Nord et Sud-Kivu : entre janvier et mars, 2.351 blessés par arme ont été traités dans les hôpitaux appuyés par le CICR

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit être très préoccupé par la dégradation du système de santé observé dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, alimentée par les conflits armés et l’insécurité, les difficultés économiques ainsi que la baisse drastique des financements des organisations humanitaires.

Dans un communiqué de presse publié ce mardi 17 juin, et consulté par notre rédaction, l’organisation indique que ces équipes viennent de conclure une étude qui a porté, entre avril et mai 2025, sur 109 centres de santé du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dans les zones où le CICR est opérationnel.

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Selon l’organisation, que ce soit pour la santé de la mère et de l’enfant, celle des malades et blessés ou encore des victimes de violences sexuelles et même pour les risques épidémiologiques en général, les données statistiques recueillies alarment sur un risque d’effondrement d’une partie du système sanitaire pour les zones les plus exposées avec des conséquences dramatiques pour des millions de personnes.

« Aujourd’hui, avec un accès à des soins et à des médicaments fortement restreint, les risques pour une personne vivant au Nord ou Sud-Kivu de succomber des suites d’une blessure par arme ou suite à une simple diarrhée n’ont jamais été aussi élevés, » affirme François Moreillon, chef de délégation du CICR en RDC, cité dans le communiqué.

Si l’insécurité due à la violence et aux combats limitent le déplacement des malades ou le transfert des blessés, cela occasionne également la fuite du personnel soignant, des difficultés à acheminer les intrants médicaux et souvent le pillage ou la destruction de structures de santé, poursuit ce communiqué.

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Par ailleurs, « on observe une augmentation de plus de 4 fois du nombre de mort-nés dans les structures sur lesquelles a porté l’évaluation, au Nord-Kivu particulièrement, » rapporte Etienne Penlap, coordinateur santé pour le CICR en RDC.

« Ceci démontre combien les mères n’arrivent pas à accéder aux centres de santé que ce soit pour les consultations ante ou post natales. Cette situation fait craindre le pire aussi en matière de couverture vaccinale pour les nouveaux nés ainsi que les mères et les enfants dans une région où il y a beaucoup de maladies endémiques et épidémiques, ».

A en croire le CICR, le droit international humanitaire (DIH) établit des règles qui obligent toutes les parties belligérantes à protéger l’accès aux soins de santé en temps de conflit armé et la situation dans la région des Kivu exige que des mesures concrètes soient prises rapidement pour veiller à leur application.

Les besoins en santé en augmentation exponentielle

L’organisation dit avoir traité qu’au premier trimestre 2025, 2 351 blessés par arme, dans les hôpitaux soutenus par le CICR, ce qui équivaut presque au nombre total des cas reçus sur l’ensemble de l’année 2024 soit une augmentation de 172 % par rapport à la même période en 2024.

Autre constat, la nature des blessures : elles sont maintenant plus complexes, nécessitant un suivi prolongé, avec des séquelles plus graves comme des amputations, car essentiellement consécutives à des éclats d’armes explosives dont l’utilisation par les belligérants a été particulièrement importante ces derniers mois.

Une autre augmentation constatée est celle des besoins en santé mentale.

« Au Nord-Kivu nous avons observé une multiplication par 7 par rapport à 2024, du nombre de consultations en santé mentale et soutien psychosocial pour les victimes de violences par armes et des violences sexuelles dans les structures ayant fait l’objet de l’étude, soit plus de 4 600 cas notifiés au 1er trimestre 2025, » indique Etienne Penlap.

Le CICR souligne que le DIH, rappelle les parties à un conflit armé qu’ils sont tenues de respecter et de protéger les hôpitaux et autres installations médicales et faciliter l’accès aux soins de santé. Les hôpitaux et d’autres établissements sanitaires accomplissant leurs fonctions exclusivement humanitaires ne doivent ni être attaqués, ni détruits, ni pillés, ni entravés indûment dans leurs tâches, renchérit ce document.

Rédaction

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