Kalemie : les déplacés venus de Bukavu et Goma privés de tous les moyens de substance (témoignages)

Les déplacés du Nord et Sud-Kivu ayant fui les violences armées à Goma et Bukavu éprouvent d’énormes difficultés dans la ville de Kalemie, (Tanganyika). A une quinzaine de kilomètres de Kalemie, le site de déplacés d’Eliya abrite plus de 400 ménages. Leurs conditions de vie sont alarmantes, a constaté Joséphine Mungubi, une journaliste de la ville d’Uvira et notre correspondante occasionnelle sur place.

Notre constat fait état d’un manque d’eau potable, pas d’abris, une absence d’infrastructures sanitaires ou de prise en charge médicale dans ce site.

ETJ, Ecole Technique des Journalistes pour la formation des journalistes

Lors de notre visite récente dans ce site, plusieurs familles ont témoigné de leur parcours douloureux, entre insécurité, déplacements multiples et espoirs brisés. La même situation s’observe dans le site de Kataliko, à proximité, où près de 3 000 personnes seraient également installées dans des conditions similaires.

Le premier déplacé déplore le manque de moyens de substance pour toutes les familles dans ce site, et demande au gouvernement de le venir en aide.

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« Moi je suis venu de la ville de Bukavu. La guerre a fait que nous puissions prendre fuite jusqu’ici à Kalemie. Mais depuis notre arrivée ici, on nous a amené à Lukwangulo, nous avons fait un mois là-bas sans aide. Et maintenant nous sommes ici chez Eliya, dans ce vieux bâtiment; les enfants, les mamans sont ici, pas de nourriture, les gens ont même maigri. Nous sommes frappé par la famine. Que les autorités nous viennent en aide avec la farine, du petit poids afin de nourrir nos enfants,» s’est exprimé Bakenga Bacibarhula.

Un autre, père de six enfants, déplore les mauvaises conditions sanitaires dans le site qui exposent surtout les enfants à différentes maladies. Pour trouver à manger, ce père de famille indique qu’ils exercent des travaux champêtres auprès des habitants locaux.

« C’est depuis le mois de février que nous sommes à Kalemie. On nous a conduit à Lukwangulo où on identifié les réfugiés. Nous sommes restés là jusqu’à ce qu’on nous amené ici. Nous menons une vie très difficile. Nous dormons très mal, nous mangeons difficilement, pas de soins, les enfants ont déjà la gale, malheureusement sans assistance. Pour survivre nous sommes obligés de faire de travaux champêtres encore très lourds, avec un rendement très maigre. Nous étions à Lukwangulo, OIM est venue nous amener ici, on pensait que ça ira mais c’est devenu pire,» indique ce parent.

Une femme venue de Goma témoigne également de la situation précaire qu’elle mène depuis qu’elle a quitté sa ville. À Kalemie où elle se trouve dans un camp des déplacés, elle dit éprouvé des difficultés énormes, particulièrement le manque d’eau potable.

« Nous avons quitté Goma fuyant les combats, arrivant à Bukavu, Sange, Uvira puis jusqu’ici à Kalemie. Nous traversons d’énormes difficultés, nous avons souffert durant toute cette période. Avec cette situation, j’ai maigri et même mes trois enfants. Dans ce site nous n’avons ni l’eau, ni à manger. L’eau que nous puissons n’est pas propre, c’est une eau insalubre. Pour trouver à manger je dois trouver où travailler même un par jour pour 1000FC, et si tu n’as pas trouvé donc les enfants ne mangeront pas,» témoigne -t-elle.

Elle demande au gouvernement congolais et ses partenaires humanitaires de leur faciliter pour trouver des abris, la nourriture, et l’accès à l’eau potable.

Bien plus, au sud de la province du Sud-Kivu, à Uvira, ce sont plus de 4000 ménages déplacés qui vivent eux aussi dans les conditions précaires, sans perspectives claires de retour ou de réinstallation durable.

Cette crise humanitaire, bien que persistante, reste largement ignorée de l’opinion publique. Les déplacés de Kalemie, comme tant d’autres à ailleurs au Sud-Kivu et en RDC en général appellent à une réponse urgente, coordonnée et durable des autorités, des humanistes ainsi que de toute la communauté.

Juvénal MUTAKATO

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