La stigmatisation des survivantes des VSBG, un défi dans la protection des droits des femmes et filles dans le village de caminunu au Sud-Kivu

Le Sud-Kivu est parmi les provinces de la RDC ayant connues des cas des violences sexuelles et basées sur le genre. Une situation qui a résulté des guerres à répétition dans certains coins du Sud-Kivu. Des survivantes sont restées pour la plupart sans réparation dont certaines ont du mal à s’intégrer suite à la stigmatisation dont ils font objet. A Chaminunu dans le groupement de Kalehe, des Sud-Kivutiennes connaissent cette situation car survivantes des VSBG.

Dans cette partie du Sud-Kivu, des survivantes sont de plus en plus stigmatisées et considérées par certaines personnes dans leur communauté comme une machine de production selon des témoignages. Nos sources affirment qu’elles ne jouissent pas effectivement de leurs droits. Leurs bourreaux circulent librement dans leur village, sans aucune interpellation.

L’une d’entre elle madame SaKashi (nom d’emprunt) témoigne: « C’était en 2017, pendant les heures du soir quand je revenais du marché de Butwashenge à plus de 20 km de chez moi. J’avais rencontré en cours de route, trois jeune hommes chacun avec son arme. Ils m’avaient intimidé et obligés de donner l’argent que j’avais avant de coucher avec eux tour à tour”, Explique-t-elle avec angoisse.

“Gloire à Dieu, poursuit-elle; je n’avais pas été tué”, Se console-t-elle avec des larmes aux yeux.

“Suis arrivée chez moi trop tard sans rien dire à mes voisins ni à mes enfants car mon mari était en voyage dans un autre territoire de la province où il faisait du commerce”, Explique-t-elle.

“Deux mois plus tard, je me suis rendu compte que je suis enceinte”, Révèle-t-elle.

“Au retour de mon mari, je lui avais rencontré tout ce qui m’était arrivé. Malheureusement il m’avait chassé de la maison. Je suis allée chez mes parents biologiques où je vis actuellement”, Regrette-t-elle.

“Aujourd’hui, nous dit-elle, je suis considérée comme sans valeur aux yeux des gens car, mon histoire est connue de presque tous et même, un petit enfant».

Ayant été aussi victime d’un viol comme Mme Shakashi , Mme Kazifu (nom d’emprunt) a été oblige pour sa part, d’abandonner les études tout simplement parce qu’elle est survivante de viol.

« Je me rappelle un jour aux environs de 17h30 quand je revenais de la chorale dans notre église pour la maison, j’avais rencontré deux hommes qui étaient sortis dans la brousse juste devant moi. Ils m’avaient obligé à coucher avec eux. J’avais résisté au départ mais, quand l’un d’eux qui avait une arme voulait tirer sur moi, j’avais fini par céder par peur”, Explique-t-elle avec tristesse.

“Certains habitants de notre village étaient venus au secours mais c’était déjà tard car ils étaient déjà partis me laissant par terre. Les mêmes personnes qui m’avaient secouru, avaient partagé mon histoire dans ma famille et auprès des mes amis”, Regrette-t-elle.

“Quand je quittais chez moi pour aller quelque part, j’étais hué par les gens en cours de route. Même mes ami-es à lécole les faisaient à mon égard. J’avais jugé bon par la suite, d’abandonner les études et rester à la maison pour faire des travaux champêtres».

Monsieur Shasha Rubenga point focale de l’alerte précoce de l’association des femmes des médias (AFEM) basée à Kalonge, révèle que sa structure a toujours fait des séances des sensibilisations à la population, afin que les survivantes ne soient pas stigmatisées dans le village de Chaminunu. Il invite dautres partenaires à leur emboîter le pas pour faciliter lintégration sociale des survivantes des VSBG dans la zone.

«La stigmatisation des survivantes des violences sexuelles et basées sur le genre est une réalité dans le groupement de kalonge, surtout dans le village de chaminunu”, Affirme-t-il.

“Nous, nous faisons de notre part, la sensibilisation de la population à travers des émissions radio, mais également avec des campagnes de sensibilisation sur terrain. Nous pensons que c’est un processus, c’est pourquoi nous demandons l’intervention des autorités et d’autres partenaires pour faire encore plus», sollicite-t-il. (SON)

Pour sa part, monsieur Yoweli Nyabirungu, militant du mouvement citoyen observatoire pour la bonne gouvernance OBAPG en sigle sous noyau du groupement de Kalonge, dénonce de son côté l’impunité des bourreaux des survivantes des VSBG qui circulent librement à Kalonge. Il déplore pour ce fait, l’absence de l’autorité de l’Etat qui selon lui, serait à la base de la situation d’exposer les survivantes à la stigmatisation.

«Notre population n’est pas assez informée en ce qui concerne la lutte contre la stigmatisation des survivantes des VSBG. Nous demandons aux autorités de prendre leur responsabilité et de bien jouer leur rôle pour mettre fin à cette situation, surtout sanctionner ces bourreaux qui pillent, volent et violent nos sœurs», Interpelle-t-il.

Maitre Aimedon Gwabaluka Cizungu, défenseur judiciaire au tribunal de grande instance de Kavumu quant à lui, précise que toute personne qui aura commis un viol, soit à l’aide de menaces ou par contrainte et stigmatisation, est sanctionnée par la loi du 20 juillet 2006 sur les violences sexuelles à son article 170 alinéa 1. Cela, à une sanction de 5 à 20 ans de servitude pénale avec une amende de pas moins des 100.000Fc de dommage et intérêt.

James Musigwa chef du ressort administratif du groupement de Kalonge, promet pour sa part de s’investir enfin que la responsabilité soit établie, non seulement punir les coupables selon la loi, mais aussi sensibiliser les habitants sur le respect des droits de survivantes.

« Depuis un certain temps, nous sommes au courant que certains élément des groupes armées raiya Mutomboki sont à l’origine des différents comportements contre les bonnes moeurs dans notre entité administrative, mais nous personnellement n’allons nous investir afin que la responsabilité soit établie, et sanctionner les coupables conformément à la loi, mais aussi sensibiliser la population à considérer les survivantes comme des êtres humains dans notre communauté», Rassure-t-il.

Ce reportage a été réalisé grâce à l’appui de l’Organisation internationale journalists for Human Rights JHR/JDH-RDC.

Philémon Mutula

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