En dehors de leurs conditions de travail déplorable, les filles porte-faix sont très exposées à des nombreux abus sexuels. Ces derniers ne laissent pas ces filles indifférentes aux risques de contacter des maladies et infections sexuellement transmissibles. Elles courent également le risque d’avoir des grossesses précoces.
Dans un coin appelé « essence », un quartier populaire de la commune d’Ibanda, nombreuses femmes sont des porteuses des fardeaux le jour et se prostituent la nuit.
Partant de cela, nous avons eu à interroger Nénette, une fille de 24 ans, qui porte des bidons contenant l’huile de palme du marché de Kadutu à la place communément appelé « kumakarayi » qui dit avoir été engrossé par un homme qu’elle ne sait même pas identifié.
« Nous sommes arrivés à Bukavu quand j’avais 13 ans. Suis la première fille dans notre famille de 3 enfants. Ma mère est morte depuis 4 ans. C’est moi qui cherche à manger pour mes petits. Si je croise le bras, ils vont mourir. Je fais tous mes moyens possibles pour payer le loyer de 12$ et trouver à manger. Ce travail de porteuse ne me suffit pas. Il faut que je me débrouille la nuit avec des chauffeurs (…) J’ai déjà une fillette qui a besoin de mon assistante. Je ne vois plus son papa. Si je ne fournis pas d’effort, mon enfant et mes petits frères vont mourir de faim », renseigne une fille porte-faix.
Pour Uzima, une fille âgée de 20 ans, dans le souci de combler quelques besoins de sa famille, le travail de prostitution reste le seul refuge.
« Franchement, je gagne pas grand-chose dans le porte-faix. J’accompagne mon boulot par la prostitution. C’est honteux mais je dois l’avouer. Comment peut-on subvenir à mes besoins avec les 300fc ou 500fc que nous gagnons par bagages ? Je peux dire que la prostitution paye bien que le porte-faix », explique-t-elle avec larmes aux yeux.
En majorité, ces femmes et filles sont issues des familles pauvres dont les parents n’ont pas des moyens à subvenir à leurs besoins.
Rachel Rugarabura, JRI