Appel à la journée sans véhicule à Bukavu : La Société civile a prêché dans le désert

Les propriétaires des véhicules de transport en commun, les conducteurs des taxis et quelques jeeps privées ont défié l’appel à la journée sans véhicule, ce vendredi 23 mars à Bukavu.

Alors que la Société civile du Sud-Kivu se dit préoccupée par le délabrement avance de la voirie urbaine et des routes dans le territoire, les transporteurs ont résolu de vaquer à leurs activités comme d’accoutumé.

Plus d’un comptent sur les recettes journalières qui constituent leurs moyens de survie et n’entendent pas comment garer leurs véhicules pour la cause soulevée par la société civile.

« C’est bon que la Société civile interpelle les dirigeants.  Mais, si l’état des routes est en dégradation, ce n’est pas aujourd’hui que ça commence. Le gouverneur, les ministres et les députés passent dans les mêmes routes et en sont conscients. Moi, je ne peux pas garder mon véhicule, ma seule source de revenus », a déclaré Alexis Konda, propriétaire d’un bus de transport en commun.

Pour certains, c’est la crainte de perdre son travail qui l’a poussé à défié l’appel.

« Je ne pouvais pas obéir à la Société civile de peur de perdre mon boulot. Nous sommes deux chauffeurs pour ce seul bus et si je n’ai pas travaillé, mon patron le donne à son petit frère. Est-ce que c’est lui qui pourra nourrir mes enfants ? Moi, je n’ai pas d’autre occupation et la Société civile n’a pas de postes pour embaucher les chauffeurs qui seront virés aujourd’hui (…) C’est bon l’appel mais… », a justifié Robert Kahasha, chauffeur et membre de l’ACCO Kadutu.

Pour d’autres encore, les actions de la société civile sont fondées mais la faute aux autorités compétentes qui n’y répondent guère.

« Ce n’est pas la première fois qu’on appelle à des actions de ce genre. Les autorités de notre pays n’ont pas de souci et, quoique la société civile fasse, sans la volonté des politiciens, nous n’aurons jamais de solution. Mais, il ne faudra pas abandonner la lutte », a déploré un Michel, chauffeur privé.

Il sied de souligner que la Société civile du Sud-Kivu dénonce, à travers cette action, la dégradation des routes en province.

L’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) n’a pas partagé cet avis avec les organisateurs et, après une concertation avec le gouverneur de province, l’ACCO a appelé les chauffeurs au rejet de l’appel.

Le gouverneur de province, Claude Nyamugabo, a rejeté la requête de la société civile. Dans sa déclaration à la presse, il a annoncé la reprise des travaux de réhabilitation de quelques tronçons routiers en province.

Marie-Louise Nsimire

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