Bukavu: Des enfants mineurs exploités dans des travaux lourds

Plusieurs enfants de Bukavu sont exploités dans des travaux lourds et qui ne correspondent pas à leur âge. C’est ce qu’on peut remarquer dans plusieurs coins de la ville de Bukavu.

Ces enfants sont souvent utilisés pour des travaux comme : le transport des pierres et des Bidons d’eau dans des maisons en construction, comme cuisiniers des pêcheurs œuvrant sur le lac Kivu et d’autres comme convoyeurs des minibus qui font le transport en commun dans la ville.

« Je viens ici pour transporter les pierres et puiser l’eau pour ceux qui sont chargés de construire pour qu’à la fin ils me donne de l’argent et de leur nourriture. Souvent ils me donnent 1000 francs congolais (FC) ⌠environ 0, 7 dollar US⌡ ou 1500 FC par jour. Si c’est le coulage de dalle, nous commençons à 7 heures jusqu’à 16 heures. Par jour si je compte, souvent je réalise au moins 20 bidons d’eau. Et si le chantier a son robinet, je ne fais que transporter le béton pour coulage. J’en transporte au moins 30 sacs de 25kg par jour », témoigne le jeune Murhula, âgé de 16ans, rencontré dans la cour d’une maison en construction sur l’avenue Bugabo.

Le témoignage de Murhula n’est pas différent de celui d’Emmanuel, un autre jeune de 14 ans, que nous avons rencontré au camp des pêcheurs utilisateurs des filets maillants à Kalengera dans la commune de Bagira.

 « J’ai déjà 2 ans dans ce travail. Je me réveille chaque jour à 4 heures  pour transporter les filets qui vont au lac pour la pêche matinale. A 6 heures je dois laver la bâche que nous allons utiliser lorsqu’on va enlever les fretins du filet. Lorsque les pêcheurs reviennent du lac vers 7 heures  ou 8 heures, c’est moi qui transporte le filet juqu’au lieu où se trouve la bâche.  A 11 heures, je commence à préparer la nourriture pour l’équipe des pêcheurs. Je malaxe au moins 4 kilos de farines pour toute l’équipe dans une grosse casserole. Et si la patte s’abime j’en sors la victime avec des injures. Certains même me font payer une autre farine. A 16 heures, je prends encore les filets pour les mettre dans la pirogue et cela pour faire la pêche de la nuit. A 22 heures, les pêcheurs reviennent du lac avec les filets puis je les mets encore sur la bâche pour démailler les fretins jusqu’à minuit. Je n’ai pas un contrat avec le patron. Il me donne un lot des fretins chaque fin de démaillage. Je peux les vendre à 500fc voir 1000fc si nous en avons beaucoup. Et c’est tout comme salaire. Et peut être cette nourriture que je profite gratuitement mais avec toutes les souffrances possibles. J’ai quitté ma famille parce qu’elle n’est pas capable de subvenir à mes besoins et le petit rien que je tire ici me   permet d’aider ma famille ».

En parcourant la ville de Bukavu nous avons trouvé que certains autres travaux jadis réservés aux adultes sont aussi  effectués par les enfants de moins de 18ans.  C’est le cas de ce garçon Amani, 15 ans, qui est convoyeur de bus dans la ville de Bukavu.

 « Je suis convoyeur depuis 9 mois. C’est un travail qui me garantie l’indépendance car quand j’étais chez moi je ne pouvais rien de moi-même. Je commence chaque jour à 5 heures 30 minutes pour finir à 21 heures. Mon patron c’est le chauffeur lui-même car je n’ai aucune convention avec le propriétaire du bus. Pendant la journée je ne mange que si le chauffeur décide de m’amener au restaurant. Il me paye environ 1500fc voir 2000 FC par jour et cela dépend des recettes de la journée.  J’ai des difficultés souvent car je suis négligé par certaines clientes en majorité des jeunes filles et femmes. Le chauffeur fait souvent une pression sur moi et après le travail je me sens épuisé pour avoir crié pendant toute la journée. Ce ci me fatigue beaucoup mais je n’ai pas des choix car je dépends ce travail».

Signalons que l’exploitation des enfants dans des travaux lourds et insalubres est interdite par la loi en République démocratique du Congo.

Bertin Nyabugeshwa

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