A Kabare dans le Sud-Kivu, des femmes autochtones souhaitent être informées sur le processus électoral pour mieux exercer leur droit civique

La participation des femmes autochtones dans le processus électoral en RDC reste un défi à relever. Pour celles du groupement de Buyungule dans le territoire de Kabare au Sud-Kivu, elles crient à la discrimination en leur défaveur. Elles affirment être ignorées lorsqu’il s’agit des sensibilisations électorales pour permettre leur participation massive dans cet exercice citoyen au pays.

Madame Chancelle Bisimwa, une des femmes autochtones, affirme que la discrimination à leur égard est l’une des questions les plus alarmantes auxquelles le territoire de Kabare est confronté aujourdhui. Selon elle, des femmes autochtones “pygmées”, ne sont pas les seules qui subissent cette discrimination mais plutôt, c’est toute leur communauté pygmée qui vit cette situation. C’est la cause principale de la non-implication des membres des communautés autochtones dans le processus électoral à Kabare.

“Les organisateurs des élections, les autorités du Territoire de Kabare et provinciales ne nous ont jamais sensibilisées”, Déclare-t-elle.

“Moi-même je pourrais m’y impliquer mais le manque de notion sur les élections fait défaut. Je pense que c’est parce que nous n’avons jamais été sur le banc de l’école que les autres communautés qui font partie de l’organisation des élections ignorent notre existence”, Regrette-t-elle.

Madame Bisimwa ne désarme pas. Elle appelle cependant les membres de sa communauté pygmée Batwa à s’engager dans le prochain processus électoral. Elle appelle aussi les autorités tant locales que provinciales à sensibiliser et former la communauté autochtone sur les élections. Cela pour permettre de contribuer d’une manière responsable au développement de notre pays avec l’implication de toutes les communautés qui y vivent.

Madame Minani Bakongo femme autochtone et membre de la communauté Batwa, abonde aussi dans le même sens que Chancelle Bisimwa. En allant plus loin, elle pense que cela est un manque de considération pour les femmes de sa communauté.

« Je suis étonné de voir que nous, peuple autochtone “pygmés” nous puissions être détesté par la société. On nous dit que nous ne pouvons pas aller au-delà de ce que nous sommes. Qui sommes-nous si nous ne sommes pas comme d’autres personnes ? », S’interroge-t-elle.

A elle de poursuivre, …

“Les autres communautés nous considèrent comme des forestiers. Donc, par conséquent nous ne pouvons rien donner comme contribution à la société congolaise”, S’interroge-t-elle.

“Mon époux et ma communauté ne sont pas contre ma participation dans les processus électoraux. Bien au contraire, ils pourront être fiers de m’accompagner”, Ajoute-t-elle.

Cizungu Ntavuna chef pygmée et représentant du peuple autochtone pygmée au Sud-Kivu parle des difficultés que traversent les membres de sa communauté. Une femme autochtones pygmée est capable d’affronter tout le processus et adhérer meme dans des partis politiques. C’est seulement par manque des voies et moyens, par l’ignorance des notions sur les élections qu’ils ont peur d’être humiliés et stigmatisés par les autres communautés.

“Premièrement je suis ravi de voir que le média nous donne la place de s’exprimer, nous avons des difficultés d’être intégré dans la gestion du pays. Mais curieusement c’est le cas parce que nous aussi, nous sommes souvent passifs devant notre droit de voté au-delà de la discrimination et de la stigmatisation dont nous sommes parfois victimes”, explique-t-il.

“Actuellement pour avoir des facilités de participer dans la gestion du pays, l’adhésion dans des partis politiques reste aussi une des voies pour y arriver. C’est parmi les exigences qui s’imposent à nous. Ce qui fait que, les femmes pygmées ne s ‘y impliquent pas, voire même toute la communauté n’est pas à mesure de les accompagner car la stigmatisation et la discrimination renforcent notre passivité”, Révèle-t-il.

Une certaine opinion affirme que les pygmées ne s’impliquent que très peu dans le processus électoral. Cette faible implication est due à l’analphabétisme, l’ignorance, le manque des moyens, d’information et de la marginalisation.

Douce Namwezi, directrice de l’organisation Uwezo Afrika et experte en genre, rappelle que les élections sont pour tout le monde et non à une catégorie de personnes ou des femmes. Pour elle, les problèmes qui se posent et que les femmes autochtones pygmées n’ont pas étudié pour mieux se cultiver sur tous les plans et s’ingérer dans tous les secteurs de la vie publique (économique, sociale et politique).

Elle appelle toutes les femmes autochtones à briser la peur pour surmonter tous les freins sociaux ou éducationnels qui peuvent les empêcher de participer aux élections. Selon elle, ce n’est pas par la passivité des membres de la communauté autochtones qu’on va avoir l’hétérogénéité politique.

Maître Musafiri Lunamba Claude, quant à lui revient sur l’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme DUDH qui stipule que :« tous les hommes naissent libres, et égaux, en dignité tout comme en droit ».

C’est dans cette optique que la participation aux processus électoraux doit demeurer égalitaire pour tous. Pour lui, il convient de savoir que dans ce nombre, même les femmes pygmées y figurent.

Dans la suite de ses propos, il évoque également l’article 12 de la constitution de 2011 qui stipule aussi que ; “Tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection et de droit”.

Interrogé à ce sujet, le chef d’antenne de la CENI Kabare Jean-Marie Kajemba révèle que, ce sont les ONG qui accompagnent les peuples autochtones pygmées qui viennent vers eux pour solliciter l’expertise de la CENI dans le cadre de la sensibilisation en matière électorale. Il rassure cependant, de la disponibilité de son service pour approcher toutes les couches de la population.

“Nous sommes prêts à aller vers eux en partenariat avec leurs ONG pour que la communauté pygmée soit impliquée”.

Pour Jean-Marie, malgré que la plupart des pygmées n’ont pas fait les études mais cela n’est pas un motif pour leur exclusion de participer dans le processus électoral.

“Nous venons de nous acquérir de la situation et nous allons y travailler pour qu’à la prochaine élection tout le monde participe”, Affirme-t-il.

Pour Kajemba, cette information de non-implication du peuple autochtone dans le processus électoral par manque de sensibilisation électorale, arrive au bon moment. Il rassure que la CENI s’apprête déjà à son niveau pour la phase de la sensibilisation électorale.

Thadée Miderho Lunjwire, Administrateur du territoire de Kabare pour sa part, rassure que nulle part dans les textes légaux de la RDC on autorise que la femme pygmée soit écartée ou discriminée dans le processus électoral. C’est pourquoi selon lui, la femme autochtone a le droit de voter et de déposer sa candidature comme toute autre femme congolaise.

“Nous à notre niveau, nous prêchons toujours pour une bonne collaboration entre les Bantous et les peuples autochtones pygmées. Cela, pour qu’il y ait toujours un bon climat d’attente entre les deux communautés car, souvent les peuples pygmées restent enfermés sur eux même malgré que, cette façon de vivre ne va rien nous servir tous pour faciliter l’implication des uns et des autres dans la gestion de la chose publique”, explique-t-il.

Il demande aux femmes autochtones pygmées de s’intégrer et s’impliquer dans la société surtout comme s’annoncent pour les prochains jours en RDC.

Divine Kashali, JDH.

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