ma tante auteur de ma grossesse mais ça navait pas tenu. Je navais pas les moyens suffisants pour le traduire en justice. Me voici aujourdhui dans ce travail. Malgré tout, ça me permet de nourrir mon fils et de répondre à mes besoins possibles », se confie-t-elle.

Douce Namwezi, Directrice de Uwezo Afrika initiative, fustige cette pratique qui qui s’observe dans une partie de la ville de Bukavu.

Selon elle, les conséquences sont nombreuses à l’égard des toutes ces filles, surtout en ce qui concerne leur santé. Elles sont exposées à plusieurs maladies sexuellement transmissibles, à des grossesses précoces ou non désirées. Du point de vue éducationnel, elles ont aussi un problème puisquelles sont obligées de n’est plus étudiés au moment où dautres sont à lécole et cela a des répercussions dans leur avenir.

Douce Namwezi, recommande aux autorités compétentes de mettre en place des mécanismes durables pour fermer toutes ces maisons des tolérances qui exploitent les filles mineures.

«Très souvent on voit parfois quil y a des descentes sur terrain qui sont menées, on identifie ces maisons, on prend des décisions mais après quelques jours, on voit encore ces maisons fonctionner convenablement », dénonce-t-elle.

Elle lance un appel à la police de protection denfance afin de prioriser cette question pour en finir définitivement.

Me Aimé Bisimwa explique que,

“la présence des filles mineures dans les maisons de tolérance est due à plusieurs causes à savoir : l’irresponsabilité des parents, non accès à l’éducation, la crise financière dans les familles, les fausses accusations (enfants sorciers) mais aussi les multiples fausses prophéties avec la multiplicité des chambres des prières. L’inefficacité aussi de la police d’enfance qui n’empêche et ne contrôle pas régulièrement ces maisons des tolérances, encourage aussi cette pratique », pense-t-il.

Actuellement la ville de Bukavu regorge plusieurs maisons de tolérance où les filles s’évertuent avec leur sexe. Cela aux vues et au su des autorités qui sont censé protéger, faire appliquer et faire respecter les lois de la République mais aussi protéger cette catégorie de la population.

L’utilisation de ces filles mineures dans des maisons de tolérances est une forme d’Esclavage sexuel. Fait prévu et puni par l’article 174 e du Code pénal Congolais d’une peine de cinq à vingt ans de servitude pénale. C’est également une forme de Prostitution forcée que réprime l’article 174 c du même code qui est puni d’une peine de trois mois à cinq ans de servitude pénale. En cas des grossesses forcées, l’auteur de cet acte est passible d’une peine allant des dix à vingt ans de servitude pénale selon l’article 174 k du code pénal.

Il faut encore une fois de plus, une forte sensibilisation de la loi portant répression des violences sexuelles dans toutes les langues et dialectes. Sensibiliser les propriétaires de ces maisons des tolérances sur cette loi et surtout les interdire formellement d’utiliser les enfants mineurs dans cette sale besogne.

Mr Christophe gérant dun bistrot de la place affirme que, ces filles viennent avec leurs cartes didentité en se faisant passer comme adulte alors quelle est encore mineure.

« Lorsque je découvre cela par la suite, je le chasse directement. Dautres viennent avec leurs soit disant responsable on les laisse travailler. Les filles apportent une bonne image à lentreprise. Avec leur présence, nous voyons une augmentation financière parce qu’elles soccupent bien des clients mais aussi elles coûtent moins chères. Nous les payons 70$ par mois hormis ce quelles gagnent près de leurs clients. Si le client paye 20$, elle a droit à 5$ en termes de pourcentage. On le change après 3 mois pour un bon fonctionnement de l’entreprise », révèle-t-il.

Christophe accuse le comportement des autorités compétentes qui fournissent des cartes des lecteurs jouant le rôle de la carte d’identité aux mineur(e)s et cela, avec l’appui des parents des ces dernières.

Pour le major Rutema Baguma innocent qui travaille à lescadron de protection de lenfant et prévention des violences sexuelles EPEP VS/Sud-Kivu affirme que la mission de la police intervient dans la prévention et la répression.

« Dans la prévention nous effectuons des patrouilles, des tournées. Pour remédier à ce phénomène, nous organisons des ateliers de formation, des séances de sensibilisation au sein de la population sur le droit des enfants et sur la lutte contre les violences sexuelles », révèle-t-il.

« Il ya certaines victimes qui parviennent à dénoncer et de fois nous saisissons dautres en flagrant délit lors des descentes sur terrain que nous effectuons après 3 mois dans le cadre de lopération BASADI qui sexécute simultanément dans le pays de la SADC. Fort malheureusement, par manque de moyens financiers cette opération avait pris fin il y a un temps », regrette-t-il.

Selon lui les instances judiciaires travaillent convenablement face à cette question pour ce qui est de la répression.

Madame Petrony kangela cheffe de division provinciale des affaires sociales dans la province du Sud Kivu affirme que l’exploitation sexuelle des filles mineures continue d’être observée dans des maisons des tolérances.

« Le cas d’exploitation des filles mineures dans des maisons de tolérance devient de plus en plus fréquent au Sud-Kivu et dans la ville de Bukavu en particulier. Actuellement, il ya accroissement des maisons des tolérances sous lœil impuissant de nous tous », regrette-t-elle.

« Malgré qu’il y a une grande résistance au niveau de la fermeture de ces maisons de la part des tenanciers. De notre côté, il y a différents plaidoyers et sensibilisations qu’on continue de faire. Cela, pour remédier à cette situation. On procède par la sensibilisation à travers nos assistants sociaux mais aussi ; nous effectuons des descentes sur terrain chaque fin du mois compte tenu des moyens que nous possédons. Avec cette méthode, il y a certaines filles qui sont convaincues et on les amène dans les centres de formation avec lesquels nous sommes partenaires pour leurs formations pour qu’elles deviennent des femmes indépendantes », explique-t-elle.

« Notre demande est celle faites aux autorités compétentes, de fermer ces maisons et de penser à la création des centres de formation pour occuper des filles qui n’ont pas la chance d’aller à l’école pour que cette pratique prenne fin. Je demande aussi aux chefs des quartiers de travailler comme il faut car ce sont eux qui sont les mieux placés pour détecter ces maisons et les dénoncer devant la justice », recommande-t-elle.

«Il y a beaucoup de difficultés et de risques dans ce que nous faisons. Il y a des clients avec qui on passe toute une nuit et le matin ils fuient avec de l’argent. D’autres nous maltraitent et arrivent même à nous frapper. Je n’ai pas envie de rester encore plus longtemps dans ce travail. Je suis encore une petite fille et jaimerais que notre gouvernement ouvre des centres de formations pour les filles vulnérables et misérables car tous, nous avons droit à la vie ainsi quà léducation », interpelle Mapé.

Johanna Linda, Jambordc, JDH

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Un commentaire sur « Bukavu : des maisons de tolérance exploitent sexuellement les filles mineures à Bukavu »

  1. Monsieur Daniel Aselo vise la déstabilisation de la province du Sud-Kivu en général.
    Il faut dire qu’il est entré de s’introduire même dans la coutume au Sud- Kivu, chose que nous ne tolérons pas

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