Les forces vives du Sud-Kivu s’insurgent contre la récupération de 12 chimpanzés internés au Centre de réhabilitation des primates de Lwiro (CRPL) dans le territoire de Kabare par l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Dans un document signé ce lundi 13 Janviers 2025 et nous parvenu ce mercredi, le Cadre de concertation de la société civile condamnent cette démarche de l’ICCN et proposent des solutions concrètes pour éviter ce genre de conflits.
Dans leur déclaration, cette structure critique une décision qualifiée de « précipitée et floue ». Elle s’inquiète notamment de l’absence de consultation des parties prenantes locales et des risques que cette récupération soit motivée par des intentions lucratives ou non conformes aux normes internationales de conservation.
Face à cette situation, le Cadre de concertation de la société civile formulent un certain nombre de recommandations qui pourraient servir à améliorer la gouvernance du secteur de la conservation et à renforcer la confiance entre les différents acteurs concernés.
C’est entre autres, à l’ICCN de « mener une vaste campagne de confiscation des primates détenus illégalement par des particuliers ou des institutions dans les grandes villes du pays ». Les signataires de ce document font savoir que ces animaux, souvent victimes de braconnage ou de trafic, pourraient être placés dans des sanctuaires pour leur réhabilitation ou utilisés pour repeupler les jardins zoologiques de manière éthique.
Cependant, ces acteurs sociaux se disent prêts à soutenir l’ICCN dans cette démarche, notamment par des campagnes de sensibilisation et des partenariats avec des experts en conservation.
Ils recommandent également à l’ICCN de réunir les co-gestionnaires du CRPL, ainsi que les gestionnaires d’autres sanctuaires à travers le pays pour discuter des solutions viables concernant les chimpanzés. Cette consultation devrait inclure « des experts, des partenaires internationaux et des représentants des communautés locales afin d’assurer une transparence totale ».
Ce processus inclusif pourrait permettre de définir des plans clairs pour la réintroduction des primates dans la nature ou leur gestion dans des structures adaptées, conformément aux normes établies par des organisations comme l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
L’une des critiques majeures soulevées par le Cadre de concertation de la société civile concerne la « centralisation des décisions à Kinshasa », sans tenir compte des réalités locales. Cette structure citoyenne appelle à une décentralisation effective des prises de décisions dans le secteur de la conservation, afin d’impliquer davantage les acteurs locaux dans la gestion des ressources naturelles. « Une gouvernance plus participative permettrait de prévenir les tensions entre l’ICCN et les communautés locales, tout en favorisant une gestion plus efficace et équitable des espèces protégées ».
Elle demande donc à l’ICCN de respecter cet engagement et de « fournir des garanties claires sur la destination et le bien-être des chimpanzés concernés ».
Le Cadre de concertation de la société civile du Sud-Kivu souligne la nécessité de revoir les cadres légaux et réglementaires régissant la conservation en République démocratique du Congo; et dénonce l’arrêté interministériel n°006/CAB/MIN/EDD 2020 et n°CAB/MIN/FINANCES/2020/069 qui favorise le commerce illégal d’espèces protégées.
Juvénal MUTAKATO