Kalonge : les cas de mutilation sexuelle sont en baisse depuis 8 mois (article de suivi)

Le groupement de Kalonge est situé à plus de 300 Km de la ville de Bukavu en territoire de Kalehe dans la province du Sud-Kivu. Ce groupement a été plusieurs fois victime de l’insécurité causé par des groupes armés présents dans cette contrée. Leur présence, affecte négativement le vécu quotidien de la population en général et particulièrement celui des femmes et des jeunes filles qui sont victimes des violences sexuelles et parfois des mutilations génitales.

Au mois d’avril 2021, nous avions réalisé un reportage sur les violences sexuelles commises à Kalonge https://jambordc.info/20657/ . Nous avions appris de la bouche du médecin directeur de l’hôpital général de référence de Kalonge que sur les 100% des cas des violences sexuelles, 20% de ces cas sont des mutilations génitales dont sont victimes les femmes. Il a ajouté aussi que les survivantes de ces violences sont à 60% des mineures.

« Pour l’instant, nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a pas des cas de violences sexuelles mais pour l’instant ils sont sporadiques. Avec la présence des groupes armés, il est difficile de dire que les violences sexuelles peuvent prendre fin à Kalonge. Mais comme je peux vous l’affirmer, nous avions déjà enregistré une baisse de 40% des cas. Et pour les mutilations là c’est devenu des cas très rare », renseigne le médecin directeur de l’HPGR de Kalonge, Dr Jean Luc Kubamburanzi.

Les groupes armés continuent à semer la terreur dans plusieurs territoires de la province du Sud-Kivu. Les organisations de la société civile n’ont pas cessé d’alerter sur des cas de tueries et des violences dont la population est victime. La fin de ces atrocités reste perplexe car la population semble y croire juste en rêve.

« Nous dénonçons auprès de nos autorités à chaque fois qu’un cas suspect est signalé dans notre groupement. Certes que les violences existent toujours mais avec moins de cas, mais cela ne veut en aucun dire qu’elles ont disparu. Tant que les groupes armés seront dans le parage, la population ne sera pas en sécurité. Nous continuons à plaider auprès des autorités pour que les effectifs de la police et de l’armée soient augmentés afin qu’ils traquent et mettent fin à cette insécurité. Mais aussi, l’on devrait penser à permuter les anciens éléments de l’ordre qui ont déjà fait plus de 5 ans à Kalonge », souligne Justin Mushi, président de la société civile sous noyau de Kalonge.

Par ailleurs, le chef du groupement Kalonge, se réjouit de la présence des éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo, FARDC, qui sont visibles dans sa juridiction depuis le mois d’août de l’année dernière. Il ne nie pas l’enregistrement de cas de violences sexuelles mais selon lui, ce sont des cas isolés car Kalonge respire un nouvel air de sécurité avec une baisse sensible des cas des VSBG.

« Nous avions espoir dans l’éradication des violences sexuelles à Kalonge. C’est vrai que dans certains coins il y a encore certains rebelles mais avec la présence des FARDC à Kalonge, nous espérons que c’est une question de temps pour que ces groupes armés déposent les armes. Mais, nous continuons à demander aux autorités militaires de renforcer encore les effectifs car dans des coins très reculés de Kalonge comme Cibinda, Caminunu, Bishishi etc…les FARDC sont quasi inexistantes là-bas, et c’est que les violences sexuelles sont enregistrés », précise Nakalonge Charagabwa, chef de groupement Kalonge.

Les violences sexuelles et celles basées sur le genre continuent d’être une réalité à l’Est de la RDC. Du jour au lendemain, au moins 10 femmes sont violées dans cette partie du pays. Pourtant, la République Démocratique du Congo, est riche en texte relatif aux droits humains et aux violences sexuelles et celles basées sur le genre.

« Nous avons de très beaux textes qui luttent contre les violences sexuelles. Mais qui pourra les exécuter avec l’impunité qui pèse sur les épaules de nos dirigeants. L’article 170 et 167 alinéa 2 de la loi de 2006 est très clair en ce qui concerne le viol. Et l’art. 174.G de la même loi qui revient sur les sanctions des auteurs hommes ou femmes, de la mutilation. La loi prévoit une peine de 2 à 3 ans et une amende de 200 mille francs congolais . Et dans le cas où, la mutilation conduit à la mort, le bourreau est sanctionné par une peine à perpétuité. Mais, avec l’impunité qui est présente dans notre pays, la mise en pratique de ces textes restent parfois utopique », explique Me Pascal Mupenda, avocat au barreau de Bukavu.

Le changement est un processus dit-on. Le chemin est encore long pour éradiquer le fléau des violences sexuelles et celles basées sur le genre, sur toute l’étendue du pays.

Esther Kanga, JDH.

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