L’ancien président Joseph Kabila s’est exprimé dans la soirée de ce vendredi 23 mai, six ans après avoir quitté le pouvoir en République démocratique du Congo. Dans un discours d’environ 45 minutes, diffusé sur les plateformes numériques, Joseph Kabila a dénoncé la dictature qui « doit prendre fin» en exigeant la restauration de la démocratie et la bonne gouvernance économique et sociale.
Vingt-quatre heures après la levée de son immunité parlementaire par le Sénat congolais, Joseph Kabila s’est directement adressé aux congolais, affirmant vouloir « briser ce long silence parce que l’enjeu est de taille, non pas pour ma famille, moins encore pour ma modeste personne, mais plutôt pour la nation congolaise ». Il a encore justifié sa prise de parole en se présentant en sauveur :
« Continuer à me taire m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire pour non-assistance à plus de 100 millions de compatriotes en danger,» a déclaré l’ex-président de la RDC.
Dans son allocution, il est revenu sur sa prétendue présence à Goma (Nord-Kivu) ville sous occupation des rebelles de l’AFC-M23.
«Il y a quelques jours en effet, suite à une simple rumeur de la rue ou des réseaux sociaux, sur ma prétendue présence à Goma, où je vais me rendre dans les prochains jours, comme annoncé par ailleurs, le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires avec une légèreté déconcertante, ce qui témoigne du recul spectaculaire de la démocratie dans notre pays,» a-t-il souligné.
Fin de la dictature
Kabila a ensuite critiqué la gouvernance de son successeur en dénonçant ce qu’il appelle la « falsification de l’histoire par ceux dont le jeu pervers dans l’opposition au pouvoir, a consisté et consiste encore à calomnier, à se défausser sur les autres, pour justifier leurs contre-performances».
« La dictature doit prendre fin et la démocratie, tout comme la bonne gouvernance économique et sociale, doivent être restaurées, » avant de souligner que la RDC est un pays « gravement malade», un « État failli, divisé, désintégré, au bord de l’implosion » devenu un « espace de non droit,» dans lequel « la volonté chef de l’État tient désormais lieu de loi suprême,».
Il a en outre dénoncé une série « remise en cause, reniements et violations intentionnelles de la Constitution» et qualifiant d’illégitime « les institutions et leurs animateurs ».
Situation sécuritaire déliguescente
Selon lui, la situation que traverse la RDC dans tous les secteurs de la vie, au premier plan l’insécurité généralisée et les conflits armés notamment dans l’Est, sont la preuve d’une « gouvernance et d’un leadership faible au sommet de l’État,».
En effet, il a jugé la situation actuelle «déliquescente » et reproché à son successeur de s’être détourné « des instruments internationaux » qui étaient à la base de l’architecture de paix et de sécurité qui a permis la stabilité régionale.
Pour faire face à cette situation sécuritaire préoccupante, et dont Kinshasa est responsable, a-t-il indiqué, Kabila a clôturé son discours en appelant à un sursaut patriotique à travers un « pacte citoyen » comprenant 12 points parmi lesquels : Arreter la guerre, Neutraliser tous les groupes armés, Rétablir les libertés fondamentales ou encore réconcilier les congolais, qui permettrait de tirer le pays du gouffre.
« Chacun doit jouer sa partition. Je m’engage à jouer la mienne,» a conclu l’ex-président congolais.
Il faut dire que ce discours intervient dans un climat tendu exacerbé par une tension politique, sécuritaire et sociale préoccupante en RDC.
Juvénal MUTAKATO