Bukavu : Des étudiantes victimes du harcèlement sexuel dans des universités

A Bukavu dans la province du Sud-Kivu, des étudiantes sont victimes du harcèlement sexuel dans les milieux universitaires. Des rapports sexuels leurs sont exigés par certains enseignants pour obtenir des notes dans leurs cours. Ce qui est illégal.

« Un de mes professeurs me faisait des avances. Il commençait à m’appeler et demandait d’avoir des rapports sexuels avec lui si je ne voulais pas échouer à son cours. J’avais refusé alors il m’avait donné une mauvaise note à l’examen. Il avait tout fait pour que je reprenne de classe. Alors j’ai jugé bon de changer d’université », témoigne cette étudiante d’une vingtaine d’année rencontrée à Bukavu ce 15 mars 2021.

« J’ai refait ma première année de licence après des menaces sexuelles reçues de la part de son professeur. J’avais refusé de céder alors il m’avait fait échouer », indique une autre étudiante.

Dans plusieurs universités de la ville de Bukavu, des actes de harcèlement sexuel sont signalés depuis une dizaine d’années. En août 2020, un enseignant, chef des travaux, de l’Université officielle de Bukavu a été suspendu pour harcèlement à répétition contre des étudiantes. Malheureusement rares sont d’autres enseignants sanctionnés pour harcèlement sur leurs étudiantes.

Une pratique illégale

Jolly Kamuntu, défenseure des droits humains et présidente de l’organisation Karibu Jeunesse Nouvelle, (KJN),  déplore la persistance des cas d’harcèlement dans des universités. Elle encourage des étudiantes victimes de sortir de leur silence afin de punir ces enseignants fautifs.

« Je pense que la première chose à faire c’est de punir ces bourreaux même si l’Etat ne fait pas très bien son travail. Ces jeunes filles étudiantes aussi devraient dénoncer ces enseignants qui les harcèlent pour que les autorités académiques puissent prendre des mesures pouvant leur protéger et les défendre en cas de harcèlement sexuel”, recommande-t-elle.

Dénoncer, oui. Mais il faut que les survivantes d’harcèlements apprennent aussi à réunir des preuves. Ce que conseille Maître Justin Bahirwe, avocat au barreau de Bukavu et responsable de l’organisation Information juridique multisectoriel, SOS IJM. « le harcèlement sexuel est une infraction reconnue par la loi sur les violences sexuelles mais qui demande des preuves », indique Me Bahirwe.

« Nous sommes appelé à encourager toute personne qui est victime du harcèlement sexuel dans les milieux universitaires pour qu’elle fasse des dénonciations, réunir des preuves et aller aux instances judiciaires pour porter plainte. (…) La loi prévoit comme sanction, plus de cinq (5) ans de prison à tout auteur de harcèlement sexuel », explique-t-il.

Pour Masoka Wamtu Bibish, Présidente de la conférence provinciale des Chefs d’établissements de l’enseignement supérieur et universitaire au Sud-Kivu, il est difficile de savoir si un enseignant est auteur du harcèlement sexuel si les victimes de ces actes restent silencieuses et ne les dénoncent pas.

« Nous condamnons ce silence des étudiantes face à ces antivaleurs-là. Nous les demandons de dénoncer ces actes de harcèlement sexuel dont elles sont victimes dans les milieux universitaires pour que les auteurs soient punis conformément à notre règlement d’ordre intérieur », a dit Prof Masoka Bibish.

Cette dernière rassure les victimes de harcèlement sexuel dans les universités et instituts supérieurs, qu’une fois toutes les preuves réunies, les auteures subiront la rigueur de la loi et se verront exclus définitivement de leurs fonctions.

« La plupart des textes qui régissent l’enseignement supérieur et universitaire en RDC condamnent des antivaleurs parmi eux le harcèlement sexuel », ajoute Masoka.

Selon l’article 163 alinéa 11 portant statut du personnel de l’enseignement supérieur, universitaire et de la recherche scientifique, ‘’un agent qui commet le harcèlement sexuel est passible de la révocation’’. « C’est à dire un licenciement sans préavis ni indemnité pour faute lourde », a conclu Bernadette Masoka.

Elie Bigaba

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