La République démocratique du Congo, qui a ratifié plusieurs textes qui parlent du respect du genre et de l’équilibre Homme-Femme, peine encore à atteindre 30% de parité malgré que la loi fondamentale parle de 50%. Ce défi s’observe également dans la gestion des entités territoriales décentralisées et déconcentrées.
Pour le cas d’espèce, depuis l’acquisition de l’indépendance c’est-à-dire en 1960, au niveau des communes dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu, les femmes bourgmestres sont à compter au bout de doigt.
Longangi Kabala Marie fut la première femme à être commissaire de zone d’Ibanda, une ancienne appellation des bourgmestres. Cette femme a régné durant 3ans soit de 1972 à 1975. Trois autres ont pu être bourgmestres d’Ibanda à savoir Sylvette Kahindo, Claudine Faida et Espérance Hendwa Ciza. A Kadutu, nous avons retrouvé une seule femme, Joseline Migabo et à Bagira Josée Mbonekube.
Plusieurs personnes estiment que cette faible participation de la femme dans la gestion du pays peut être la conséquence de plusieurs aspects avec un seul dénominateur commun, «les coutumes rétrogrades ».
«Pour le moment, il n y a aucune femme qui dirige les communes ou la mairie. Au niveau des chefferies, il y a eu deux femmes cheffes de chefferies à Kaziba et à Luhinja, mais qui étaient juste des gardiennes car leurs fils étaient encore mineurs. Et aujourd’hui, leurs fils ont pris le pouvoir car selon nos Us et Coutumes, une femme ne peut pas héritier et gérer une entité. Et c’est le cas dans tous les territoires. Les femmes ne gèrent pas les communes car elles n’ont pas été nommées et ce sont des postes politiques à part celui de la chefferie qui est un poste coutumier», précise Annie Malongo, cadre de l’Union pour la démocratie et progrès social UDPS Sud-Kivu.
Ce cadre de l’UDPS, souligne que les nominations proviennent des propositions des partis politiques mais fustige que certains partis politiques ne considèrent pas les compétences des femmes au sein du parti mais priorisent le népotisme et les intérêts. Cela freine aussi l’émergence des femmes aux postes de prises de décisions.
«Le premier critère pour être nommé c’est d’abord être dans un parti politique. Mais parfois cela ne suffit pas, car l’on remarque que certains hommes politiques ferment les yeux sur les compétences des femmes au sein du parti et mettent en avant le népotisme et le tribalisme. Surtout quand on est femme, on pense à vous à la dernière position alors que plusieurs femmes ont des grandes compétences que les hommes », a poursuivi Annie Malongo.
« La vie politique est un combat »
Théophile Kiluwe, ministre provincial de l’intérieur, estime que les femmes sont moins engagées dans la politique et c’est la cause de leur absence dans la gestion du pays.
«Le ministre national de l’intérieur nomme oui, mais c’est à partir des propositions faites par les partis politiques. Le ministre entérine juste les propositions. Et à ce niveau que les femmes sont moins engagées en politique alors qu’il n’y a pas de cadeau. La vie politique est un combat et il faut aussi l’aspect méritocratie. Je pense que les femmes doivent vraiment s’engager dans la politique pour qu’elles soient aussi nommées dans la gestion des Entités territoriales décentralisées ETD et déconcentrées», indique-t-il.
Plusieurs textes légaux ont été ratifiés par la RDC et qui donnent une égalité équitable des chances entre les hommes et les femmes. Malheureusement, le pays n’arrive pas à les mettre en application.
«La constitution qui est une loi fondamentale du pays, parle de 50% d’égalité des chances en son article 14, la déclaration universelle des droits de l’homme dit aussi que tous les hommes sont égaux etc… mais mon indignation se situe au niveau où la loi électorale diminue le 50% en 30% qui d’ailleurs ne sont pas respecté. Je préconise aux responsables de la CENI et d’autres décideurs pour des postes des nominations de rejeter toutes les listes qui ne respectent pas les 30%. Cela va permettre au moins aux femmes qui se sont engagées en politique de se retrouver facilement sans oublier que la méritocratie est la base du critère», a martelé Me Aline Bintu, avocate au barreau de Bukavu.
Annie Malongo, cadre de l’UDPS, revient pour inviter les femmes à plus d’engagement dans ce combat. Car, souligne-t-elle, c’est une bataille que l’on peut réussir seulement en unité.
«La femme est visible dans les activités du 8 mars, quand il faut aller accueillir les autorités etc. Mais je crois, qu’il faut que les femmes créent des mouvements politiques et autres. Que nous commençons à nous éduquer et à éduquer nos enfants en leur montrant que les femmes ont aussi des compétences à mettre en valeur. Aussi, les textes qui ont été ratifié par la RDC, devraient être mis en application pour que la femme puisse jouir de toute ces avantages ».
Esther Kanga, JDH.