Sud-Kivu: Des partis et regroupements politiques développent des stratégies pour la participation massive des femmes aux élections de 2023

L’égalité des sexes et l’émancipation des femmes ne sont pas seulement des droits humains. Ils sont indispensables à un développement inclusif, équitable et durable. Pour atteindre ces objectifs, il est fondamental d’améliorer et d’encourager la participation politique des femmes. Parmi les structures à même de le faire, les partis politiques sont très bien placés.

Un rapport du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) et l’Institut National Démocratique pour les affaires internationales sur la promotion du rôle des femmes pour le renforcement des partis politiques publié en octobre 2011, révèle que moins de 20% des sièges parlementaires sont occupés par des femmes dans le monde, ce qui prouve bien que les partis et regroupements politiques doivent faire un effort pour appuyer leur participation politique et qu’il faut les aider à y arriver.

Pour faire participer massivement la femme et jeune fille dans la gestion, le cadre légal électoral encourage la participation électorale des femmes et filles à travers leur alignement conformément à la parité. Pour y arriver, les partis et regroupements politiques sont indispensables pour la matérialisation.

Patient Katembera, communicateur du parti politique Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC), indique que son parti AFDC et le regroupement politique AFDC-A ont déjà développé des stratégies pour faire participer massivement les femmes aux élections de 2023, notamment celle de mener les analyses genres au sein de leurs partis politiques afin de pouvoir accroître la participation des femmes en interne.

“AFDC comme parti politique et le regroupement AFDC-A ont toujours mis la femme au centre de toute préoccupation parce que la femme a un leadership féminin qu’il faut exploiter”, Déclare-t-il.

Dans la suite des ses propos, Katembera affirme que; “Lorsqu’on exploite positivement le leadership de la femme, la nation retrouve son compte. C’est pourquoi, nous au niveau de l’AFDC révèle-t-il; nous avons accueilli avec joie la loi électorale qui voudrait que les formations politiques valorisent beaucoup plus des femmes”.

“Nous promouvons les droits des femmes à tel point qu’aujourd’hui c’est la femme qui gère le parti. Cela, toutes les fois que notre autorité morale est empêché, et au niveau provincial nous avons toute une grande ligue chapeautée par une femme qui a à son coté d’autres femmes et d’ailleurs on a celles qui sont des présidentes fédérales. C’est pourquoi nous sensibilisons les femmes concernant cette loi électorale à travers les activités que nous organisons au sein de nos partis politiques membres de notre regroupement politique AFDC-A », a-t-il laissé entendre.

À Katembera d’ajouter que son regroupement politique travaille pour que les femmes soient alignées sur les listes électorales et soient votées massivement aux prochaines élections.

Pour Agnès Sadiki présidente de la ligue des femmes au sein du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) au Sud-Kivu et ancienne candidate à la députation provinciale de 2018, elle pense qu’il faut beaucoup travailler sur les décideurs, les différents responsables des partis politiques et les responsables du pays. Selon elle, ce sont eux qui sont appelés à faire respecter la loi fondamentale du pays en son article 14 qui promeut la participation égale de l’homme et la femme dans la gestion du pays.

Agnès Sadiki indique que son regroupement politique le Front Commun pour le Congo (FCC) dont le PPRD est membre, sensibilise déjà les femmes et leaders des partis politiques à travers l’implication des experts de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour fournir des explications claires sur les neufs innovations que renferme la loi électorale surtout sur celle de l’alignement massif des femmes sur les listes électorales des partis et regroupements politiques.

” Nous avons déjà commencé à sensibiliser les femmes politiques avec les chefs des partis politiques membres de notre regroupement FCC afin que les femmes soient désormais alignées massivement sur les listes électorales. Notre objectif est que, les femmes se portent candidates, soient alignées et raflent les plus des voix possibles pour se faire élire”, Explique-t-elle.

“Nous sensibilisons également les femmes dans le cadre de la vulgarisation de la nouvelle loi électorale. Pour le faire, on implique les experts de la CENI que nous invitons pour qu’ils viennent expliquer aux femmes et aux responsables des partis politiques, les contenus de cette loi électorale mais aussi les innovations qui en découlent dont celle de l’article 13 sur l’alignement massif des femmes et filles sur des listes électorales”, confie Agnès Sadiki.

Cette dernière pense qu’une autre stratégie pour les partis et regroupements politiques pour la participation massive des femmes aux élections de 2023, est de mettre un accent particulier sur les adhésions massives des femmes au sein des formations politiques.

«Lorsqu’on parle des listes électorales des partis et regroupements politiques, il faut que les femmes adhèrent officiellement et massivement dans des partis politiques pour être alignées. Et quand on les aligne, il faut maintenant les accompagner d’une manière exceptionnelle pour que nous arrivions à obtenir le résultat, celui d’aligner et de faire élire massivement les femmes dans différentes circonscriptions électorales », a-t-elle ajouté.

De son coté, Jean Baptiste Kasole porte-parole de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) fédération du Sud-Kivu laisse entendre que, son parti politique a une idéologie socialiste d’égalité de sexe, des chances et des compétences. Pour lui, la nécessité des femmes à compétir aux prochaines élections selon leurs compétences pour qu’elles gagnent ces élections et concrétiser la participation des femmes dans la gestion du pays est très capitale.

« Nous à l’UDPS, on prône les compétences et ces compétences-là, on peut les puiser au sein des femmes tout comme au sein des hommes. Quand une femme démontre ses compétences, on ne sait pas privilégier un homme à la place de la femme à l’UDPS. Nous avons des stratégies pour arriver à la participation massive de la femme aux élections de 2023. La première stratégie on sensibilise la femme à prendre courage de bien faire la politique. Au sein de notre parti, on a la ligue des femmes et celle des jeunes. Nous le considerons comme pépinières du parti et voilà pourquoi notre stratégie consiste à encadrer la femme au sein de la ligue des femmes », a-t-il expliqué.

Kasole fait savoir que leur parti politique sensibilise les femmes à travers les matinées politiques pour s’approprier tout d’abord le processus électoral, ensuite les encadrer de façon permanente pour qu’elles se sentent prêtes à se porter candidates aux différents scrutins.

Solange Lwashiga, secrétaire exécutive du caucus des femmes pour les Droits et la paix, estime que les différentes stratégies déjà développées par certains partis et regroupements politiques sont favorables pour la participation électorale des femmes aux prochaines élections. Elle appelle en outre les autres partis politiques de ne ménager aucun effort dans le processus de mobilisation des femmes sur les innovations de la loi électorale pour arriver à leur alignement massif sur les listes électorales.

” Nous encourageons ces partis politiques avec cette proactivité de bien comprendre ces innovations de la loi électorale et particulièrement celle liée à l’alignement d’au moins 50% des femmes pour être exemptés de la caution électorale. Nous pensons que les autres partis politiques qui traînent encore les pas devraient vraiment saisir cette opportunité de la loi électorale”, poursuit Lwashiga.

Elle fait savoir que son organisation avec d’autres organisations accompagnatrices des ambitions politiques des femmes se sont déjà fixées des stratégies pour arriver à la participation massive des femmes aux élections de 2023. Elle relève que parmi ces stratégies il y a; la vulgarisation de la nouvelle loi électorale et surtout de son article 13 qui consacre l’alignement massif des femmes sur les listes électorales des partis et regroupements politiques et rencontrer par la suite les responsables des partis politiques pour échanger avec eux sur les avantages de cette loi électorale paritaire.

«Pour nous les structures accompagnatrices des femmes, la stratégie est de mobiliser des électeurs et électrices potentiels sur l’importance de voter pour des femmes surtout dans ce contexte où nous essayons de voir et on constate malheureusement que c’est plus de 90% d’hommes qui sont aux postes de responsabilités politico-administratifs. Quand les hommes dirigent eux-mêmes, c’est un échec or, si on dirige en impliquant les femmes, ça une complémentarité dans les compétences pour obtenir un changement », martèle Lwashiga.

Pour Maître Néné Bintu, avocate au barreau de Bukavu, les partis politiques ont tout d’abord l’obligation d’éduquer leurs militants, de respecter la loi de 2006 qui régit les partis politiques.

“La nouvelle loi électorale a été votée le 29 juin 2022 et l’article 13 est clair par rapport à la participation de la femme dans les prochaines échéances électorales. L’article 13 donne le quota qui doit être respecté par tous les partis et regroupements politiques, soit 50% de représentativité des femmes sur les listes électorales et donc c’est un article qui vient en appui à l’article 33 de la loi de juillet 2015 portant modalités de mise en œuvre de la parité homme-femme tel qu’inscrite dans la constitution de la RDC en son article 14”, explique-t-elle.

“Cette parité doit être observée au sein des formations politiques et dans toutes les institutions. Cela, dans tous les échelons de prise de décision du sommet à la base. Les partis politiques doivent avoir comme obligation de vulgariser cette loi. Il ne suffit pas de la vulgariser seulement mais de la faire respecter en alignant les femmes à proportion égalitaire car, les femmes qui ont des compétences existent », Déclare Me Néné Bintu.

Elle fustige le fait que la loi électorale ne soit pas contraignante. Me Néné Bintu pense que cette loi devrait déclarer irrecevable toute liste qui n’aurait pas tenu compte de 50% de femmes.

Elle appelle la CENI à mettre en place les modalités d’application de la nouvelle loi électorale pour la promotion de la participation massive des femmes aux prochaines élections.

Selon Me Néné Bintu, pour formaliser leurs stratégies déjà développées en faveur de la promotion de la femme, les partis et regroupements politiques doivent vulgariser la loi électorale au sein de leurs ligues de femmes.

Ce que soutient Agnes Sadiki qui estime que, les femmes politiques devraient se ranger en position des tirs pour leur élection massive aux élections de 2023. Ces dernières doivent manifester leurs ambitions et compétences afin d’arriver à leur alignement massif sur les listes électorales.

Sadiki invite cependant les femmes candidates et électrices à la solidarité pour gagner les élections de 2023. Ceci avant de plaider pour l’alignement massif des femmes influentes capables de gagner les élections à tous les niveaux pour le bien-être de toute la nation congolaise.

 

Moïse AGANZE, JDH

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