RDC : des réactions controversées après la suspension de 12 partis politiques

Le gouvernement congolais a saisi le Conseil d’État pour réclamer la dissolution de 12 partis d’opposition. Le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité l’a annoncé dans un communiqué de presse publié ce vendredi 31 octobre, motivant sa décision sur la loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques en République démocratique du Congo.

Selon le document signé par le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, les activités de ces 12 formations politiques sont suspendues à travers le pays pour s’être ralliés à l’ex-président Joseph Kabila à travers sa plateforme « Sauvons la RDC » créée mi-octobre à Nairobi, au Kenya. Une réunion que Kinshasa a qualifié de « messe noire » avec Kabila condamné à mort pour son parrainage supposé de la rébellion de l’AFC/M23.

ETJ, Ecole Technique des Journalistes pour la formation des journalistes

Disons qu’avant cette décision, seuls trois de ces partis, dont le PPRD de l’ex-chef de l’État, avaient été suspendus au nom de la sécurité nationale.

Une sanction anti-démocratique

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Si elle n’est pas concernée par une suspension, la coalition Lamuka, formée autour de Martin Fayulu, dénonce une « sanction abusive et anti-démocratique ».

« Nous demandons au ministère de l’Intérieur de surseoir sa décision. On a besoin de cohésion, d’unité et de dialogue en permanence. Cette manière de suspendre le fonctionnement des partis agréés nous rappelle les aires sombres du Kabilisme qu’on a combattu tous ensemble avec l’UDPS. Mais malheureusement l’UDPS s’est mise à mimer les antivaleurs de l’époque Kabila, » a réagi Prince Epenge, de la coalition Lamuka.

Les partis préparent leur réponse

Entretemps, le gouvernement a déjà saisi le Conseil d’État pour obtenir la dissolution de ces partis. La bataille sera juridique pour le parti LGD de Matata Ponyo, écrit RFI.

« C’est quand même une sanction excessive, juge le secrétaire général du parti, Franklin Tshiamala. Nous lui adresserons dans un premier temps notre recours administratif pour rencontrer les motivations infondées qui sont à la base de la sanction. Et s’il n’y réserve pas de suite, nous allons exercer un recours. Le même Conseil d’État qu’il a saisi pour nous radier ou pour nous dissoudre, nous y adresserons également notre recours juridictionnel pour rencontrer les moyens infondés qu’il avance, ».

L’opposant Delly Sessanga du parti Envol, non suspendu, a quant à lui dénoncé, une « mesure brutale et arbitraire » ou encore une « dérive autoritaire inacceptable ».

L’ASADHO dénonce une dérive autoritaire. Ce dimanche 2 novembre 2025, la société civile congolaise a réagi à la suspension des douze partis politiques.

Cette décision suscite l’inquiétude de l’Association africaine des droits de l’homme (ASADHO) qui y voit une dérive autoritaire. L’ONG congolaise parle d’une répression politique ciblant les adversaires du pouvoir. Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO et vice-président fraîchement réélu de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dénonce « une véritable atteinte à la démocratie ».

« La mesure prise par le gouvernement contre les partis politiques de l’opposition est une véritable atteinte à la démocratie et une dérive qui se met petit à petit en place en République démocratique du Congo. Nous l’avons déjà dit, il est important, et voire même urgent, que, dans la situation actuelle, les forces politiques et sociales se mettent ensemble pour résister à ces tendances à brimer les partis politiques de l’opposition, mais surtout toutefois dissidentes. Il est clair que les Congolais se sont battus, pendant plusieurs années, pour qu’un État de droit soit instauré dans ce pays. Mais, au jour le jour, nous voyons que les décisions du gouvernement vis-à-vis des partis politiques de l’opposition sont tout à fait le contraire de ce combat mené par plusieurs Congolais pour qu’un État de droit se mette en place, ».

Rédaction

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