Sud-Kivu : Des blessés de guerre mendient dans les rues de Bukavu

Ils sont des enfants, des adolescents, des vieillards visibles sur les artères de la ville de Bukavu. En nombre indéterminés, ils quémandent de l’argent aux passants pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Pour comprendre les raisons de cette pratique, la rédaction de Jambordc.info  est allée à la rencontre de certains mendiants qui s’expriment.

« Je suis un blessé de guerre depuis bientôt 20 ans. Depuis lors, je ne perçois aucun salaire du gouvernement et si je ne quémande pas dans cette ville, je ne peux pas manger. Je suis ressortissant du Kasaï, je n’ai pas de famille à Bukavu. Depuis cet incident, mon épouse est partie avec les enfants me laissant seul et je suis incapable de rentrer chez-nous au Kasaï », a expliqué Lokombe Njadi, un sexagénaire et militaire des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) vivant au quartier Panzi dans la commune d’Ibanda.

Des enfants ne sont pas épargnés. Orphélins et démunis, tous ne manquent pas au rendez-vous. Certains parmi eux avouent être envoyés par leurs parents qui, eux aussi, n’ont pas du travail pour répondre tant soit peu, à leurs besoins.

« Je m’appelle Marie Safari, j’habite chez Maria Kachelewa. Je vis avec mon père et mes 6 petits frères et sœurs depuis la mort de notre mère. Mon père nous réveille chaque matin et nous envoie mendier de l’argent chaque jour. Mon père est sans emploi, le peu d’argent que nous apportons, c’est ce qui nous aide à vivre. C’est moi qui achète de la nourriture. Le reste, mes petits frères et moi le remettons à mon père », confie la jeune fille âgée d’au moins 13 ans.

A l’en croire, ils réalisent entre 500 et 10 mille francs congolais chaque jour.

Parmi ces mendiants, l’on retrouve diverses catégories. C’est le cas d’un certain Papy Pangras, habitant du village de Mudaka et vivant avec handicap.

« Je mendie dans la ville de Bukavu depuis 25 ans. Je suis marié et père de 7 enfants, j’ai été victime de la méningite. Je mendie puisque je n’ai pas à faire mais aussi je n’y gagne pas grand-chose. C’est, soit 2000fc ou plus que je gagne par jour. Je n’ai pas étudié mais je peux faire quelques métiers », s’est-il ainsi exprimé.

Par ailleurs, les personnes de troisième âge et des femmes, dans la plupart de cas, font le tour de toute la ville également. Ils sont majoritaires chaque mardi et vendredi devant les portes de grandes sociétés, boutiques et magasins où ils bénéficient des vivres et non-vivres des personnes de bonne volonté.

Pascal  Kamanzi

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