Jean Moreau Tubibu : « Chacun de nous doit penser à sa sécurité, à celle de son voisin et de tout le quartier »

La dernière évolution de la situation sécuritaire en ce mois de juin 2018, avec à la clé braquages, vol à mains armées, ne rassure pas les habitants de Bukavu. Une situation volatile qui perdure depuis le premier semestre de cette année. Les activistes des droits humains montent de nouveau au créneau pour donner de la voix. A l’exemple de Jean Moreau Tubibu, animateur du groupe Jérémie, une organisation de défense des droits humains.

« A propos de l’insécurité qui bat son plein ici dans la ville de Bukavu, mon constat est amer, un désespoir. Cette insécurité fait que les gens perdent tout espoir dans la gestion de la cité qui est la ville de Bukavu. Puisque ça frappe n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Ce qui fait que la population est désemparée, désespérée et elle ne sait plus à quel saint se vouer », regrette-t-il.

En guise des pistes de solutions, ce défenseur des droits humains préconise l’institution des chefs de dix maisons communément appelé « Nyumba kumi » en kiswahili.

« Comme on le dit souvent, la sécurité est un problème collectif, de communauté c’est-à-dire que c’est tout le monde qui doit s’y mettre. Nous, habitants de la ville de Bukavu si nous pratiquions le nyumba kumi, le chef de dix maisons, comme il faut ça pourrait bien nous donner une solution », propose-t-il avant de renchérir : « La première étape pour avoir une solution c’est que la sécurité doit être individuelle. Chacun de nous doit penser à sa sécurité et penser à la sécurité de son voisin et de tout le quartier ».

A l’en croire encore, « la seconde étape, c’est celle de nyumba kumi, ça veut dire de savoir contrôler à tout moment qui entre dans notre quartier. Qui habite notre quartier. Qui fait quoi dans notre quartier. C’est un système très simple pour la sécurité. On peut déjà savoir comment se sécuriser », estime Jean Moreau.

Il met à contribution les habitants de la ville de Bukavu pour prêter main forte aux agents de sécurité afin de dénicher les hors la loi qui terrorisent les paisibles citoyens.

« La troisième étape, c’est celle de savoir dénoncer toute personne qu’on trouve suspecte dans notre quartier, avenue auprès de la police. Collaborer avec la police, la justice et le chef de nyumba kumi. C’est d’avoir un chef de quartier auprès duquel nous devons enregistrer tout visiteur qui arrive chez nous », confie-t-il à Jambordc.info.

Il estime par ailleurs que le concert des casseroles, sifflets et des brouhahas peuvent dissuader les bandits et alerté les éléments de la Police Nationale Congolaise.

« La quatrième étape, c’est quand il y a un acte d’insécurité dans notre quartier, nous puissions lancer la plus grande alerte possible, faire du bruit avec des sifflets, crier, taper sur les tonneaux, casseroles, assiettes ainsi de suite. Il faut avoir la police avec soi tout le temps. Il faut qu’on organise des réunions de sécurité dans notre quartier avec un petit comité de sécurité local ».

Jean Moreau préconise en définitive l’électrification des avenues, rues, ruelles et l’organisation des patrouilles jumelées police-population locale pour venir à bout de ces malfrats qui opèrent en réseaux organisés.

« La cinquième étape, savoir organiser des patrouilles mixtes donc se mélanger à la police, savoir éclairer son quartier. Avoir une lampe au-devant chaque maison. Je sais que l’électricité n’est pas assurée par l’état, c’est ça qui est grave. Mais si on peut avoir des panneaux solaires, qu’on se donne cette peine d’allumer une lampe devant chaque maison, dans les coins obscurs ça pourrait nous aider », conclut-il.

Les facteurs aggravants de l’insécurité à Bukavu restent encore cette problématique de chômage des jeunes, le trafic et la consommation de la drogue et les caches d’armes dans la ville.

Gisèle Banywesize

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