Sud-Kivu : Des femmes reçoivent difficilement des promotions dans des entreprises

A Bukavu, les femmes demeurent peu nombreuses à occuper des postes de décision dans les entreprises tant publiques que privées.  Mais le grand progrès s’observe dans le secteur privé. Surtout pour les organisations féminines qui luttent pour l’égalité des genres qui prêchent par l’exemple. 

A Bukavu, dans plusieurs entreprises commerciales des hommes occupent des places stratégiques et décisionnelles. Mais la femme reste souvent aux postes de logistique, de réception ou encore à la perception.

Une ONG locale, le Comité d’autopromotion à la base (CAB), ancien Comité Anti Bwaki, a mené une auto-évaluation sur le respect du genre. L’étude qu’elle a réalisé à révélé que  l’homme et la femme y sont représentés mais c’est toujours l’homme qui reste à la tête et les femmes ne viennent qu’en deuxième niveau.

Une source qui a requis l’anonymat nous révèle qu’au sein du CAB, il y a un pourcentage élevé des hommes que des femmes et tous ces hommes viennent en premier lieu.

” Ici je sais que nous n’avons que quatre filles et tous les autres environ quinze sont des hommes. Parmi ces filles, une seule est chargée des programmes à la télévision de notre organisation et les autres sont des subalternes de ces hommes” a-t-il renchéri.

Une dame qui a requis l’anonymat qui travaille dans un établissement privé dans la ville de  Bukavu, pense que la discrimination de la femme dans les entreprises est conçue de la manière que les hommes ont dès le départ mis dans leurs réflexions que la femme reste faible.

” Nous ne sommes pas considérées parce que c’est simplement ça ce que des hommes ont voulu. Je suis ici mais je dois donner à un homme le rapport, je ne peux pas prendre une décision même si je sais que la femme de mon patron est présente, il faut qu’elle attende aussi son mari pour décider sur les décisions qui concernent l’entreprise”, a révélé cette source.

Des organisations de défense des droits des femmes prêchent par l’exemple.

Des structures citoyennes et celles qui luttent pour l’égalité  Homme-femme s’activent également pour éveiller et pousser la femme à acquérir déjà l’expérience dans la gestion.

Dans la structure Action pour le Développement Environnemental, Genre et Développement durable au Kivu, dirigée par madame Madeleine Bwenge, l’on y respecte la parité. Madeleine Bwenge affirme avoir dans sa structure des hommes et des femmes après avoir compris que les femmes ont des bagages pour diriger.

” A un certain moment il faut que les hommes comprennent qu’ils ne sont pas les seuls qui savent faire ou diriger, il ya actuellement des femmes capables mais l’homme se met en tête toujours que la femme ne vaut rien malgré sa qualification”, pense-t-elle. 

Le Conseil des Organisations Féminines agissant en Synergie COFAS en sigle, représenté par sa secrétaire exécutive Kusinza Nyenyezi Joséphine, fait savoir que cette organisation se veut une entreprise qui prône aussi l’égalité des genres.

« Notre organisation est féminine et ça ne veut pas dire que nous devons y trouver uniquement des femmes mais nous sommes mixtes », explique Joséphine.

« Néanmoins, les femmes occupent des places de prise de décision parce que nous voulons promouvoir cette dernière. Prendre une décision au sein de notre institution COFAS émane de l’assemblée générale où nous nous retrouvons tous pour une mise en commun. Cette assemblée générale est dirigée par une femme et tous sommes régies par des textes et statuts qui font la hiérarchie dans la prise des décisions chez nous”, ajoute-t-elle.

 

Pour les défenseurs des droits humains et ceux de la femme.

Me Néné Bintu, activiste des droits humains et coordinatrice du collectif SIMAMA CONGO, souligne que la femme a été négligée pendant longtemps dans les entreprises à Bukavu. La femme reste au niveau bas dans les entreprises.

” Mon analyse est mitigée  parce que beaucoup de femmes n’accèdent pas aux postes de responsabilité. La femme est toujours discriminée à cause de la non promotion des ses compétences, mais quand même actuellement, on assiste à une petite évolution quant à la considération de la femme parce qu’elle se retrouve dans les entreprises bien qu’à un taux faible. La seule lutte chez nous c’est que, la femme soit à même de diriger et que les chefs d’entreprises comprennent cette nécessité”, souligne-t-elle.

Elle poursuit en disant que les avantages liés à cette participation de la femme sont l’épanouissement social de la femme, le renforcement du pouvoir économique et l’autofinancement de celle ci. Néné Bintu demande aux femmes de ne pas se décourager mais qu’elles restent compétitives dans leurs manières et chacune à son niveau pour accéder à des postes de prise de décision.

Solange  Lwashiga du mouvement Rien sans les femmes, indique que sa structure continue de faire des plaidoyers pour que la femme se retrouve dans les instances de prise de décision dans les organisations et entreprises.

” Depuis 2015 à la création du mouvement Rien sans les femmes, nous plaidons pour qu’il y ait égalité homme-femme dans toutes les organisations et à tous les niveaux sur base de l’article 14 de la constitution qui plaide pour la parité homme-femme sans discrimination”, declare-t-elle.

” Au sein des entreprises, la femme reste invisible, ce n’est pas à dire qu’elle ne s’y trouve pas mais quand même elle n’a pas une place visible. Elle est dans les directions, dans les comités de gestion mais n’occupe aucune place de prise de décision et sa participation est minoritaire. Elles sont rares parce qu’ il y a une pesanteur traditionnelle qui reste jusqu’aujourd’hui un défi à relever pour notre société. Tout cela est dû au manque de la promotion des compétences féminines coutumes ce qui fragilise et minimise la femme”, poursuit Solange Lwashiga.

Certains hommes aussi demeurent pessimistes dans la gestion de la femme, a rétorqué monsieur Jean Morrot Tubibu, animateur au groupe JÉRÉMIE, une association de promotion  et de la défense des droits humains et d’éducation civique. 

Tubibu pense que la femme ne doit pas se laisser faible à cause des coutumes parce qu’on voit déjà sa capacité d’agir comme l’homme. Elle devra user de sa souplesse pour qu’elle soit à même de diriger. Qu’elle soit confiante en elle-même pour y arriver. 

Les juristes pensent que la femme se réalise dans son travail lorsqu’elle se retrouve dans une place où elle même prend une décision et oriente ses opinions. 

Maître Aimé Bisimwa Mufungizi, chargé des questions juridiques au Conseil Diocésain Justice et Paix de Bukavu, pense que la participation de la femme dans les instances de prise de décision reste préoccupante dans le sens que la femme en elle même n’a pas découvert ce dont elle est capable de faire. Il pense que nombreuses lois ont donné à la femme la place mais elles restent d’inapplication. D’une part, il ya la faiblesse incarnée de la femme qui reste endormi pensant que seul l’homme doit avoir un poste. D’autres parts, c’est la coutume qui a anéanti la femme. Nous avons par exemple des pays dirigés par des femmes ce n’est pas à dire que là les hommes ne sont pas capables mais là on a compris que la femme sait assumer une responsabilité. Des lois qui donnent place à la femme sont méprisées par certains chefs d’entreprises. La parité homme femme dans notre constitution à son article 14, donne la chance d’égalité entre l’homme et la femme. Sur le plan international, il ya la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme, il ya la Charte Africaine et le Code de la famille, qui parlent de la place de la femme et son intégration dans la communauté.

Homer Bulakali, député provincial élu de Bukavu, fait une analyse négative dans la représentation de la femme au sein des organisations à Bukavu. Les femmes n’occupent même pas la majorité des places au niveau local.

” Il y a lieu d’avoir de l’espoir mais pas effectif. Les hommes contestent la femme dans la direction parce qu’ils ne veulent pas être dirigés. Nous parlons chaque fois de cette question mais les résultats n’ont jamais atteint un niveau adéquat. Les récentes nominations au gouvernement provincial montrent à titre d’exemple comment elles ne sont pas représentées effectivement. J’en appelle à la conscience de la femme pour qu’elle puisse être compétitive pour briguer les postes au sein des institutions.” Suggère-t-il

L’égalité des genres est essentielle pour parvenir aux droits humains pour tous. Quelles que soient les traditions juridiques de nombreuses législations continuent d’institutionnaliser le statut du citoyen de second rang des femmes et des filles en matière de nationalité et de la citoyenneté, de santé, d’éducation de droits matrimoniaux, de droits parentaux et des droits d’héritage et de propriété.

Pacifique Mulemangabo

Un commentaire sur « Sud-Kivu : Des femmes reçoivent difficilement des promotions dans des entreprises »

  1. C’est vraiment une situation que nous déplorons tous , la femme est digne et capable d’occuper certains postes de responsabilité . Non aux pareils actes ❌❌❌

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