Tribunal sur le Congo : Un film virtuel ?

Loin d’être virtuel, le film de Milo Rau, le Tribunal sur le Congo ; est un film peu fictif qui fait parler les témoins et les victimes réels. Il a été conçu pour amener les politiques à comprendre le besoin du peuple Congolais de la  justice en établissant les responsabilités des uns et des autres.

Dans une conférence de presse, le concepteur Milo Rau, a expliqué largement le contenue du documentaire réalisé sur le massacre des populations civiles à Mutarule et l’exploitation minière par la firme Banro mining dans la province du Sud-Kivu.

Qu’est-ce qui vous a motivé à concevoir ce documentaire ?

Nous avons organisé le tribunal sur le Congo ici à Bukavu et à Berlin depuis 2015 sur les derrières de massacres qu’il y eu ici et de déportation des personnes qui sont chassées par de grandes entreprises de concession minière. On s’est demandé comment cela pourrait se passer ainsi, quelle est la politique du gouvernement, de l’Union européenne, des entreprises, des rebelles (…) ?

Et comment êtes-vous parvenus à recueillir toutes les données nécessaires ?

Nous avons interrogé une soixantaine de personnes dont les paysans, le gouvernement, les entreprises, les rebelles, les creuseurs, les avocats et les militaires, pour arriver à une sorte de jugement, pour savoir pourquoi ces massacres ne s’arrêtent pas. Nous sommes partiS de Mutarule et du cas Banro mais il y en a plusieurs. Et pour nous, c’est un début.

C’est possible de l’expliquer, de mettre les responsables devant la barre, de trouver une façon d’action et de contre action de la Société civile contre ce qui se passe parce que, le gouvernement, l’UE et l’Union globale ne font rien. L’ONU n’est pas trop active et donc, c’est nous qui devons agir.

Qui est-ce que vous accusez dans ce film ?

En fait, le film n’accusait pas au début. On essayait de questionner,  d’écouter pour trouver raison. Dans tous les cas, c’est un mélange de responsabilité partagée par beaucoup d’acteurs. Par exemple dans le massacre de Mutarule, il y a un côté ethnique, économique, l’ONU n’a pas agi, les responsables congolais, le silence du monde, les médias qui n’en parlent pas assez, (…) on ne sait donc pas éliminer certains pour responsabiliser une seule personne. C’est plus complexe que ça et c’est ce que nous avons essayé de montrer.

Pourquoi avez-vous porté votre choix sur le Congo ?

Il y a beaucoup de raisons. Ce qui se passe ici, c’est une de guerres ou de conflits peut-être le plus important et plus symbolique de notre temps, de notre époque mondialisée. Des conflits qui sont ici provoqués beaucoup par des lois américaines, européennes, par des entreprises suisses, canadiennes, allemandes (…) c’est vraiment un conflit dans lequel on peut  démontrer très bien comment malheureusement et fatalement notre monde marche aujourd’hui.

Vous parlez d’un faux vrai tribunal sur le Congo. Comment est-il possible de partir d’une fiction à la réalité du tribunal ?

Quelque fois je crois que c’est l’art qui doit donner le cadre fictionnel qui doit laisser apparaitre une réalité et alors à ce cas, c’est un tribunal qui devrait exister dans la réalité. Nous croyons que ça va être un symbole pour réaliser beaucoup de tribunaux sur le Congo.

Ne craignez-vous pas que la diffusion de ce film soit interdite, tel le cas du film « l’Homme qui répare les femmes » ?

C’est possible mais je crois aussi que le gouvernement congolais aille le critiquer, mais ce n’est pas la seule partie qui est critiquée. C’était le but de ce projet de critiquer tous ceux qui sont inclus dans ces massacres, et c’est très important pour une démocratie comme la RDC d’accepter qu’un discours démocratique dure toujours. Ensemble, on doit trouver une façon de regarder les choses et les responsabilités comme elles sont et prendre conséquences.

Quel mot aux congolais, au regard du contenu de ce film ?

Aux Congolais de prendre ce film pragmatiquement en disant qu’il est possible d’expliquer la situation, possible de montrer avec le doigt les responsables. Continuons à le faire et prenons les conséquences.

Dans le triste, il y a aussi de l’espoir. Il faut traverser les larmes pour arriver à l’espoir.  Mais à la fin, reste toujours l’espoir.

Jean-Marie Mulume

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