RDC : La situation actuelle du pays nécessite la mise en place d’un système de dialogue (Elie Abibu)

Au lendemain de la prestation de serment des juges de la Cour constitutionnelle, plusieurs voix se font déjà entendre par rapport au boycott du front commun pour le Congo de cette cérémonie. Opportunité pour le politologue Elie Abibu de souligner que la situation vécue lors de cette cérémonie de prestation de serment des hauts magistrats a inauguré une crise politique qui était déjà visible au niveau de la République démocratique du Congo. Il l’a fait savoir au cours d’une interview exclusive accordée à la rédaction de Jambordc.info ce jeudi 22 octobre 2020.

Pour lui, le pays est dans un système politique de coalition trop fragile qui nécessite qu’on ait toujours des opérateurs politiques avec un niveau supérieur de culture démocratique, de sagesse et de dialogue pour chercher le consensus.

Elie Abibu fait savoir que, la situation qu’a vécu le peuple Congolais lors de cette cérémonie, est le couronnement de tout un cycle des petits conflits qui ont été vécus dans la coalition au pouvoir. Il estime que ce qu’il qualifie de boycotte parlementaire observé à cette occasion, justifie que le parlement n’est pas d’accord avec les décisions du chef de l’État.

« (…) Quand il y a une crise comme celle-là dans un système semi présidentiel comme le notre, ce qu’on va vivre c’est ce qu’on peut appeler “blocage institutionnel”. Les deux institutions vont commencer à faire des votes négatifs l’une envers l’autre et surtout que c’est le parlement qui vote des lois et le président de la République les promulgue, alors si les deux institutions du pays ne s’entendent pas, le parlement peut voter une loi et la présidence refuse de la promulguer. Le président de la République peut aussi initier des lois mais le parlement les bloque. Donc on peut toujours se retrouver dans des situations qui nécessitent que la collaboration de deux institutions s’impose et comme ils sont en conflits la machine va bloquer », explique Elie Abibu.

Ce dernier pense qu’il est grand temps qu’on trouve un mécanisme de dialogue, de médiation entre les acteurs politiques pour prévenir toute forme de chaos qui pourrait surgir au pays.

« Nous sommes dans une session budgétaire et c’est le parlement qui dote le gouvernement du budget. Présentement le gouvernement et le parlement sont majoritairement du Front Commun pour le Congo (FCC), maintenant le gouvernement comme organe presque médiane entre la présidence et le parlement risque de souffrir des pressions de deux institutions puisque chacune d’elles a sa propre politique et on risque de rester dans une guerre ou gaiguaire inter institutionnelle qui va amener le pays dans une situation où on ne va plus s’occuper des problèmes de la société », a-t-il martelé.

Pour rappel, trois hauts magistrats de la cours constitutionnelle de la RDC ont prêté serment devant le chef de l’Etat Félix Tshisekedi au palais du peuple ce mercredi 21 octobre 2020. Une cérémonie dans laquelle une absence écrasante des hauts cadres de la famille politique FCC dont le premier ministre et plusieurs membres de son gouvernement ainsi que les députés et sénateurs cadres de cette plateforme politique a été remarquée.

Moïse Aganze

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