L’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo et président du parti Leadership et gouvernance pour le développement (LGD), Augustin Matata Ponyo a exprimé son opposition ferme, ce mardi 31 décembre, à toute tentative de révision ou de changement de la Constitution congolaise.
Cet acteur politique a soulevé plusieurs raisons motivant sa position. Il cite notamment l’insécurité qui règne à travers le pays et l’organisation des élections, qui a créé une méfiance entre les gouvernants et les gouvernés.
« Depuis près de six ans, notre pays traverse une crise sans précédent sur tous les plans. Sur le plan politique, l’organisation chaotique du processus électoral par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a non seulement échoué à instaurer la confiance entre les gouvernants et la population, mais a également engendré méfiance et fracture sociale. À cela s’ajoutent le tribalisme, le népotisme, la confiscation des ressources publiques à des fins partisanes, et l’instrumentalisation de la justice, de l’armée, de la police nationale et des services de renseignement, » a-t-il déclaré.
Sur le plan économique, Matata Mponyo a fait allusion à la corruption, les détournements de fonds publics et l’impunité, ont conduit à une explosion de la dette publique et à une hausse généralisée des prix, diminuant ainsi le pouvoir d’achat des populations et entraînant une montée du chômage.
Cet ancien Premier ministre indique sur le plan sécuritaire que des foyers de tension s’allument dans plusieurs régions du pays. Il s’agit entre autres au Nord-Kivu, Sud-Kivu et en Ituri où le cycle infernal des tueries sauvages continue de faucher »nos compatriotes, face à l’incapacité totale de ceux qui nous gouvernent à relever le défi ».
« Au regard de ce qui précède, je vous invite, chers compatriotes, à vous lever comme un seul homme contre ce projet macabre de changement ou de révision de la Constitution, susceptible de plonger encore une fois le pays dans le désordre politique et sécuritaire aux conséquences incalculables, » insiste-t-il.
Pour lui, la Constitution actuelle, bien que perfectible, n’est pas respectée par le pouvoir en place, rendant toute modification inutile.
« La République démocratique du Congo, notre pays, se trouve malheureusement dans la catégorie de ceux qui ont choisi le sous-développement, cherchant à justifier leur malheur par la mauvaise foi de vouloir changer la Constitution. Cela est fondamentalement faux, voire ridicule. La situation dans laquelle nous sommes n’est nullement liée à la Constitution. Elle est la résultante de nos propres politiques et de notre propre volonté. Nous devons l’assumer et œuvrer avec détermination pour inverser cette tendance, » a indiqué Augustin Matata Mponyo.
Pendant cette occasion, il a également mis en garde contre les risques d’instabilité politique et économique qu’une telle initiative pourrait engendrer, décourageant ainsi les investisseurs étrangers. Il a appelé la population congolaise à se lever et a rejeté toute tentative de modification de la loi fondamentale.
« Au regard de ce qui précède, je vous invite, chers compatriotes, à vous lever comme un seul homme contre ce projet macabre de changement ou de révision de la Constitution, susceptible de plonger encore une fois le pays dans le désordre politique et sécuritaire aux conséquences incalculables, » a-t-il ajouté.
Cette prise de position intervient dans un contexte où des discussions sur une éventuelle révision constitutionnelle suscitent de vifs débats au sein de la classe politique et de la société civile en RDC. Il y a quelques jours, l’ancien Président de la République Joseph Kabila et l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, ont exprimé leur refus du changement constitutionnel.
Des acteurs politiques et sociaux se disent prêt à former un front commun pour contrer cette démarche.
Juvénal MUTAKATO