72 heures après les nominations et les promotions des officiers au sein de l’armée congolaise, les commentaires sur les raisons qui ont poussé le président à ce remaniement dans la hiérarchie de l’armée congolaise font polémiques au sein des acteurs politiques congolais et acteurs de la société civile. Si pour certains, cela revient dans les prérogatives normales du chef de l’Etat, d’autres voient dans cet acte un renforcement des stratégies du Raïs pour se maintenir au pouvoir.
L’annonce a été faite le weekend passé à la télévision nationale. Dans une dizaine d’ordonnances, le président a nommé un nouveau chef d’état-major général et son adjoint, un nouvel inspecteur général de l’armée, il a mis à la retraite certains officiers généraux et amiraux des FARDC, il a complété son cabinet par un conseiller spécial en matière de sécurité, et a également nommé au grade de général major ou vice-amiral des FARDC différents officiers généraux.
Dans un tweet posté sur son compte, Claudel Lubala, député national et Président de l’UDA Originelle, un parti de l’opposition, a estimé qu’avec ces nominations, le président Kabila s’est déclaré prêt pour la guerre.
« Ceux qui, par naïveté, attendent encore de JK des décisions importantes ont commencé à être servis. Après le FCC, sa branche politique, il vient de bétonner sa branche militaro-sécuritaire. En prélude, le message est clair : ‘’ Je suis candidat, et je suis prêt pour la guerre », écrit-il
Pour Raphael Wakenge, Coordinateur de l’Initiative congolaise pour la Justice et la Paix (ICJP) et coordinateur national de la coalition congolaise pour la justice transitionnelle, ces nominations sont un exercice normal d’un chef de l’Etat.
« La promotion des généraux est un exercice normal pour le président de la république quand bien même il se trouverait dans le processus électoral. Et donc ça rentre dans ses compétences que de pouvoir permuter, promouvoir les généraux. C’est un exercice tout à fait normal », explique ce haut acteur de la société civile.
Au même moment, considérant les propos de Claudel Lubala, il estime qu’il faut lire le contexte dans lequel le président a fait ces nominations pour comprendre suffisamment de quoi il s’agit. Pour lui, le processus devient de plus en plus suspect et pousse les gens à croire que le président veut briguer un troisième mandat.
« C’est aussi une observation normale. Ce n’est pas dans ce contexte ici que l’on peut ne pas considérer cette observation lorsqu’on sait qu’il y a déjà au niveau de la cour constitutionnelle des juges qui ont été mis en place et que les suspicions continuent à persister. Il y a quoi croire qu’il y a anguille sous roche par rapport ces nominations là-bas. C’est un exercice normal mais ça devient de plus en plus suspect », fait-il observer.
En fonction depuis 2001, le président joseph Kabila cèdera son fauteuil présidentiel à l’issue des élections présidentielles qui sont prévues le 23 décembre prochain, après deux mandats passés à la tête du pays. Malgré les préparatifs de la CENI à tenir ces élections, les opposants au président l’accusent de vouloir s’accrocher au pouvoir.
Evariste Murhula