Sophie (CICR) : « Nous espérons avoir brisé les barrières culturelles qui stigmatisent les victimes et les empêchent d’accéder aux soins »

Le comité international de la croix rouge (CICR) a organisé une campagne de sensibilisation sur l’assistance aux victimes des traumatismes et des violences sexuelles dans les villages situés à l’Est du territoire de Shabunda au Sud-Kivu.

Dans une interview réalisée avec jambordc.info, la déléguée au programme de santé mentale et psychosocial au CICR Sud-Kivu, Sophie,  a indiqué qu’à travers cette activité, le CICR a fait un premier pas pour briser les barrières culturelles et les tabous qui stigmatisent les victimes et les empêchent d’accéder aux soins dans cette contrée.

Qu’est-ce qui a motivé le CICR à organiser cette campagne ?

Dans le contexte des conflits, les actes des violences et spécifiquement de violences sexuelles sont nombreux et ont de graves conséquences sur les victimes. Ces cas de violences sexuelles nécessitent une prise en charge médicale en urgence, dans le 72heures qui suivent l’incident, afin de réduire les risques des maladies d’infections sexuellement transmissibles y compris l’infection par le VIH.

De même, les conséquences psychologiques graves pour ces victimes demandent un soutien psychosocial. Actuellement, plus de 80% des victimes de cas de viol arrivent pour la prise en charge après les 72heures de l’incident et d’autres ne consultent pas du tout. Ce qui constitue un problème pour les victimes et la communauté entière au vu des possibles conséquences dévastatrices.

L’implantation des maisons d’écoute est-elle une réponse efficace pour les victimes ?

Oui, c’est une réponse efficace. Pour cette raison, le CICR a construit deux maisons d’écoute à Nyambembe et à Lulingu après avoir formé le personnel qui apporte un soutien psychosocial aux victimes.

A quoi sert la maison d’écoute ?

La maison d’écoute est un endroit où a lieu la relation d’aide entre la victime et l’agent psychosocial dans le but d’alléger la souffrance, réconforter et rassurer la victime mais aussi l’aider à renforcer ses propres capacités à gérer ses difficultés. En plus, la maison d’écoute oriente les victimes vers les structures sanitaires pour leur prise en charge médicale. Tout cela se fait dans la confidentialité entre la victime et l’agent psychosocial.

Pour des habitants qui n’ont pas reçu ce message, quelles sont les stratégies pour les atteindre et les amener à consulter ?

Au cours de la campagne, le CICR a sensibilisé à travers des ateliers avec des personnes clés de la communauté telles que les leaders locaux, religieux, les agents de santé et à travers des théâtres participatifs. Pour toucher un grand monde, le CICR véhicule le message via les radios communautaires alors que les sensibilisateurs font la campagne porte à porte.

Comment se fait la réinsertion socio-économique des victimes ?

Le CICR centre beaucoup ses efforts dans la prise en charge psychosociale et médicale des victimes. Toutefois, Il travaille en réseau dans la communauté afin d’orienter la victime vers les services qui répondent à leurs besoins.

Qu’est-ce qui a été de positif au cours de cette activité ?

La campagne a été accueillie avec enthousiasme par la communauté. Nous avons vu un grand nombre de participants dans les ateliers et aux théâtres des comédiens qui véhiculaient le message clé. Avec cette campagne, nous espérons avoir fait un premier pas, pour briser les barrières culturelles et les tabous qui stigmatisent les victimes et les empêchent d’accéder aux soins.

Quel message adressez-vous à  la population ?

Nous demandons à la population de faire sien et de mettre en pratique le message clé de la campagne qui consiste à accueillir les victimes des viols, les référer aux structures de santé, les amener à la maison d’écoute et enfin, les intégrer dans la communauté et ne pas les stigmatiser. Que la population continue à véhiculer le même message à leur entourage.

Quel est le message du CICR à l’endroit des groupes armés actifs à Shabunda ?

Aux porteurs d’armes, le CICR continue à les sensibiliser au respect du Droit international humanitaire qui interdit des violences graves contre les personnes qui ne participent pas aux hostilités.

Ces activités ont touché les villages de Lulingu, Lolo, Milenda, Nyambembe et Tchonka dans l’Est du territoire de Shabunda.

Interview réalisée par Jean-Marie Mulume

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