Éditorial: l’incendie d’Irambo, une tragédie sociale

Le drame survenu sur l’avenue Irambo à Luziba, l’une des cellules les plus populeuses du quartier Nyalukemba à Bukavu, illustre de façon tragique à quel point nos bourgades deviennent trop souvent des terres d’apartheid social.

Il y a des jours où Bukavu est la plus belle ville de la province du Sud-Kivu. Elle est aussi l’une des plus riches, des plus cosmopolites, des plus créatives, attirant, du monde entier, fortunes et talents.

Elle est fière et ouverte. Mais, ce vendredi 17 août 2018, à la tombée du soir, Bukavu dans sa partie Est, a eu un autre visage.

C’est celui d’une agglomération en feu. Et de centaines de malheureux, hommes, femmes, enfants, tous pris au piège d’un bidon ville sans système anti-incendie adéquat, sautant dans le vide ou suffoquant, enfermés dans leurs bicoques, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

C’est le visage de l’injustice ou mieux l’absence d’une urbanisation sociale la plus absolue, quand les pauvres n’ont pas droit à la sécurité physique dont bénéficient les riches.

L’on ne connaît pas encore la cause de l’incendie de la cellule de Luziba. L’ on ne sait même pas exactement combien de personnes ont péri dans le sinistre, faute de bilan officiel.

Tard dans la nuit de vendredi 17 août, plusieurs sources locales concordantes recensaient plus d’une centaine des maisons réduites en cendres et 2 morts dans la population de l’avenue Irambo majoritairement des enfants.

À l’horreur et à la stupeur devant pareille tragédie s’ajoutaient vite la colère et la rage : l’intervention tardive des sampeurs pompiers de la mairie de Bukavu.

L’ épicentre du drame est situé dans une vallée, l’une des parties la plus fréquentée de Bukavu.
Un véritable concentré géographique de la population locale à revenus moyens et sans revenus.

Déjà, l’autorité compétente se voit reprocher par les sinistrés, à tort ou à raison, un manque de compassion dans les heures qui ont suivi le drame.

En sus, la mairie est reprochée de ne pas placer des dispositifs anti-incendie adéquats pour l’ensemble de la ville.

La réflexion doit aller au-delà du drame d’Irambo.

À intervalles réguliers, Bukavu connaît des incendies dans des quartiers abritant une population très dense.

Là aussi, la sécurité est précaire, là aussi il y a des morts. Notre ville, nos quartiers deviennent trop souvent des terres d’apartheid social. La classe pauvre est oubliée.

En principe, les dispositifs anti- incendie devraient être multipliés ou triplés là où sont concentrées les populations défavorisées.

Eugide Abalawi Ndabelnze

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